Description du lieu patrimonial
Le manoir Papineau se dresse sur le cap Bonsecours à Montebello (Québec), en surplomb de la rivière des Outaouais. Ce grand et imposant bâtiment en pierre est composé d’un volume central coiffé d’un toit en croupe à larges débords et percé de rangées de fenêtres à battant. Des tours coniques flanquent la façade qui donne sur la rivière. Une large véranda fait face au jardin. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.
Valeur patrimoniale
Le manoir Papineau est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.
Valeur historique
Le manoir Papineau est l’un des meilleurs exemples d’un édifice associé à Louis-Joseph Papineau, homme politique tenu pour premier chef nationaliste canadien-français et seigneur, qui conçut le manoir, le fit construire et fut le premier à l’habiter. L’édifice offre un excellent témoignage du régime seigneurial dans sa dernière phase, au XIXe siècle, lorsqu’il jouait un rôle appréciable comme siège des archives et bureau de la seigneurie de la Petite-Nation. Construit après l’emménagement définitif de Papineau à Montebello, le manoir et l’instauration de la seigneurie stimulèrent l’essor de la communauté locale. Le manoir est ensuite passé aux mains du Seignory Club, puis du Canadien Pacifique, avant d’être désigné comme lieu historique national du Canada en 1986. Il est géré par Parcs Canada depuis 1993.
Valeur architecturale
Le manoir Papineau se démarque par son esthétique exceptionnelle et sa bonne conception fonctionnelle. Son plan reflète la personnalité, les goûts et les ambitions de Louis-Joseph Papineau, dont les idées furent concrétisées par l’architecte Louis Aubertin. Apparentée aux villas néoclassiques, mais puisant aussi à divers registres stylistiques, cette imposante résidence en pierre comprend un bloc central flanqué de tours. Son architecture pittoresque est harmonieusement ancrée au paysage qui l’entoure. Elle présente plusieurs éléments inusités démontrant une réflexion poussée quant à l’utilisation stratégique des espaces, telle la bibliothèque située dans l’une des tours, à l’abri du feu. La haute qualité des matériaux et de l’exécution dénotent un raffinement propre aux maisons bourgeoises de l’époque. L’ensemble comporte plusieurs éléments particulièrement remarquables, dont l’escalier hélicoïdal, considéré comme la pièce maîtresse de l’intérieur.
Valeur environnementale
Le manoir Papineau affirme le caractère pittoresque actuel du domaine entier. Il jouit d’une forte présence symbolique, constitue un repère exceptionnel et attire de plus en plus de touristes.
Sources : Lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau (les édifices relevant de la juridiction de Parcs Canada), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche 01-087; Manoir Papineau, Montebello (Québec), Énoncé de la valeur patrimoniale 01-087.
Éléments caractéristiques
Les éléments suivants, qui définissent le caractère du manoir Papineau, devraient être respectés.
L’excellence de sa conception esthétique et la haute qualité des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire :
-le caractère pittoresque du manoir, qui tient de sa composition éclectique empruntant de diverses influences stylistiques, aussi bien française et Regency que de l’architecture québécoise traditionnelle, et sa volumétrie fortement articulée composée d’un volume central imposant, au toit en croupe tronqué à larges débords, d’une véranda et de quatre tours couronnées de toitures différenciées; certains détails, comme les meurtrières de la tour de la bibliothèque, contribuent au caractère de la résidence;
-les éléments néoclassiques de la composition, dont témoignent notamment la forme trapue du bloc central, la linéarité du bâti, le percement de cinq baies de la façade principale, la régularité de la fenestration et la symétrie fortement exprimée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur;
-la différenciation des façades avant et arrière : l’avant, très articulé, rappelle l’architecture domestique traditionnelle du Québec avec son toit à larges débords piqué de cheminées tandis que l’arrière est flanqué par des tours qui prêtent à l’ensemble un caractère monumental qui est accentué par l’emplacement de la maison, en surplomb de la rivière;
-la qualité des matériaux et des détails de finition extérieurs, notamment la balustrade ouvragée de la véranda et les boiseries autour des portes et des fenêtres;
-le balcon en fonte à l’effigie de la famille Papineau, témoignage historique éloquent de l’identité des principaux occupants du manoir;
-ce qui demeure du plan initial de la maison, particulièrement l’originalité de l’agencement des espaces qui découlait principalement du désir de tirer profit de la lumière naturelle et des vues sur le paysage environnant et dont résulte la luminosité et le caractère spacieux des intérieurs. C’est dans cette logique que le plan traditionnel a été modifié de façon à placer à l’arrière les espaces d’apparat et à dégager le large vestibule et le corridor afin d’orienter le regard vers la rivière. On a également tenté d’exploiter au maximum le coin sud-est, avec la tour de la serre abondamment fenêtrée. Les baies de porte en enfilade, traduisant une influence française, créent l’impression d’un grand espace;
-la qualité des intérieurs, avec le traitement différencié des pièces d’apparat au décor très élaboré et la sobriété des espaces à caractère plus privé; cette « discrimination esthétique » est notamment perceptible dans les éléments menuisés et plâtrés, ainsi que dans la quincaillerie;
-l’escalier hélicoïdal de la tour sud-ouest, remarquable ouvrage de menuiserie qui permet d’exclure la circulation verticale dans la partie principale de la maison;
-l’emplacement dominant du manoir sur le cap Bonsecours, lequel est renforcé par le cérémonial du parcours d’arrivée de l’allée seigneuriale; la transition d’un couvert végétal dense vers un dégagement mettant en évidence le manoir contribue à cet effet de progression;
-la relation entre le manoir et les aménagements environnants, conçus dans l’esprit de A.J. Downing, laquelle participe à la logique pittoresque de l’ensemble. Les vues depuis le manoir et en direction de celui-ci forment une composante essentielle de cette relation, tout comme les éléments de topographie, de végétation et de circulation.