Description du lieu patrimonial
Le moulin à vent Fleming, classé bien archéologique, est un moulin à farine construit en 1827. La tour de forme tronconique haute de cinq étages est constituée d'une épaisse maçonnerie de pierre. Elle est coiffée d'un toit semi-sphérique, d'où se déploient d'un côté une hélice formée de quatre longues pales et, à l'opposé, une structure semi-circulaire protégeant une roue. Ce moulin à vent s'élève au centre d'un parc planté d'arbres matures, à proximité du fleuve Saint-Laurent, dans l'arrondissement municipal LaSalle de la ville de Montréal.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du moulin à vent Fleming repose sur son intérêt historique. Ce moulin privé est lié à l'un des plus importants procès de l'histoire du droit seigneurial au Canada. Le régime seigneurial imposait, en effet, aux seigneurs l'obligation de construire un moulin pour leurs censitaires, qui devaient en contrepartie y faire moudre leur grain et payer un droit de mouture, nommé droit de banalité. Les seigneurs étaient les seuls autorisés à exploiter un moulin dans les limites de leur seigneurie. Contrevenant à cette disposition, l'immigrant écossais William Fleming (1786-1860) fait construire, en 1815, un premier moulin, où il moud non seulement de l'orge et du riz pour les brasseurs des environs, mais aussi du blé pour des censitaires des Sulpiciens, seigneurs de l'île de Montréal. S'ensuit une guérilla judiciaire qui dure de 1816 à 1825 et se termine par l'abandon des procédures par le Séminaire. Par la suite, Fleming fait construire le moulin actuel par le maçon William Morrison en 1827. Ce moulin évoque ainsi l'opposition ouverte de plusieurs immigrants britanniques à certains principes du droit seigneurial.
La valeur patrimoniale du moulin à vent Fleming repose aussi sur sa représentativité par rapport à un type de bâtiment industriel, le moulin à farine. Ce bâtiment témoigne d'une ancienne technologie utilisée dans la vallée du Saint-Laurent de la fin du XVIIe siècle jusque dans les premières décennies du XXe siècle. Le moulin à vent utilise la force éolienne captée par des ailes fixées à un arbre, dont le mouvement de rotation est transmis aux meules par un engrenage. Afin de tirer profit des vents dominants, les constructeurs de moulins recherchent des emplacements bien dégagés. Le moulin Fleming, construit aux abords du fleuve Saint-Laurent, est conçu selon des traditions européennes et reprend une technologie séculaire. C'est cependant l'unique représentant au Québec du moulin-tour de type britannique. Le moulin à vent de Grande-Bretagne se distingue de celui de tradition française par ses dimensions plus considérables et par le mécanisme qui sert à orienter les ailes. Ce dernier est constitué d'un câble, accessible à partir d'une galerie ceinturant la tour, qui active un volant faisant pivoter la calotte. Même s'il ne possède plus ses mécanismes intérieurs, le moulin Fleming, par sa tour en pierre haute de cinq étages ainsi que sa calotte sphérique et ses accessoires extérieurs reconstitués, est à la fois représentatif de la technologie des moulins à vent et unique au Québec par ses éléments d'inspiration britannique.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les caractéristiques du moulin à vent Fleming liées à sa représentativité incluent, entre autres :
- sa situation sur un terrain plat, près du fleuve Saint-Laurent;
- ses éléments rattachés au moulin-tour britannique, dont la forme tronconique très large à la base, l'élévation de cinq étages, les traces des crampons maintenant autrefois le revêtement de planches verticales, les traces des ouvertures servant à ancrer les poutres de la galerie ceinturant la tour au premier étage et les cinq niveaux d'ouvertures.
Juridiction
Québec
Autorité de reconnaissance
Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine
Loi habilitante
Loi sur les biens culturels
Type de reconnaissance
Bien archéologique classé
Date de reconnaissance
1983/01/13