Description du lieu patrimonial
Le lieu historique national du Canada Fort-Saint-Jean est situé au bord de la rivière Richelieu, à environ 40 kilomètres au sud-est de Montréal, à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec. Construit au XVIIIe siècle, les vestiges des remparts du fort subsistent encore, y compris des fondations en maçonnerie, les empreintes des pieux, ainsi que les fosses de palissade. De plus, les vestiges du fort de 1776 sont bien visibles aujourd’hui sur le terrain, particulièrement les deux bastions. Les limites du lieu correspondent aux contours au sol des forts construits en 1748 et en 1775-1776.
Valeur patrimoniale
Le fort Saint-Jean a été désigné lieu historique national du Canada en 1923 pour les raisons suivantes :
- il y a un rapport entre ce fort et le fort construit en 1748 par l'ingénieur Chaussegros de Léry sous les ordres du gouverneur La Galissonière. Le fort constituait alors le point de rendez-vous de toutes les expéditions militaires à destination du lac Champlain;
- le fort ayant été démoli par le commandant de Roquemaure le 31 août 1760, le gouverneur Carleton le fit reconstruire en 1775;
- en 1775, le fort actuel a soutenu un siège de 45 jours dirigé par le général Montgomery pendant l'invasion américaine.
Entre 1665 et 1666, les Français érigent un ensemble de cinq forts le long de la rivière Richelieu, afin de contrer les attaques des Iroquois. Construit en 1666 et abandonné en 1672, l’emplacement du premier fort Saint-Jean est encore à ce jour inconnu. Ce fort intéresse à nouveau les Français suite à la fin de la Guerre de Succession d’Autriche en 1748. Au cours de cette même année, la construction d’un nouveau fort à Saint-Jean est entreprise par l’ingénieur Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry fils. Le fort est constitué d’une palissade en pieux d’une hauteur moyenne de 3,5 à 4 mètres (12 à 13 pieds), flanquée d’un bastion à chaque angle où se trouvent quelques embrasures à canons. À l’exception des fondations qui sont en maçonnerie, toutes les composantes du fort sont alors en bois.
En 1760, les Français abandonnent le fort en le brûlant, mais la banlieue du fort reste prisée en raison de son emplacement stratégique sur la route vers Montréal. Lors de la Révolution américaine en été 1775, le fort est reconstruit à nouveau pour faire face aux tirs de canons de l’invasion américaine. Conçu d’après le modèle de Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, le fort soutint un siège de 45 jours dirigé par le général américain Richard Montgomery. À la suite du soulèvement de 1837, de nouvelles fortifications furent établies sur l'emplacement du fort. Ces bâtiments constituent le cœur du Collège militaire royal de Saint-Jean depuis 1952.
Sources: Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès-verbal, 1923, novembre 2008.
Éléments caractéristiques
Parmi les éléments clés contribuant à la valeur patrimoniale du lieu, notons :
- son emplacement en surplomb de la rivière Richelieu;
- les vestiges du second fort érigé en 1748, son bastion sud-ouest, une partie des fondations en maçonnerie du bastion nord-est, une partie de la tranchée de la palissade de la courtine nord, et du lien entre celle-ci et une fosse située plus à l’ouest;
- une section de la tranchée de palissade de la courtine ayant été découverte, ainsi qu’une collection d’artefacts témoignant de l’utilisation historique du fort;
- les vestiges du fort de 1776, comprenant les remparts de terre ceinturant le site, ainsi qu’une fosse à goudron traversant la partie désaffectée du fossé défensif de la redoute sud, liée au fort de 1776, également découverte;
- les points de vue sur la rivière Richelieu depuis le fort;
- les vestiges archéologiques in-situ des deux forts et du siège, dans leur emplacement, leur forme et leurs matériaux, ainsi que des artéfacts retirés de ces sites dans un état intact et documenté.