Description du lieu patrimonial
La maison Laberge, classée monument historique, est une habitation d'inspiration française construite en 1674, puis agrandie en 1692 et en 1791. Le corps de logis allongé en pierre crépie et chaulée, bas et peu dégagé du sol, est coiffé d'un toit aigu à deux versants retroussés. Un appentis est greffé à l'arrière du côté est. Située au sommet d'un coteau, cette maison de la Côte-de-Beaupré domine le fleuve Saint-Laurent et l'île d'Orléans, de même que l'avenue Royale et le coeur de la municipalité de L'Ange-Gardien, en contrebas. Elle est entourée d'une aire de protection.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Laberge réside dans son ancienneté. Figurant parmi les plus anciennes habitations québécoises, son carré initial est construit en 1674 pour Robert de La Berge (1638-1712), sur une censive concédée en 1658 à Nicolas Durand, premier mari de son épouse. Cette censive est découpée dans le fief de Lottinville, accordé en 1652 au grand sénéchal Jean de Lauson fils (entre 1620 et 1635-1661) par son père, le gouverneur Jean de Lauson (1584-1666). Durant les années précédant la construction de sa maison, Robert de La Berge est déjà actif dans le fief, où il construit des fours à chaux et exploite la forêt. Cette maison évoque donc les premiers foyers de colonisation en Nouvelle-France.
La valeur patrimoniale de la maison Laberge réside aussi dans sa représentativité en tant que maison rurale d'inspiration française. Elle témoigne, d'une part, du savoir et du savoir-faire des maçons et charpentiers de la Nouvelle-France et, d'autre part, de modifications couramment apportées à ce type de maison. L'habitation, faite de pierre tout probablement tirée des carrières de calcaire locales, est caractéristique de cette architecture par son corps de logis bas et peu dégagé du sol, son toit aigu à deux versants et ses ouvertures disposées asymétriquement. Le mur pignon exposé au nord-est est aveugle afin de se prémunir contre les vents froids et le mur nord n'est percé que de quatre fenêtres et d'une lucarne. La façade sud, par contre, comporte plusieurs ouvertures afin de profiter au maximum de l'ensoleillement. La maison Laberge a été allongée une première fois en 1692, du côté ouest, et une autre fois en 1791, du côté est. Un appentis recouvert de planches verticales lui a également été ajouté au nord-est. Ces agrandissements et ajouts sont fréquents parce que le carré initial était habituellement de dimensions réduites (10 sur 7,6 mètres, dans le cas présent). Les avant-toits retroussés et les lucarnes résultent d'influences stylistiques britanniques et de changements dans les manières d'habiter au XIXe siècle. Les lucarnes viennent éclairer les combles qui ne servent plus seulement de grenier, mais comportent aussi des chambres. Ces éléments illustrent donc l'évolution architecturale de la maison rurale québécoise.
La valeur patrimoniale de la maison réside également dans son association avec la famille Laberge qui l'a occupée pendant douze générations, soit de 1674 à 1970. Cette famille souche de la paroisse de L'Ange-Gardien descend directement de Robert de La Berge. Pionnier arrivé en Nouvelle-France en 1658, il figure parmi les colons normands venus s'établir sur la Côte-de-Beaupré. Les Laberge seraient l'une des rares familles de L'Ange-Gardien, sinon la seule, à avoir occupé la même terre pendant 300 ans.
La valeur patrimoniale de la maison Laberge réside en outre dans son intérêt ethnologique. Elle est dotée d'un appentis qui servait de chambre froide et de laiterie. La laiterie de ferme est un petit bâtiment où l'on procède au traitement et à l'entreposage du lait. Faite de pierre ou de bois, elle est souvent chaulée ou peinte en blanc afin de réfléchir la lumière. Une petite fenêtre est habituellement percée dans l'un des murs pour permettre l'aération du bâtiment et ainsi éviter le développement d'humidité ou de moisissures. La laiterie était établie, de préférence, dans un endroit frais, souvent au nord-est de l'habitation. Celle de la maison Laberge en est un bon exemple et témoigne d'un savoir-faire rural aujourd'hui tombé en désuétude.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de la maison Laberge caractéristiques de son ancienneté incluent, notamment :
- sa situation au sommet d'un coteau dominant le fleuve Saint-Laurent, l'île d'Orléans, la paroisse de L'Ange-Gardien et l'avenue Royale.
Les éléments clés de la maison Laberge caractéristiques de la maison rurale d'inspiration française incluent, notamment :
- la façade orientée vers le sud;
- son volume, dont le corps de logis allongé en pierre crépie et chaulée bas et peu dégagé du sol, l'élévation d'un étage et demi et le toit aigu à deux versants (couvert de tôle à la canadienne);
- la distribution des ouvertures, dont les quatre fenêtres et la lucarne du long-pan nord, les baies plus nombreuses du long-pan sud, les trois fenêtres superposées du mur pignon ouest et le mur pignon aveugle à l'est;
- la cheminée d'origine à l'est et la cheminée centrale (du début du XXe siècle) en remplaçant une plus ancienne;
- l'appentis au nord-est servant de chambre froide et de laiterie.
Les éléments clés de la maison Laberge caractéristiques de l'évolution architecturale de la maison rurale québécoise incluent, notamment :
- la charpente du toit en trois parties, la partie centrale et la partie ouest étant apparentées (liaison des pièces entre les pannes faîtières et les poinçons constituée par des aisseliers) et la partie est étant distincte (fermes à deux entraits et aisseliers plus courts);
- les trois souches de cheminées recouvertes de tôle, celle de l'ouest étant fausse;
- les lucarnes à fronton;
- les avant-toits retroussés;
- les ouvertures, dont les deux portes en façade et les fenêtres à battants à grands carreaux.