Description du lieu patrimonial
La maison Rangé-Dit-Laviolette, citée monument historique, est une ancienne maison de ferme construite vers 1700 et modifiée au XIXe siècle. Elle est composée de trois volumes disposés en forme de « L », érigés à des périodes différentes. La désignation s'applique uniquement à la partie la plus ancienne de l'ensemble, soit la section est de l'édifice. De plan presque carré, cette section comporte des murs en pierre chaulés sur trois côtés et s'élève sur un étage et demi. Elle est couverte d'un toit à deux versants droits aux larmiers débordants couvrant une galerie du côté sud. Deux cheminées s'élèvent dans la continuité des murs pignon. La maison est construite en fond de lot, à une centaine de mètres de la voie publique et à proximité des berges du lac Saint-Louis, face aux îles Sainte-Geneviève. Elle est entourée d'un important couvert végétal, dont plusieurs arbres matures. La maison Rangé-Dit-Laviolette est située dans l'arrondissement municipal de Beaconsfield-Baie-D'Urfé de la ville de Montréal.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Rangé-Dit-Laviolette repose sur son ancienneté. Construite vers 1700, elle évoque la colonisation du secteur actuel de Baie-D'Urfé, où une première concession est accordée en 1677 alors que la première paroisse - Saint-Louis du Haut-de-l'Île (aussi appelée Saint-Louis du Bout-de-l'Île) - est fondée en 1686 par l'abbé François-Saturnin Lascaris d'Urfé (1641-1701). La maison Rangé-Dit-Laviolette aurait été érigée par Hubert Rangé-Dit-Laviolette (1661-1729). Elle constitue l'une des plus anciennes constructions de Baie-D'Urfé et un important témoin matériel de la période d'établissement de l'ouest de l'île de Montréal.
La valeur patrimoniale de la maison Rangé-Dit-Laviolette repose aussi sur sa son intérêt architectural. En effet, celle-ci est un témoin de l'évolution de l'architecture domestique au Québec. Construite au tournant du XVIIIe siècle, la maison possède des éléments qui se rattachent à la tradition architecturale d'inspiration française, comme le carré en pierre peu dégagé du sol et la disposition asymétrique des ouvertures. Le plan presque carré et les cheminées qui s'élèvent dans la continuité des murs pignon, plus particulièrement associés aux maisons de l'île de Montréal et des régions environnantes, sont aussi des caractéristiques de l'architecture de cette époque. D'autre part, la maison Rangé-Dit-Laviolette affiche des éléments caractéristiques de l'architecture de la seconde moitié du XIXe siècle, notamment un toit à deux versants à pente moyenne, des chambranles de bois moulurés, des larmiers débordants, une galerie couverte du côté sud et des lucarnes. Plusieurs de ces éléments en vogue dans la vallée du Saint-Laurent au XIXe siècle sont issus de la tradition architecturale anglo-saxonne introduite ici à la suite de la Conquête britannique. Ils sont ajoutés à la maison Rangé-Dit-Laviolette entre 1839 et 1874 afin de la mettre au goût du jour.
La valeur patrimoniale de la maison Rangé-Dit-Laviolette repose aussi sur sa relation à son environnement. La localisation de la maison, sur ce qui apparaît aujourd'hui comme le fond du lot, témoigne de l'époque où le chemin du Roy, une voie de communication importante en Nouvelle-France, passait entre le bâtiment et le lac Saint-Louis (les pierres composant le pavé subsisteraient toujours sous le terrassement de la maison). La façade principale est orientée vers le sud, face au lac et aux îles Sainte-Geneviève, pour la même raison. Enfin, la galerie couverte du côté sud, ajoutée au XIXe siècle, rappelle le courant pittoresque qui apparaît à cette époque comme une sensibilité nouvelle par rapport à la nature. Elle constitue un exemple d'intégration de l'architecture à son environnement en offrant un point de vue admirable sur le lac Saint-Louis.
Source : Ville de Montréal, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de la maison Rangé-Dit-Laviolette liés à l'évolution de l'architecture domestique comprennent, notamment :
- les caractéristiques de l'architecture d'inspiration française, dont le plan presque carré et de petites dimensions (9,4 X 9,3 m), le carré bas et peu dégagé du sol, la structure en maçonnerie, les deux souches de cheminée en pierre construites dans la continuité des murs pignon et la disposition asymétrique des ouvertures;
- les éléments liés à l'architecture du XIXe siècle, dont le toit à pente moyenne, les chambranles de bois moulurés des ouvertures, les fenêtres à six grands carreaux, les trois lucarnes de la façade principale, les larmiers débordants supportés par des colonnes du côté sud.
Les éléments clés de la maison Ragé-Dit- Laviolette associés à sa relation à son environnement comprennent, notamment :
- l'implantation en fond de lot, en bordure du lac Saint-Louis;
- l'orientation de la façade principale vers le sud;
- la galerie couverte du côté sud;
- la présence de vestiges du pavé du chemin du Roy sous le terrassement;
- la présence d'un couvert végétal important, dont plusieurs arbres matures.