Description du lieu patrimonial
L'église de Saint-Jean-Baptiste, classée monument historique, est un lieu de culte de tradition catholique érigé de 1881 à 1886. L'édifice en pierre de taille lisse et à bossage de deux étages présente un plan en croix latine composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux, d'un transept et d'un choeur en saillie terminé par une abside en hémicycle. Il est coiffé d'un toit à deux versants droits couvert de cuivre. Sa façade d'influence Second Empire, dotée d'un porche dans-oeuvre, d'ouvertures cintrées et d'une rose, est surmontée d'un clocher couronné d'une flèche conique. Elle est encadrée de deux tours disposées en retrait et coiffées d'un toit en pavillon. Un clocheton se trouve à la croisée du transept. Des chapelles en hémicycle sont disposées contre les longs-pans, et des tourelles d'escaliers s'adossent aux extrémités du transept. Deux sacristies encadrent l'abside. Le bâtiment occupe un terrain en pente inséré dans une trame urbaine dense. Un parvis dégage la façade principale, tandis que la façade latérale sud borde la rue Saint-Jean. L'église est située dans l'arrondissement municipal de La Cité de la ville de Québec. Un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
L'orgue de l'église de Saint-Jean-Baptiste est classé oeuvre d'art.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Jean-Baptiste repose sur son intérêt architectural. Cette église est un exemple remarquable de l'influence des principes et des formes du style Second Empire sur l'architecture religieuse québécoise. Construite à partir de 1881, à la suite d'un incendie ayant ravagé le faubourg Saint-Jean, elle a été conçue par l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903). La façade est une adaptation assez fidèle de celle de l'église de la Trinité à Paris, érigée de 1861 à 1867 selon les plans de Théodore Ballu (1817-1885). Le porche dans-oeuvre à arcades, la rose encadrée de deux fenêtres cintrées, les pilastres divisant la partie centrale de la façade en trois travées et les multiples niches sont inspirés de l'église parisienne. La forme conique de la flèche du clocher montre plutôt l'influence de l'architecture des châteaux français, qui se fait sentir à Québec à la fin du XIXe siècle. Les modèles et les formes choisies, par leur caractère historique, classique et français, montrent la volonté de l'architecte et des paroissiens de faire de l'édifice, servant notamment de point de ralliement à la Société Saint-Jean-Baptiste, un symbole du nationalisme canadien-français. Tout comme l'Hôtel du Parlement, l'église de Saint-Jean-Baptiste veut imposer une image française dans la capitale. Le lieu de culte constitue en outre l'un des chefs-d'oeuvre de Peachy.
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Jean-Baptiste repose également sur l'intérêt de son intérieur. Le décor témoigne de l'intégration d'éléments d'esprit français à la tradition architecturale religieuse québécoise. L'organisation de la nef, constituée d'un vaisseau central et de collatéraux réunis sous un même toit et séparés par une rangée de piliers qui portent les tribunes, s'inscrit dans cette tradition. Toutefois, Peachy s'inspire aussi de l'église de la Trinité à Paris. Le choeur profond encadré de deux sacristies et la disposition des escaliers donnant accès aux tribunes latérales, par exemple, illustrent cette influence. De même, plusieurs détails décoratifs, tels que les niches des piliers de la tribune arrière, reproduisent ceux de l'église de Ballu ou d'autres églises françaises. Peachy associe librement ces formes et crée des effets inédits dans l'architecture au Québec. Ainsi, les ornements traités de façon sculpturale servent à articuler l'espace plutôt qu'à détailler les surfaces. La polychromie et les rehauts en trompe-l'oeil accentuent l'opulence du décor. Les vitraux et les pièces de mobilier, ajoutés graduellement jusque vers 1928, s'intègrent par la richesse de leur ornementation et des matériaux employés. L'église de Saint-Jean-Baptiste protège en outre un orgue classé oeuvre d'art, réalisé par Napoléon Déry (1843-1908) et agrandi par la maison Casavant.
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Jean-Baptiste repose aussi sur son importance dans le paysage. L'église est orientée dans un axe est-ouest, imposé par la topographie accidentée. Insérée dans une trame urbaine dense, elle présente une unité avec son environnement bâti, dont une large part lui est contemporaine. Plusieurs des édifices environnants sont également l'oeuvre de Peachy, ce qui crée une certaine harmonie stylistique. Par sa situation et sa verticalité, l'édifice surplombe la basse-ville et domine le faubourg Saint-Jean-Baptiste, constituant un point de repère important. Mise en valeur grâce au parvis, la façade monumentale est tournée vers l'ouest, répondant à une tradition séculaire, tandis que les façades latérales assurent la continuité visuelle de la rue.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Jean-Baptiste liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux, d'un transept et d'un choeur en saillie terminé par une abside en hémicycle, le toit à deux versants droits couvert de cuivre, le clocheton à la croisée du transept, les tourelles d'escaliers ainsi que les chapelles en hémicycle;
- les composantes de la façade en pierre de taille lisse et à bossage, dont la section centrale divisée en trois travées par des piliers et des pilastres, le porche dans-oeuvre à arcades cintrées, le clocher élancé situé sur le faîte à l'avant (doté d'une base carrée à ouvertures cintrées, d'une chambre des cloches circulaire ornée de colonnes engagées et d'une flèche conique surmontée d'une croix), les tours carrées disposées en retrait (coiffées d'un toit en pavillon et percées de portes rectangulaires ou en arc surbaissé), les fenêtres cintrées (certaines composées de deux lancettes surmontées d'un oculus et d'écoinçons ajourés), la rose centrale, les oculi, les cordons, les niches (certaines surmontées d'un fronton), les acrotères, les arcatures, les chaînes d'angle et les chambranles en pierre de taille lisse;
- les composantes des longs-pans et du choeur, dont la maçonnerie en pierre à bossage, le soubassement en pierre de taille lisse, les fenêtres cintrées composées de deux lancettes, d'un oculus et d'écoinçons ajourés (dont certaines à deux niveaux), les oculi, les arcatures, les portes à panneaux à double vantail surmontées d'un tympan cintré vitré, la corniche, les chaînes d'angle et les chambranles en pierre de taille lisse;
- les composantes des sacristies, dont l'élévation d'un étage, les murs en pierre à bossage, la couverture en cuivre, le pignon, l'oculus, les fenêtres cintrées, la porte à double vantail ainsi que les chambranles en pierre de taille lisse.
Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Jean-Baptiste liés à l'intérêt de son intérieur comprennent, notamment :
- le décor architectural polychrome, dont la fausse voûte en plein cintre du vaisseau central (ornée notamment d'arcs doubleaux, de nervures et de motifs végétaux), les fausses voûtes en plein cintre des collatéraux (ornées de nervures et d'arcs doubleaux retombant sur des culots ainsi que de clefs de voûte pendantes), le baldaquin doré (orné d'anges agenouillés sur des consoles à volute ainsi que de motifs végétaux), les tribunes latérales (soutenues par des piliers massifs surmontés d'un faisceau de colonnettes et dotées d'un garde-corps à arcature), la tribune arrière logeant l'orgue, les boiseries du choeur et de la nef ainsi que les médaillons;
- le mobilier liturgique, dont le maître-autel et son retable (composé notamment d'un arc en plein cintre, d'une mosaïque, de colonnes engagées, d'un entablement, d'un dôme, d'acrotères et de médaillons), les autels latéraux, la chaire en marbre (composée de la cuve polygonale ornée de colonnettes engagées et de têtes d'anges en espagnolette et soutenue par une colonne, de l'abat-voix en forme de dôme soutenu par un ange et couronné d'un ange à la trompette ainsi que de l'escalier courbe au garde-corps plein orné de pilastres et de têtes d'anges en espagnolette) ainsi que la table de communion;
- les vitraux.
Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Jean-Baptiste liés à son importance dans le paysage comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain accidenté, dans un axe est-ouest, la façade principale tournée vers l'ouest;
- son insertion dans une trame urbaine dense, surplombant la basse-ville et dominant le faubourg Saint-Jean-Baptiste.