Description du lieu patrimonial
La maison Lionais, citée monument historique, est une imposante demeure bourgeoise construite entre 1870 et 1873. Cette ancienne villa suburbaine en brique rouge, de plan presque carré, est coiffée d'un toit à deux versants droits. Elle possède un soubassement en pierre fortement exhaussé et comprend deux étages et demi. Sa façade comporte un avant-corps central surmonté d'un fronton ainsi qu'une galerie au rez-de-chaussée. Implantée avec une marge de recul importante par rapport à la voie publique, la maison s'élève sur un terrain comportant plusieurs arbres matures. Elle est située dans un secteur résidentiel de l'arrondissement municipal du Plateau-Mont-Royal de la ville de Montréal.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Lionais repose sur sa représentativité par rapport à la villa bourgeoise suburbaine, un type d'habitation qui s'est répandu dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les villas suburbaines sont construites sur de vastes propriétés situées en banlieue de la ville et faisant l'objet d'un lotissement. Elles combinent les avantages d'un environnement pittoresque à ceux que procure la proximité de la ville. Cette maison illustre ce type d'habitation notamment par son architecture teintée de l'éclectisme architectural de la fin du XIXe siècle, qui combine différents styles. La composition symétrique de la façade et la présence d'un avant-corps central surmonté d'un fronton triangulaire interrompu traduisent, entre autres, l'influence de la tradition néoclassique. La présence de corniches monumentales ornées de consoles de même que la concentration du décor au niveau des ouvertures sont caractéristiques de l'architecture d'inspiration néo-italienne. Quant à son soubassement fortement exhaussé et à sa galerie en façade, ils permettent aux occupants de contempler le paysage environnant, évoquant ainsi la popularité du courant pittoresque à cette époque. Par ces divers éléments, la maison témoigne des courants architecturaux en vogue auprès de la bourgeoisie au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
La valeur patrimoniale de la maison Lionais repose également sur son ancienneté. Construite entre 1870 et 1873, cette résidence figure parmi les plus anciennes à avoir été érigée dans le village de la Visitation. Ce village s'est développé de manière importante à partir de 1895 alors qu'il est érigé en municipalité de village et rebaptisé De Lorimier. La maison Lionais évoque ainsi les débuts du développement résidentiel de ce secteur de la ville.
La valeur patrimoniale de la maison repose aussi sur son association avec la famille Lionais. Cette famille a fortement contribué aux premiers développements du quartier où s'élève la maison. Ce secteur est le lieu d'une importante spéculation immobilière dans le dernier quart du XIXe siècle, notamment de la part des frères Lionais, Charles, Hardoin et Édouard, associés à titre d'agents immobiliers, qui achètent des lots dans ce secteur. L'un d'eux oeuvre également comme architecte et arpenteur. Henriette Moreau, la femme d'Hardoin, acquiert également plusieurs terrains en 1864, dont la vaste propriété sur laquelle la maison est construite. En 1875, les frères Lionais offrent un terrain pour la construction de l'église de l'Immaculée-Conception. La famille Lionais a joué un rôle significatif dans le développement de l'ancien village de la Visitation.
Source : Ville de Montréal, 2006.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de la maison Lionais liés à sa représentativité par rapport à la villa bourgeoise suburbaine comprennent, notamment :
- sa situation dans un secteur résidentiel typique du Plateau-Mont-Royal;
- son implantation avec un important retrait par rapport à la voie publique, sur un terrain aménagé de grands arbres matures;
- son volume, dont le plan presque carré, le soubassement en pierre fortement exhaussé, les deux étages et demi revêtus de briques d'argile rouge, le toit à deux versants droits avec retour des avant-toits sur les murs pignons;
- ses éléments d'inspiration néoclassique, dont la symétrie de la façade, les lucarnes à fronton triangulaire et l'avant-corps central surmonté d'un fronton triangulaire interrompu;
- ses éléments d'inspiration néo-italienne, dont les corniches monumentales ornées de consoles, la porte d'entrée à deux vantaux en bois ouvragé surmontée d'impostes formant un arc en plein cintre et comprenant des carreaux vitrés en forme de goutte, les portes jumelées à l'étage donnant accès au balcon, les fenêtres du rez-de-chaussée et de l'étage surmontées d'une imposte vitrée en forme d'arc surbaissé et les frontons des ouvertures;
- ses éléments en saillie, dont la galerie couverte d'un avant-toit se déployant sur toute la façade au rez-de-chaussée et le balcon aménagé à l'étage sur le toit de la galerie.