Description du lieu patrimonial
Le lieu historique national du Canada du Phare-de-Pointe-au-Père est un centre d’aide à la navigation situé sur une pointe de terre s’avançant sur le fleuve Saint-Laurent, à la limite des eaux intérieures et de la mer ouverte. La station se caractérise par des bâtiments aux toits rouges et aux murs blancs, lesquels sont dominés par un phare en béton de 24 mètres de hauteur. La reconnaissance officielle inclut le troisième et le quatrième phare et les vestiges présumés des deux premiers, y compris les éléments paysagers, édifices et structures connexes tels que la maison du gardien et celle de l’assistant gardien, le bâtiment du criard de brume, un garage, le réservoir, la génératrice, le criard électronique et de nombreux vestiges évoquant la présence de la station depuis 1859.
Valeur patrimoniale
Le phare de Pointe-au-Père a été désigné lieu historique national du Canada en 1974, pour les raisons suivantes:
- à cause de son rôle historique à titre d’important centre de services de pilotage;
- parce qu’il a été un important feu pour la navigation dans le golfe et le fleuve.
Par sa situation géographique stratégique, le phare de Pointe-au-Père s’est révélé être un lieu privilégié pour les pilotes du Saint-Laurent dès les premières années du XIXe siècle. La station connue, sur plus d’un siècle d’opération, une évolution constante qui débuta avec la construction du premier phare en 1859, remplacé peu de temps après, suite à un incendie. En 1909, le troisième phare est construit dans un effort de modernisation avant que le Ministère des transports entame, dans les années 1960, une opération d’automatisation des phares, ce à quoi la station de Pointe-au-Père n’échappe pas. Par ailleurs, plusieurs infrastructures s’ajoutèrent, en fonction des nouvelles tâches déléguées au Phare de Pointe-au-Père au cours des différentes phases d’exploitation. Il abrita une station des relevés des marées et des courants, de 1894 à 1985, devint l’hôte de la station de pilotage pendant une cinquantaine d’années, durant lesquelles il prit à sa charge une partie des activités reliées à la station de quarantaine de Grosse-Île, soit de 1923 à 1937.
La station de phare mit aussi à l’essai plusieurs moyens de communication favorisant l’aide à la navigation. Quelques années après l’élaboration du code international de drapeau, celui-ci était mis en application à Pointe-au-Père, plus tard on y implanta une station Marconi. La station de Pointe-au-Père a eu recours au simple canon, au signal à bombes explosives, puis en 1903, à l’édifice du signal de brume. Son implantation mena à l’expérimentation de deux types de signaux soit la sirène d’Écosse et sa version canadienne adaptée, le diaphone, et à l’essai des lampes à gaz acétylène. Au terme des observations, l’usage de celles-ci a été recommandé dans les phares et le diaphone fut le modèle adopté dans la plupart des phares au Canada dès 1904. Après 1972, c’est un signal sonore électronique qui a pris la relève au diaphone. En 1997, le poste d’aide à la navigation a été délaissé par Pêche et Océans Canada. La station fait aujourd’hui partie d’un ensemble patrimonial sous le nom de «Site historique maritime de la Pointe-au-Père».
Source : Énoncé d’intégrité commémorative, 2006.
Éléments caractéristiques
Parmi les caractéristiques qui confèrent au phare de Pointe-au-Père sa valeur patrimoniale, notons :
- la présence du phare à titre d’important centre de pilotage et d’important feu (station de phare) pour la navigation dans le golfe et le fleuve St-Laurent;
- la présence des principales composantes nécessaires au fonctionnement d’une station de phare;
- tous les bâtiments existants sont associés à la fonction de station de phare du lieu;
Les valeurs architecturales évoquant l’importance historique du site :
- le phare en béton de 1909 par sa proéminence, la rareté de sa structure en béton armé avec structure arc-boutée, ses huit contreforts, sa position par rapport aux éléments qui l’entourent, l’intégrité de l’escalier en colimaçon, sa quasi-unicité esthétique conservée après restauration, le porche d’entrée aménagé en façade et les fenêtres disposées à chaque niveau du phare selon l’agencement régulier, le dispositif de rotation et le prisme demeurés en place;
- la maison du gardien par sa forme et ses matériaux (bâtiment carré en bois de 2 étages surmonté d’un toit à quatre pentes en bardeau de bois);
- la maison de l’assistant gardien parce qu’elle est l’un des très rares exemples de maisons de gardiens érigés au début du XXe, et la seule au Québec avec un toit mansardé (toit mansardé à brisis doté de larmier, revêtement de bardeaux de bois et ses trois lucarnes à front-pignon qui se détachent sur le fond rouge de la toiture);
- le bâtiment du criard de brume par son caractère architectural d’origine toujours identifiable par des éléments en bois de forme simple et sa fenestration (bois, forme rectangulaire, parement en bardeaux en cèdre d’origine et toit à 2 versants).
Les éléments révélant l’importance historique de la situation géographique privilégiée du lieu :
- la configuration actuelle du site et les relations visuelles avec le fleuve permettent de comprendre les raisons de la sélection du site pour y établir une station d’aide à la navigation;
- le paysage marqué par un ensemble de bâtiments aux couleurs dominantes de rouge et de blanc, présentant des caractéristiques architecturales variant selon les époques et la présence du quai et de l’évocation de l’abri des pilotes;
- les points de vue considérés comme significatifs ( de la station vers le fleuve autant vers l’est, le nord et l’ouest, de la station vers le quai de Pointe-au-Père, sur le phare et la station à partir de la rue du Phare, de la rue du Phare à l’intersection de l’avenue du Père-Nouvel, vers le phare et la station, du quai (dans les limites de 1905) vers le phare et la station, à partir du sommet du phare.
Les éléments incarnant des témoignages de l’évolution du lieu :
- les vestiges présumés et localisés dans le secteur sud-ouest (secteur de l’ancienne station) et dans le secteur est, constituant les seuls témoins des deux premières phases de la station de phare, et l’association des vestiges du deuxième phare associés aux pilotes du Saint-Laurent;
- les bâtiments témoignant de la première phase de modernisation, dont le bâtiment du criard de brume, la plus ancienne construction du lieu, le phare en béton, symbole de l’histoire de la navigation fluviale au Canada, la maison de l’assistant gardien, tandis que celle du gardien et le garage témoignent d’une période plus récente de l’histoire du lieu;
- les bâtiments témoignant de l’automatisation de la station, y compris la tour à clair voie, le réservoir, la génératrice et le criard électronique;
- la collection archéologique et les objets retrouvés sur place témoignant de l’occupation du site sur toute la période d’occupation du XIXe au XXe siècle, y compris des outils d’aide à la navigation et des objets témoignant des efforts de modernisation, de Pointe-au-Père, et, par ricochet, des stations de phares canadiennes.