Description du lieu patrimonial
L'ancienne église de Saint-Pierre, classée en 1958, est un lieu de culte de tradition catholique construit de 1717 à 1719. La désignation inclut aussi la sacristie et le cimetière. L'église en pierre présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur terminé par une abside en hémicycle. Sa façade à pignon aigu, très simple, est percée d'une porte centrale surmontée d'un oeil-de-boeuf. Le toit à deux versants légèrement retroussés est couronné d'un clocher en façade. La sacristie en brique jaune est greffée à l'abside dans le prolongement du choeur. Cette construction de plan rectangulaire, à un étage et demi, est coiffée d'un toit à deux versants droits. Quant au cimetière, attenant à l'église, il est entouré d'un muret de pierre. Implantée le long du chemin Royal, face à l'ouest, l'église se situe dans le noyau villageois de la municipalité de Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans.
L'ancienne église de Saint-Pierre fait partie de l'arrondissement historique de l'Île-d'Orléans. Onze oeuvres d'art, classées en 1958 et en 1965, y sont conservées.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'ancienne église de Saint-Pierre repose sur son intérêt architectural et sur sa rareté. Elle constitue un exemple d'église paroissiale du Régime français. Ce type d'église en pierre, qui s'est implanté au Québec en milieu rural à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, a connu une grande diffusion. Celle de Saint-Pierre en illustre les éléments distinctifs notamment par ses petites dimensions et sa façade très simple avec son pignon élancé couronné d'un clocher et sa grande porte surmontée d'un oeil-de-boeuf. La porte latérale, située à proximité de la façade sur le long-pan sud, est également caractéristique de ce type. C'est par là que les fidèles entrent dans l'église, excepté lors des grands événements, où ils utilisent l'entrée principale en façade avant. Par ailleurs, le plan en croix latine la distingue des autres églises de ce type, qui habituellement ne comportent pas de transept. Parmi les rares exemples d'églises paroissiales du Régime français, celle de Saint-Pierre est l'un des plus accomplis.
La valeur patrimoniale de l'ancienne église de Saint-Pierre repose aussi sur son intérêt artistique. Le décor a été conçu par l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859) et réalisé par le menuisier et sculpteur André Paquet dit Lavallée (1799-1860) au cours des années 1830 et 1840. Ce décor forme un ensemble homogène caractéristique du vocabulaire décoratif classique de Baillairgé, notamment avec le retable en arc de triomphe du choeur, la fausse voûte et le banc d'oeuvre. Ce décor intègre aussi quelques oeuvres plus anciennes, telles que les autels et la lampe de sanctuaire en bois sculpté ainsi que trois tableaux. Par ailleurs, la nef comporte des éléments peu communs, soit l'escalier fermé en colimaçon menant à la tribune arrière, les bancs à portes qui jadis servaient à conserver la chaleur procurée par des briques chaudes apportées par les fidèles et le tuyau ouvragé de l'ancien système de chauffage.
La valeur patrimoniale de l'ancienne église de Saint-Pierre repose également sur sa représentativité par rapport aux ensembles religieux catholiques des paroisses rurales. À l'instar de nombreuses églises de la vallée du Saint-Laurent, elle est orientée dans un axe est-ouest, avec le choeur vers l'est, soit vers le soleil levant qui symbolise le Christ ressuscité. Elle est entourée d'éléments propres à de tels ensembles, dont une sacristie, contiguë à l'abside, et un cimetière clos par un muret de pierre, attenant au long-pan nord de l'église. L'ancien presbytère situé en contrebas, bâti en 1851, contribue à structurer le noyau religieux. Aménagé au coeur du village, en bordure du chemin Royal, l'ensemble est caractéristique des vieilles paroisses de la vallée du Saint-Laurent.
La valeur patrimoniale de l'ancienne église de Saint-Pierre repose en outre sur son intérêt historique et son ancienneté. Située dans la paroisse de Saint-Pierre, érigée canoniquement en 1678, elle a desservi l'une des premières paroisses du diocèse de Québec. Construite de 1717 à 1719, elle est la plus ancienne église du Québec qui ait été conservée. Par ailleurs, elle est associée au premier évêque d'origine canadienne, Louis-Philippe Mariauchau d'Esgly (1710-1788), curé de Saint-Pierre pendant 54 ans, d'où il administre parallèlement le diocèse de Québec de 1784 à sa mort.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de l'ancienne église de Saint-Pierre liés à son intérêt architectural et à sa rareté comprennent, notamment :
- son volume, dont ses petites dimensions et son plan en croix latine (composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept au toit aussi élevé que celui de la nef et d'un choeur terminé par une abside en hémicycle) ainsi que son toit à deux versants légèrement retroussés;
- ses matériaux, dont les murs de moellons et la couverture en bardeaux de cèdre;
- sa façade très simple, dont le pignon aigu, la porte centrale en bois à double vantail de six panneaux surmontée d'une imposte vitrée en plein cintre et l'oeil-de-boeuf;
- ses autres ouvertures, dont la porte latérale en bois à quatre panneaux surmontée d'une imposte cintrée et entourée d'un portail composé de pilastres cannelés et d'un entablement denticulé, les fenêtres latérales terminées par une imposte cintrée ornée d'un claveau et les chambranles en bois moulurés;
- son clocher sur le faîte en façade comprenant, entre autres, une chambre des cloches carrée ornée de pilastres et d'ouvertures cintrées, un lanternon ajouré et une flèche couronnée d'une croix et d'un coq.
Les éléments caractéristiques de l'ancienne église de Saint-Pierre liés à son intérêt artistique comprennent, notamment :
- son décor sculpté homogène de vocabulaire classique, dont le retable du choeur composé entre autres d'un entablement, de pilastres et de colonnes d'ordre corinthien supportant un fronton en segment de cercle orné d'un relief représentant un nuage et des rayons, le retable des chapelles reprenant des éléments de celui du choeur, la corniche de la nef et des chapelles, la fausse voûte en arc surbaissé ornée d'arcs doubleaux et de gloires, les lambris ainsi que le banc d'oeuvre;
- l'ébrasement des fenêtres orné de caissons;
- la lampe de sanctuaire (1765) en bois;
- les oeuvres de Pierre Émond (1738-1808), dont le maître-autel (1795) et les autels latéraux (1800);
- l'escalier fermé en colimaçon menant à la tribune arrière, les bancs à portes (1856) et le tuyau ouvragé (1862) de l'ancien système de chauffage.
Les éléments caractéristiques de l'ancienne église de Saint-Pierre liés à sa représentativité en tant qu'ensemble paroissial de tradition catholique et à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation au coeur du village, en bordure du chemin Royal, dans la municipalité de Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans;
- son orientation dans un axe est-ouest avec le choeur vers l'est;
- la sacristie en brique jaune, greffée à l'abside, de plan rectangulaire, à un étage et demi, coiffée d'un toit à deux versants droits couverts de bardeaux de cèdre percé d'une cheminée à l'est, le mur pignon aveugle revêtu de planches à clins, les portes à l'extrémité ouest des longs-pans, les fenêtres à grands carreaux et leurs linteaux et appuis en pierre ainsi que les deux lucarnes du versant nord;
- le cimetière attenant au long-pan nord de l'église, comportant quelques arbustes, des pierres tombales et une ancienne croix de clocher en fer forgé, entouré d'un muret de pierre protégé par un chaperon en bois rejoignant celui de l'église.