Description du lieu patrimonial
La maison Morisset, classée en 1962, est une ancienne maison de ferme d'esprit français construite avant 1699 et agrandie avant 1727. Cette habitation de pierre allongée et basse, peu dégagée du sol, est coiffée d'un toit aigu à deux versants, retroussé sur un côté. Outre la maison, la désignation inclut le terrain et ce qui s'y trouve. La demeure est située dans la municipalité de Sainte-Famille, à l'île d'Orléans.
La maison Morisset fait partie de l'arrondissement historique de l'Île-d'Orléans.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Morisset repose sur sa représentativité en tant que maison de ferme d'esprit français. Ce type d'habitation est caractérisé, entre autres, par un carré bas et peu dégagé du sol, un toit aigu à deux versants, des ouvertures disposées asymétriquement et des fenêtres à petits carreaux. La cheminée centrale constitue un élément présent dans de nombreuses demeures anciennes de la région de Québec et des régions avoisinantes. La maison Morisset a été construite en deux étapes, comme c'est souvent le cas. Les poutres du plafond de la partie plus ancienne sont équarries à la hache et demeurent apparentes, tandis que les plafonds de la partie plus récente sont à caissons. Cette maison conserve plusieurs de ses planchers de bois d'origine. Par ailleurs, elle se distingue par ses murs pignons entièrement en pierre. Ainsi, la maison Morisset témoigne, d'une part, du savoir et du savoir-faire des maçons et charpentiers de la Nouvelle-France et, d'autre part, de modifications couramment apportées aux habitations rurales remontant à cette époque.
La valeur patrimoniale de la maison Morisset repose aussi sur son intérêt ethnologique. La demeure a conservé, en effet, certains éléments qui contribuent à retracer les modes de vie aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment un escalier de meunier (sans contremarches et dont l'inclinaison est presque verticale) donnant accès aux combles, des armoires encastrées, un âtre comprenant un four à pain ainsi que deux potences, l'une en fer forgé et l'autre en bois. La petite fenêtre à l'est du mur nord indiquerait l'emplacement d'une ancienne laiterie intérieure. L'âtre est conçu à la fois pour chauffer la maisonnée et pour la cuisson des aliments. Le four à pain, dont l'ouverture est percée dans l'une des parois latérales du foyer, est assez vaste pour cuire une vingtaine de miches à la fois. Il donnait ainsi la possibilité de faire une seule fournée par semaine. La potence fixe en fer, reliée à la paroi de la cheminée, servait à suspendre les chaudrons directement au-dessus du feu; celle à pivot en bois, aussi appelée brimbale, permettait de les garder au chaud près du feu et de les retirer plus facilement. Tous ces éléments témoignent donc de pratiques courantes de la vie rurale d'autrefois, aujourd'hui tombées en désuétude.
La valeur patrimoniale de la maison Morisset repose en outre sur son ancienneté et son intérêt historique. L'habitation témoigne de l'établissement des premiers colons à l'île d'Orléans. L'île est concédée en seigneurie en 1636 et accueille ses premiers colons dès 1648. Selon toute vraisemblance, la première partie de la maison aurait été construite avant 1699 par Jean Morisset (1641-1699), puis agrandie avant 1727 par son fils Jeancien (1687-1727). La demeure appartient à la famille Morisset jusqu'en 1758, moment où Joseph Beaucher dit Morency (né en 1734) en prend possession. Des membres de la famille Morency en sont ensuite propriétaires durant près de deux cents ans.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.
Éléments caractéristiques
Les caractéristiques de l'implantation de la maison Morisset comprennent, notamment :
- sa situation en milieu rural, loin de la voie publique;
- l'environnement agricole et la végétation composée principalement de feuillus;
- l'orientation de la façade principale vers le sud;
- le point de vue sur le fleuve Saint-Laurent et la Côte-de -Beaupré.
Les caractéristiques de la maison Morisset liées à sa représentativité comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire allongé, le carré bas et peu dégagé du sol, l'élévation d'un étage et demi ainsi que le toit aigu à deux versants, l'un étant légèrement retroussé;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de pierre incluant celle des pignons, la cheminée centrale en pierre, la couverture en bardeaux de cèdre et les chambranles en bois;
- ses ouvertures peu nombreuses et disposées asymétriquement, dont les fenêtres à battants et à 24 petits carreaux, les trois lucarnes de la façade avant, la lucarne de la façade arrière, la petite fenêtre à quatre carreaux du pignon ouest et celle à l'est du mur nord;
- les éléments de la charpente du toit, dont les croix de Saint-André visibles dans les combles;
- ses éléments intérieurs, dont les planchers en bois, les poutres en bois équarries à la hache (apparentes au plafond de la partie plus ancienne) ainsi que le plafond à caissons de la partie plus récente.
Les caractéristiques de la maison Morisset liées à son intérêt ethnologique comprennent, notamment :
- l'âtre comportant un four à pain, une potence en bois et une potence en fer;
- l'escalier de meunier et les armoires encastrées.