Description du lieu patrimonial
Le lieu historique national du Fort-Anne est un site fortifié situé dans la ville d'Annapolis Royal, au confluent des rivières Annapolis et Allain. Érigé en 1629, le fort est constitué de vestiges de divers édifices et fortifications des XVIIIe et XIXe siècles. Il est entouré de terres et offre des vues sur les marais salants, la rivière et la ville adjacents. On y trouve les ressources suivantes : la poudrière (1708); les vestiges d'un fort français de style Vauban (1702-1708) et sa poudrière souterraine, le puits de son terrain de parade, le puits et le terrassement du chemin couvert; un mur de soutènement en pierres sèches (1760); une entrée des véhicules du XIXe siècle; des caissons à claire-voie sur le littoral et les ruines du quai de la Reine (des années 1740); les quartiers des officiers anglais (construits de 1797 à 1799 et reconstruits en 1934-35); un cimetière acadien, et un cimetière de garnison anglaise.
Valeur patrimoniale
Le Fort Anne a une importance historique nationale à cause du rôle qu'il a joué au début de la colonisation par les Européens, dans l'établissement des colons et le gouvernement de l’Acadie et de la Nouvelle-Écosse; dans la lutte pour le pouvoir qui marqua les XVIIe et XVIIIe siècles; en tant que carrefour de l'évolution des relations sociales, politiques et militaires entre les Mi'kmaqs, les Acadiens et les Anglais vivant dans la région aux XVIIe et XVIIIe siècles, et exemple de fortifications de style Vauban qui ont survécu à l’épreuve du temps en grande partie grâce à des générations successives de Canadiens qui ont su conserver précieusement les paysages culturels du pays.
De 1629 à 1632, des colons menés par Sir William Alexander ont érigé le fort Charles sur ce site, dans le cadre de son plan d'établissement d'une nouvelle Écosse. Des colons acadiens se sont installés dans la région en 1636, avec leur chef Charles de Menou d'Aulnay, qui a fait du site son quartier général de Port-Royal. Ils n’ont pas tardé à pratiquer une agriculture particulière qui consistait à assécher les marais au moyen de digues. Les Français ont alors, depuis des forts érigés successivement sur le site, gouverné l'Acadie jusqu'en 1710. De 1713 à 1749, les Anglais ont gouverné la Nouvelle-Écosse depuis le fort qu’ils renomment Annapolis Royal. Au cours du XVIIIe siècle, le fort est témoin de la déportation des Acadiens et de l’établissement de planteurs de la Nouvelle-Angleterre et de Loyalistes à Annapolis Royal.
Capitale et centre militaire de l'Acadie et de la Nouvelle-Écosse, le site a joué un rôle important dans la vie des habitants de la région. Les Mi'kmaqs y venaient pour faire du commerce, échanger des cadeaux et signer des traités. Ils y ont été emprisonnés pendant les « guerres indiennes » des années 1720.
Port-Royal et ses forts successifs ont constitué un point central des luttes impériales opposant l’Angleterre et la France pour le contrôle du pouvoir en Amérique du Nord. Après chacune de ces confrontations, la Nouvelle-Angleterre lançait des expéditions contre Port-Royal dont elle s’est emparée en 1654, en 1690 et, pour la dernière fois, en 1710. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche (1744-1748), Québec et Louisbourg ont tenté de reconquérir le fort, mais leurs expéditions se sont avérées infructueuses.
Fort Anne est un exemple classique du style architectural Vauban. Il a été conçu et construit par un ingénieur qui s’est inspiré des œuvres de Sébastien Le Prestre de Vauban, architecte européen connu pour ses forts. Les habitants de la région, avec l'aide du gouvernement fédéral, ont commencé à préserver les fortifications dès le début du XIXe siècle. Le site a été désigné parc du Dominion en 1917, devenant ainsi le premier lieu historique national géré par le Canada.
Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès-verbal, 1994; Énoncé d'intégrité commémorative.
Éléments caractéristiques
Parmi les caractéristiques qui confèrent au Fort Anne sa valeur patrimoniale, notons :
- les vestiges des quartiers des officiers, notamment le contour au sol et la forme du bâtiment, ainsi que les foyers d'origine;
- la poudrière (1708), y compris son emplacement au sein du fort, sa conception, et sa maçonnerie d'origine;
- les vestiges du fort Vauban (1702-1708), y compris la poudrière souterraine du bastion ouest; le puits du terrain de parade, le puits du chemin couvert, le terrassement et les autres parties des fortifications;
- le mur de soutènement en pierres sèches (1760), en face du bastion est;
- l'entrée des véhicules, construite au XIXe siècle à l'endroit où était celle du fort Vauban;
- les caissons à claire-voie sur le littoral (des années 1740), visant à en réduire l'érosion, qui attestent la technologie du XVIIIe siècle;
- les ruines du quai de la Reine (années 1740) qui sont les seuls vestiges visibles des ouvrages de 1740 qui étaient érigés hors des remparts, sur le front de mer, et qui attestent la technologie de la période allant du milieu du XVIIIe siècle au début du XXe siècle;
- les cimetières, qui datent des premiers établissements acadiens et anglais, notamment leurs pierres tombales et leur clôture en fonte;
- les vues sur la rivière Annapolis, le bassin de l'Annapolis et la ville d'Annapolis Royal.