Description du lieu patrimonial
Le site historique de Rapide-Danseur, classé en 1985, est un ensemble religieux aménagé à partir de 1941. La désignation s'applique à l'église de la mission de Saint-Bruno, au presbytère ainsi qu'au terrain, qui borde la rivière Duparquet. L'église en pierre présente une nef de plan rectangulaire prolongée par une abside en hémicycle plus étroite, un toit à deux versants droits à forte pente ainsi qu'un clocher reposant sur le faîte en façade. Le presbytère en bois, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants retroussés percé d'une grande lucarne en façade et formant des avant-toits au-dessus des galeries avant et arrière. Le site historique se situe sur un affleurement rocheux, en bordure de la rivière Duparquet, dans la municipalité de Rapide-Danseur.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du site historique de Rapide-Danseur repose sur son intérêt pour l'histoire de l'Abitibi. L'endroit est d'abord un lieu de passage dans le cadre du commerce de la fourrure. Dès 1660, les explorateurs et les commerçants français empruntent les rivières de l'Abitibi afin d'accéder à la baie d'Hudson pour s'approvisionner en fourrure et défendre leurs intérêts. Le voyage depuis Montréal dure environ un mois et compte quelque 140 portages, dont celui du rapide Danseur. Plus tard, soit à partir de 1917, l'emplacement est utilisé pour le flottage du bois. Les billes sont empilées sur la glace de la rivière Duparquet durant l'hiver. Au moment de la débâcle, des draveurs facilitent leur passage au rapide Danseur et les assemblent en radeaux. Elles descendent la rivière jusqu'au lac Abitibi, puis sont expédiées vers les scieries. Le site illustre enfin la période de la colonisation dirigée des années 1930 et 1940. La crise économique provoque une hausse importante du taux de chômage dans les centres urbains. Les gouvernements provincial et fédéral élaborent des plans de colonisation dans le but de désengorger les villes et de fournir un moyen de subsistance aux milliers de sans-emploi. Ces plans, dont ceux des ministres Wesley Ashton Gordon (1932) et Irénée Vautrin (1935), encouragent matériellement et financièrement l'implantation de chômeurs dans les régions rurales du Québec telles que l'Abitibi. La municipalité de Rapide-Danseur prend forme à cette époque. Les colons défrichent leur terre pendant l'été et travaillent dans les chantiers pendant l'hiver. Le site historique de Rapide-Danseur témoigne donc à la fois de la traite de la fourrure, du flottage du bois et de la colonisation dirigée, trois étapes importantes de l'histoire de l'Abitibi.
La valeur patrimoniale du site historique de Rapide-Danseur repose aussi sur l'intérêt architectural de l'église et du presbytère. Ceux-ci constituent de bons exemples de l'architecture populaire qui caractérise les régions de colonisation récente comme l'Abitibi. Les deux édifices sont conçus par Charles-Auguste Dion, premier curé résidant de Rapide-Danseur, qui ne possède pas de formation en architecture. Ils sont érigés lors de corvées effectuées par les colons, sous la supervision d'ouvriers spécialisés. Chacun offre des journées de travail ou un montant d'argent. En raison des ressources financières limitées de la communauté, les principaux matériaux sont pris sur place (pierre, bois, sable) ou encore récupérés (fer). L'église présente une nef de plan rectangulaire prolongée par une abside en hémicycle plus étroite, un toit à deux versants droits à forte pente ainsi qu'un clocher reposant sur le faîte en façade. Pour le presbytère, le curé s'inspire librement de l'architecture vernaculaire québécoise, soit de la maison traditionnelle du XIXe siècle. Le bâtiment en bois de plan rectangulaire, à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants retroussés percé d'une grande lucarne en façade et formant des avant-toits au-dessus des galeries avant et arrière. La construction de l'église et du presbytère constitue un exemple de la survivance des corvées, une tradition autrefois largement répandue au Québec.
La valeur patrimoniale du site historique de Rapide-Danseur repose également sur la qualité paysagère de son emplacement. Le site borde un étranglement de la rivière Duparquet connu sous le nom de rapide Danseur. De part et d'autre de ce rapide, le terrain forme un affleurement rocheux. L'église et le presbytère sont érigés sur une pointe de terre entourée d'eau sur trois côtés. Les extrémités du rapide offrent de larges vues vers le site.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du site historique de Rapide-Danseur liés à son intérêt architectural comprennent, entre autres :
- les caractéristiques de l'église, dont la nef de plan rectangulaire, l'abside en hémicycle plus étroite, le toit à deux versants à forte pente couvert de tôle, le clocher reposant sur le faîte en façade, le perron monumental menant à l'entrée surélevée et ses escaliers latéraux, l'accès au sous-sol à l'avant avec ses deux baies à arc en mitre, la structure en pierre des champs (aussi dite de moraine) laissée apparente, les fenêtres à arc brisé comportant des plates-bandes clavées en pierre et des appuis, l'entrée comportant une porte à deux vantaux surmontée d'une imposte à arc brisé vitrée, la croix en pierre en relief ornant la façade;
- les caractéristiques du presbytère, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, la structure en bois lambrissée de panneaux d'amiante-ciment, le solage en pierre, le toit à deux versants retroussés couvert de tôle percé d'une grande lucarne en façade et formant des avant-toits au-dessus des galeries avant et arrière de pleine largeur ainsi que l'avancée du mur;
- la passerelle reliant l'église et le presbytère.
Les éléments clés du site historique de Rapide-Danseur liés à la qualité paysagère de l'emplacement comprennent, entre autres :
- le terrain formant un escarpement rocheux en bordure d'un étranglement de la rivière Duparquet connu sous le nom de rapide Danseur;
- la situation de l'église et du presbytère sur une pointe de terre entourée d'eau sur trois côtés;
- la relation entre les éléments bâtis et leur environnement;
- les larges vues depuis les extrémités du rapide vers le site.