Description du lieu patrimonial
La maison Maillou est un pittoresque bâtiment en pierre de deux étages situé dans l’arrondissement historique de Québec. Sa forme vernaculaire simple, avec son toit pentu à deux versants et ses hautes cheminées, témoigne de ses origines françaises. Posée directement en bordure de la voie publique et dotée de dépendances logées dans une cour fermée par un mur en pierre, elle est un bel exemple de demeure urbaine du XVIIIe siècle. La désignation officielle vise la maison sise au 17, rue Saint-Louis, les deux dépendances en pierre de la cour et le mur de pierre qui les sépare de la rue. Le bâtiment abrite de nos jours les bureaux de la Chambre de commerce de Québec.
Valeur patrimoniale
La maison Maillou a été désignée lieu historique national du Canada en 1958 parce que:
- elle est un très bon exemple de l’architecture française au Canada;
- elle a été la résidence de plusieurs figures importantes;
- elle est associée à l’armée britannique depuis 1815.
Construite vers 1737 par Jean-Baptiste Maillou, la maison n’avait à l’origine qu’un seul étage. Elle a été haussée d’un étage en 1767, allongée au niveau du rez-de-chaussée en 1799, haussée d’un étage au niveau de l’allonge en 1805 et dotée d’une annexe postérieure entre 1828 et 1831, ce qui lui donna sa forme actuelle. La maison Maillou est typique de l’architecture domestique traditionnelle du régime français, un style qui est demeuré présent jusqu’au début du XIXe siècle, et elle est un bon exemple de résidence urbaine cossue du Bas-Canada. En 1830, alors que la maison était propriété de l’Armée britannique, les Royal Engineers ont construit deux dépendances, soit une écurie et un hangar ainsi qu'un mur de pierre. Disposées à l’intérieur d’une cour fermée, la maison et ses dépendances représentent un des rares exemples encore existants d’un groupe urbain typique des premières décennies du XIXe siècle.
La maison a été construite par Jean-Baptiste Maillou dit Desmoulins (1688-1753), qui l’a habitée jusqu’à sa mort. Sous le régime français, Maillou a été l’un des plus importants propriétaires fonciers de Québec et l’un des entrepreneurs en construction les plus prospères de l’époque. L’officier Louis Liénard de Beaujeu de Villemonde, propriétaire de la maison de 1754 à 1766, louait les lieux à d’autres officiers. Après la conquête par les Britanniques, le gouverneur militaire fit de la maison le lieu de rencontre du conseil militaire chargé de gouverner le territoire jusqu’à ce qu’un gouvernement civil puisse être mis en place. Le Conseil s’est réuni dans la maison de 1760 à 1764. Antoine Juchereau Duchesnay (1740-1806), qui a vécu dans la maison de 1766 à 1785 et qui lui a ajouté un étage, l’avait acquise de son beau-père Villemonde. Politicien et homme d’affaires prospère et influent, Duchesnay était également officier de l’armée et de la milice, membre du Conseil exécutif du Bas-Canada et seigneur de Beauport, Fossambault, Gaudarville et Saint-Roch-des-Aulnaies. John Mervin Nooth, qui a vécu dans la maison de 1785 à 1799, était surintendant des hôpitaux militaires de l’Amérique du Nord britannique. John Hale (1765-1838), qui a vécu dans la maison de 1799 à 1815, était paye-maître général adjoint des troupes britanniques, inspecteur général des comptes publics, membre du Conseil législatif de Québec, commandant de la milice, juge de paix pour Québec, Montréal et Trois-Rivières, et seigneur de Saint-Anne-de-la-Pérade. Il a construit un ajout d’un étage destiné à servir de bureau pour la Trésorerie de l’Armée britannique.
La Couronne a acquis la propriété en 1815 et y a installé les bureaux de l’Intendance, de la solde et des billets militaires de 1815 à 1871. La maison a accueilli les bureaux de l’administrateur en chef de l’Armée britannique et de la Trésorerie militaire, et après 1843, elle a servi de logement à des agents d’administration supérieurs. Après le départ des troupes britanniques du Canada en 1871, la maison a été le quartier général de la milice locale pendant près de soixante ans. Depuis, elle a abrité les forces de la réserve locale et la Chambre de commerce de Québec.
Sources : Commission des lieux et bâtiments historiques du Canada, Procès-verbaux, novembre 1958, mai 1960; Énoncé d’intégrité commémorative, 2003.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés associés à la valeur patrimoniale de la maison Maillou sont :
-le groupement des bâtiments sur la propriété : la maison et ses dépendances disposées à l’intérieur d’une cour fermée;
-la maison sur son tracé, en l’état, et sa masse de deux étages, en forme de “L”;
-les éléments d’architecture typiques des constructions urbaines domestiques du XVIIIe siècle à Québec, notamment le toit très incliné à deux versants avec petites lucarnes à pignon, les cheminées en pierre et leur localisation par rapport au faîte du toit, la construction en pierre de champ avec cadres et bandeau en pierre de taille, les cadres à feuillure des portes et fenêtres en bois dénotant l’utilisation de fenêtres doubles dès l’origine;
-la nature vernaculaire recherchée de la maison avec sa façade asymétrique, un héritage des agrandissements de 1799 et de 1805, et ses éléments du XIXe siècle, notamment une fenêtre vénitienne et des volets contrevents en fer;
-les vestiges du plan intérieur complexe et des éléments de finition, notamment les cloisons encore en place, les couloirs, la cage d’escalier et les niches, les vestiges de la grande chambre forte, la petite chambre forte et les détails des XVIIIe et XIXe siècles, les poutres, les boiseries, les manteaux de cheminée et la quincaillerie;
-les deux dépendances en appentis d’un étage avec leur configuration en “L”, et leur construction en pierre;
-le marqueur installé par le Board of Ordnance dans le coin du bâtiment nord-est;
-l’implantation et l’orientation des dépendances par rapport à la maison, à la cour et au mur en pierre;
-les vestiges archéologiques, notamment les fondations d’anciens bâtiments et les vestiges associés à l’utilisation du bâtiment comme Intendance (nombre et matériaux).