Description du lieu patrimonial
Le Vieux-Longueuil, constitué site du patrimoine, est un territoire urbain multifonctionnel, principalement à caractère résidentiel. Il est composé de plus de 950 immeubles, dont environ 455 sont répertoriés à fort potentiel patrimonial, d'éléments paysagers et de vestiges archéologiques. La forme du site s'apparente à un polygone irrégulier, délimité à l'est par la rue Saint-Charles Ouest et la rue du Bord-de-l'Eau, au sud par la rue Joliette, à l'ouest par le réseau vert (piste cyclable) et au nord par la rue d'Auvergne.
Les bâtiments qui se trouvent dans le site couvrent la période du Régime français à nos jours et témoignent d'influences stylistiques variées. Parmi ceux-ci figurent deux monuments historiques classés, la maison Marie-Rose-Durocher et la maison Lamarre, ainsi qu'un monument historique reconnu, la co-cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue.
Le site du patrimoine est situé de part et d'autre du ruisseau Saint-Antoine (comblé en 1957) et du chemin de Chambly, dans l'arrondissement municipal du Vieux-Longueuil de la Ville de Longueuil, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, en face de Montréal. Des sites archéologiques sont associés à ce lieu.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du Vieux-Longueuil repose sur son intérêt historique. Il est associé à des activités, à des événements et à des personnages significatifs. Fréquenté par les Amérindiens, son territoire est concédé en 1657 comme arrière-fief à Charles Le Moyne de Longueuil et de Châteauguay (1626-1685). En 1668, le lieu est érigé en seigneurie, et les premiers colons viennent s'y établir. Charles Le Moyne de Longueuil (avant 1656-1729) y construit alors un château-fort entre 1695 et 1698. En 1700, le lieu est inclus dans la baronnie de Longueuil. Son essor se fait plutôt lentement pendant le XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Lors de l'invasion du Canada en 1775, Longueuil est le théâtre d'une escarmouche entre soldats britanniques et américains. Le lieu voit aussi les premiers coups de feu de la rébellion de 1837. À partir de 1847, Longueuil est desservi par le chemin de fer. Entre 1850 et 1860, le pont Victoria est construit à l'ouest de la baronnie. Dès lors, la croissance de Longueuil, ville portuaire et tête de pont ferroviaire, est étroitement liée à celle de Montréal. Le développement des transports et l'industrialisation de la métropole favorisent l'essor domiciliaire, commercial et industriel de Longueuil. Ce développement est affermi par l'inauguration du pont Jacques-Cartier en 1930. De nos jours, le Vieux-Longueuil est le coeur historique et touristique de la ville de Longueuil, qui est devenue un centre industriel important du Québec.
La valeur patrimoniale du Vieux-Longueuil repose aussi sur l'intérêt de son paysage urbain. Il se distingue par l'originalité de sa trame et de ses éléments paysagers. La trame du Vieux-Longueuil témoigne de deux formes différentes de lotissements. La première est issue du régime seigneurial et dicte l'emplacement des bâtiments entre deux axes routiers importants, la rue Saint-Charles et le chemin de Chambly, à proximité du domaine seigneurial. La seconde forme de lotissement découle de la division du domaine en lots par la baronne Marie-Charles-Joseph Le Moyne de Longueuil (1756-1841) et de la préparation d'un plan des rues, selon une trame plus ou moins orthogonale, par l'arpenteur Joseph Weilbrenner, en 1835. Le site comporte aussi quelques éléments paysagers, dont plusieurs arbres matures. À partir de 1860, la Corporation municipale de Longueuil entreprend de faire du lieu un « parc habité », en favorisant la plantation d'arbres en bordure des rues. C'est un geste d'architecture du paysage novateur pour l'époque. Le paysage urbain du Vieux-Longueuil porte ainsi les traces des phases de son lotissement et des politiques de ses décideurs.
La valeur patrimoniale du Vieux-Longueuil repose également sur son intérêt architectural. Les quelque 455 bâtiments patrimoniaux répertoriés construits dans ses limites représentent plusieurs époques de construction, fonctions, types architecturaux et influences stylistiques. Ces bâtiments illustrent plus de 250 ans d'histoire de l'architecture québécoise. Ce paysage bâti se compose d'une architecture pavillonnaire rurale, urbaine et de villégiature, par son implantation et ses volumes (antérieure à 1850), et d'une architecture domestique et commerciale, jumelée ou en rangée, plus urbaine et plus récente (postérieure à 1850). Le site comporte aussi des édifices institutionnels et religieux d'importance, notamment l'ancien collège, la co-cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue et le couvent des soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. La richesse de l'architecture du Vieux-Longueuil témoigne des périodes de son histoire et de l'évolution de l'architecture québécoise.
La valeur patrimoniale du Vieux-Longueuil repose par ailleurs sur son intérêt archéologique. Sept sites archéologiques, dont un est lié au château fort, témoignent de l'occupation humaine du lieu et de son importance stratégique. Un potentiel demeure encore enfoui dans le sol.
Source : Ville de Longueuil, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du Vieux-Longueuil liés à ses valeurs historique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, de part et d'autre du ruisseau Saint-Antoine (comblé en 1957), dans l'arrondissement municipal du Vieux-Longueuil de la ville de Longueuil, en face de Montréal;
- les sept sites archéologiques connus, dont deux rattachés à la période du Régime français, permettant de retracer l'occupation humaine du lieu;
- les portions intactes du sol offrant un potentiel archéologique.
Les éléments caractéristiques du Vieux-Longueuil liés à l'intérêt de son paysage urbain comprennent, notamment :
- les deux anciennes artères principales structurantes (la rue Saint-Charles et le chemin de Chambly), dont la forme épouse le relief;
- le réseau des rues selon un plan plus ou moins orthogonal essentiellement déterminé au milieu du XIXe siècle;
- le secteur plus ancien, à l'est du chemin de Chambly, évoquant le parcellaire prévalant aux XVIIe et XVIIIe siècles par ses rues non linéaires, son habitat ancien pavillonnaire, le relâchement de la trame et les lots de grandes dimensions;
- les éléments paysagers, notamment les arbres matures plantés en bordure des rues.
Les éléments caractéristiques du Vieux-Longueuil liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- les quelque 455 bâtiments patrimoniaux associés à plusieurs époques de construction, du Régime français à nos jours;
- la variété des fonctions, des typologies architecturales et des influences stylistiques;
- les bâtiments inspirés d'une architecture ancienne pavillonnaire plus rurale et de villégiature dans sa forme d'implantation et ses volumes (antérieure à 1850);
- les bâtiments inspirés d'une architecture domestique et commerciale, jumelée ou en rangée, plus urbaine et plus récente (postérieure à 1850);
- les édifices institutionnels et religieux d'importance, dont le couvent, l'ancien collège, la co-cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue et l'ancien bureau d'enregistrement;
- le volume de l'architecture domestique, d'un étage et demi et de deux étages, puis, au début du XXe siècle, de deux et de trois étages;
- l'hétérogénéité des gabarits des bâtiments institutionnels et religieux, tout particulièrement en ce qui a trait à la hauteur et au plan au sol;
- l'uniformité des matériaux de revêtement, constitués principalement de briques, de pierres et planches de bois posées à clins;
- la qualité des détails ornementaux, dont les corniches, les couronnements, les amortissements, les chambranles, les pierres sculptées, les vitraux, les portails, les frontons, les balustrades et les planches cornières;
- les deux édifices datant du Régime français, dont la maison Lamarre (1740) et la maison Daniel-Poirier (1750);
- les monuments historiques classés et reconnus.