Description du lieu patrimonial
L'arrondissement historique de Québec, décrété en 1963 et agrandi en 1964, est un territoire urbain d'environ 135 hectares. Il est composé de deux secteurs distincts, une partie haute sur le promontoire du cap Diamant et une partie basse sur une bande de terre entre la falaise, la rivière Saint-Charles et le fleuve Saint-Laurent, à l'endroit même où ce cours d'eau se fait plus étroit. Il comprend près de 1400 bâtiments construits à partir du XVIIe siècle qui forment un paysage architectural diversifié évoquant ses principales fonctions, commerciale, culturelle, financière, institutionnelle, militaire, religieuse et résidentielle. L'arrondissement témoigne de quatre siècles d'architecture et compte des immeubles d'inspiration française, des édifices d'esprit palladien et néoclassique ainsi que des bâtiments d'influence plus éclectique.
De forme irrégulière, le périmètre de l'arrondissement historique est approximativement délimité par le fleuve Saint-Laurent, les rues Saint-André et Saint-Paul, les secteurs du Palais de l'intendant et de l'îlot Fleurie, la rue Saint-Vallier Est, la côte d'Abraham, et par une ligne imaginaire passant entre l'Hôtel du Parlement et les remparts qui se poursuit jusqu'à la falaise et le fleuve. L'arrondissement est inclus dans l'arrondissement municipal de La Cité. Il englobe la ville fortifiée située dans le quartier Vieux-Québec-Haute-Ville, ainsi que certaines portions des quartiers Vieux-Québec-Basse-Ville, Cap-Blanc (à l'ouest) et Saint-Roch (au nord). Il compte plusieurs biens culturels classés ou reconnus. De nombreux sites archéologiques connus, témoignant de la présence amérindienne et euroquébécoise, sont également associés au lieu.
L'arrondissement historique de Québec est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose sur son importance historique. Berceau de la civilisation française en Amérique, ce territoire urbain possède une densité historique remarquable et de nombreux repères mémoriels. Fréquenté par les Amérindiens depuis des millénaires, Québec est fondé en 1608 par l'explorateur français Samuel de Champlain (vers 1570-1635). De comptoir de traite, le lieu devient la capitale de la Nouvelle-France en 1663. Conquis en 1759, il est le siège administratif de la nouvelle colonie britannique (1763), puis une cité parlementaire (1791). En 1871, la garnison britannique quitte la ville. À l'initiative de Lord Dufferin (Frederick Temple Blackwood, 1826-1902), alors gouverneur général du Canada, le Vieux-Québec est graduellement perçu comme un lieu de mémoire national. Depuis, son caractère de cité-forteresse est mis en valeur et ses réaménagements s'inscrivent dans une continuité significative. L'arrondissement est aujourd'hui le centre historique et touristique de la capitale du Québec et le haut-lieu de l'Amérique française.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose aussi sur l'intérêt de son paysage urbain. Né d'une adaptation à la topographie du site, il se distingue par ses deux ensembles hiérarchisés, l'un à la haute-ville et l'autre à la basse-ville. La partie haute est structurée par son cadre institutionnel et par ses fortifications, avec la citadelle érigée sur le point culminant du cap Diamant, qui témoignent avec éloquence de l'aménagement des villes coloniales fortifiées et forment de loin l'exemple le plus complet préservé en Amérique du Nord. La partie basse, commerciale et portuaire, est enclavée entre la falaise et le fleuve. L'arrondissement se distingue aussi par son parcellaire varié, ses percées visuelles et ses vastes panoramas qui englobent parfois les environs ainsi que par la diversité de ses repères bâtis et naturels. La trame urbaine ancienne, au rythme et à la physionomie contrastée, est formée par le réseau initial des rues (radioconcentrique et orthogonal) et ponctuée de places qui témoignent de la période française. Certains aménagements réalisés depuis 1875 valorisent ses origines françaises.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose également sur son intérêt architectural. On y trouve quelques-uns des exemples les plus achevés de l'architecture québécoise, notamment des XVIIIe et XIXe siècles. Le patrimoine bâti témoigne du caractère urbain de Québec et représente ses principales fonctions : commerciale, culturelle, financière, institutionnelle, militaire, religieuse et résidentielle. La concentration de bâtiments d'inspiration française est exceptionnelle. L'architecture postérieure à 1790, inspirée de l'architecture palladienne et néoclassique, marque aussi profondément le paysage. Quant à l'architecture plus éclectique d'après 1850, elle puise à la fois aux sources contemporaines britanniques, françaises et à celles des États-Unis. L'arrondissement compte plusieurs oeuvres d'architectes célèbres qui ont marqué l'histoire de l'architecture québécoise et en font la richesse. La mise en valeur de l'arrondissement, après 1960, s'est accompagnée de plusieurs reconstitutions historiques.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose en outre sur son intérêt archéologique. Il renferme 470 sites connus qui témoignent de l'occupation humaine du lieu depuis la présence amérindienne et des modes de vie de ses habitants. L'époque de la Nouvelle-France est particulièrement bien représentée. Les traces d'occupation attestent l'importance stratégique de Québec comme lieu d'établissement, tant d'un point de vue militaire et politique que commercial. Ce territoire est l'un des mieux documentés en matière d'archéologie en Amérique du Nord et le plan d'aménagement de l'arrondissement intègre le volet archéologique, grâce à une très bonne connaissance de son potentiel.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de l'arrondissement historique de Québec liés aux valeurs historique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation dans l'arrondissement municipal de La Cité, sur le promontoire du cap Diamant et sur une bande de terre entre la falaise, la rivière Saint-Charles et le fleuve Saint-Laurent;
- ses 470 sites archéologiques connus permettant de retracer l'occupation humaine du lieu;
- ses portions intactes offrant un potentiel archéologique;
- ses monuments et ses sites historiques.
Les éléments clés liés à l'intérêt de son paysage urbain comprennent, notamment :
- ses deux ensembles hiérarchisés, nés de la topographie du site, celui de la partie haute structuré entre autres par son cadre institutionnel et par ses fortifications et celui de la partie basse marqué notamment par un noyau commercial et portuaire;
- ses fortifications, dont les remparts, la citadelle sur le point culminant du cap Diamant, les casernes et les redoutes;
- son parcellaire varié, dont les grands îlots institutionnels de la partie haute, les petits lots carrés majoritairement résidentiels comblant l'espace entre les grands îlots dans la partie haute et bordant la falaise dans la partie basse ainsi que des îlots au profil irrégulier;
- sa trame urbaine ancienne, au rythme et à la physionomie contrastés, dont le réseau initial des rues de plan orthogonal dans la partie basse et de plan radioconcentrique et orthogonal dans la partie haute, les voies d'accès à la partie haute naturelles à l'origine (parmi lesquelles la côte de la Montagne, la côte du Palais et la côte d'Abraham), le parcours sinueux de certains tracés anciens soumis à la topographie et les anciennes places;
- ses repères bâtis et naturels, dont le fleuve Saint-Laurent, le cap Diamant, la falaise et son boisé, la façade fluviale avec sa ligne de quais et une partie de ses rives couvertes de végétation, les édifices distinctifs à vocation institutionnelle ou commerciale, la terrasse, les portes des fortifications, les parcs, les places, les espaces publics et les monuments commémoratifs;
- ses vastes panoramas englobant parfois les environs et ses percées visuelles malgré l'étroitesse des rues.
Les éléments clés liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- ses édifices témoignant de différentes fonctions, notamment commerciale, culturelle, financière, institutionnelle, militaire, religieuse et résidentielle;
- ses bâtiments d'inspiration française caractérisés par les maçonneries portantes en moellons parfois crépies et chaulées, les élévations de deux ou trois étages, les toits aigus à versants droits ou à croupes souvent percés de lucarnes, les cheminées massives, les murs coupe-feu, les fenêtres à battants à petits carreaux, les chambranles en pierre taillée ainsi que l'ornementation sobre;
- ses bâtiments d'inspiration palladienne et néoclassique caractérisés par la symétrie des façades, les maçonneries portantes en pierre taillée, en moellons couvertes d'un crépi imitant la pierre de taille ou encore en brique, les élévations de trois ou quatre étages, les toits de pente moyenne à versants droits ou à croupes percés de lucarnes, l'ordonnance régulière des fenêtres à battants ou à guillotine et l'ornementation sobre puisant au répertoire classique;
- ses bâtiments érigés après 1850 caractérisés par leurs vocabulaires formels variés puisant notamment dans l'architecture victorienne, Second Empire et Beaux-Arts, les maçonneries (portantes ou de revêtement) en pierre ou en brique, les élévations souvent à trois ou quatre étages, les toits aux formes variées notamment à pignon, mansardés ou plats, l'ornementation souvent abondante et riche en pierre ou en bois;
- la mitoyenneté des constructions;
- les plans rectangulaires ou irréguliers épousant la forme des lots;
- les cours arrière accessibles par des portes cochères.