Description du lieu patrimonial
L'ancienne gare du Canadien National (CN) située à Minaki, en Ontario, a été érigée par le Chemin de fer National Transcontinental (CFNT) en 1910, et elle est la seule et unique gare ferroviaire à avoir été construite dans cette localité. Pendant des décennies, la gare a accueilli la clientèle du Minaki Lodge, un des établissements phares du CN pour la villégiature saisonnière. Cette gare, qui appartient toujours au CN, tient maintenant lieu de boutique de cadeaux saisonnière. Consulter le Rapport de gare ferroviaire no 307.
Valeur patrimoniale
L'ancienne gare du CN/CFNT située à Minaki, en Ontario, a été désignée gare ferroviaire patrimoniale pour son intérêt historique et architectural et l'importance qu'elle a dans son milieu.
La construction de cette gare dans une région reculée du nord de l'Ontario illustre bien la croyance du gouvernement Laurier qu'étendre le service ferroviaire était le seul moyen d'encourager véritablement le peuplement et la croissance économique à long terme de l'Ouest canadien et du nord de l'Ontario et du Québec, et qu'une telle initiative serait bonne pour le Canada tout entier. La gare de Minaki a été conçue sur le plan type NTR no 2, 100-180 du Chemin de fer National Transcontinental, utilisé pour la construction de sept gares sur la ligne qui reliait Sioux Lookout, en Ontario, à Winnipeg, au Manitoba. La gare de Minaki a ceci de particulier qu'elle est la seule du groupe encore debout. Sa construction est à l'origine du développement de la région, devenue une importante destination de villégiature, et la gare a été une partie intégrante du succès durable du Minaki Lodge.
Bâtiment à étage partiel, de plan allongé et de volumétrie simple, la gare de Minaki, modestement décorée et à parement de bois, est par sa taille et sa conception un bon exemple du type de gares que construisait le CFNT le long de ses voies ferrées dans le nord du Québec et de l'Ontario. La partie de plain-pied aussi bien que la partie à étage sont couvertes d'un toit en croupe à pente moyenne. De grosses consoles en bois supportent un avant-toit très saillant. La gare présente aussi une caractéristique inhabituelle : elle possède, à son extrémité est, un abri extérieur couvert autoportant qui était destiné aux voyageurs en attente.
Les abords immédiats de la gare, dans la localité de Minaki, ont passablement évolué au fil des ans. Le château d'eau en bois, composante d'origine du dépôt ferroviaire, a disparu, tout comme l'aiguillage qui se trouvait devant la gare. Le vrai grand changement dans le paysage, c'est la disparition du lien intime entre la gare et l'établissement hôtelier, le Minaki Lodge, réduit à l'état de ruines par un incendie en 2003. Bien que le rôle de la gare dans la vie quotidienne de la collectivité ait sérieusement diminué, la présence visuelle du bâtiment reste forte; de plus, la gare est un des derniers témoins des beaux jours de Minaki, alors qu'elle faisait partie, avec l'hôtel, d'une chaîne nationale prospère d'établissements de villégiature, dépeints dans les brochures de la compagnie de chemins de fer comme des lieux de vacances rêvés dans les régions sauvages du nord du Québec et de l'Ontario (« the perfect North Woods vacation »).
Éléments caractéristiques
La valeur patrimoniale de l'ancienne gare du CN et du CFNT située à Minaki, en Ontario, réside dans l'équilibre entre ses qualités fonctionnelles et son style. La gare a été construite sur un plan type, avec des matériaux simples et robustes. Le bâtiment se distingue par ses toits en croupe et ses grosses consoles en bois ainsi que par son abri extérieur couvert autoportant destiné aux voyageurs en attente. Ces caractéristiques devront être conservées.
L'avant-toit très saillant et la fenêtre en baie donnant sur la voie ferrée sont d'importants éléments caractéristiques du bâtiment et devront aussi être conservés. Côté sud, la gare possède des fenêtres ordinaires dans des châssis en bois sans ornements, et les portes d'origine en bois sont soit à deux battants soit à un seul. Les ouvertures de porte et de fenêtre dans la façade nord, du côté opposé à la rivière Winnipeg, sont sur le même modèle que celles qui donnent sur la voie ferrée. Il faudra respecter le caractère de ces éléments. Le bardage en bois d'origine existe toujours et doit être préservé.
Le rez-de-chaussée du bâtiment a subi des transformations considérables au fil du temps en raison d'un changement de vocation. Les cloisons ont été enlevées et les matériaux et revêtements d'origine, masqués ou remplacés. L'extrémité ouest abritait initialement la consigne, qui était séparée du reste du bâtiment par une cloison intérieure pourvue d'une porte coupe-feu coulissante. La présence de deux portes à deux battants dans la façade principale (sud) et d'une autre dans la façade arrière nous permet de penser que cette zone était fréquentée par de nombreux voyageurs et cheminots. On peut encore apercevoir une portion du plancher en béton à l'extrémité ouest de cette zone. L'espace qui jouxte la consigne possède un plancher surélevé en bois qui paraît d'origine. Le grand bureau comprend la fenêtre en baie, où travaillait le chef de gare, et, à l'extrémité est, les escaliers menant à l'étage et au sous-sol. Il y a un petit local servant à la fois de cuisine et de salle de bains à l'extrémité nord de l'escalier. La partie est du bâtiment renferme la grande salle d'attente, où une billetterie était aménagée dans une des cloisons intérieures. De nouvelles toilettes ont été ajoutées à l'arrière de cette salle. L'étage de la gare est divisé en quatre locaux de dimensions à peu près égales qui servaient autrefois de pièces d'habitation. L'agencement est resté le même qu'à l'origine, bien que les lieux montrent des signes de négligence qui devront être corrigés.
Si l'on décide un jour de réaménager le bâtiment, il faudra veiller à conserver les cloisonnages anciens et les revêtements historiques qui ont subsisté, y compris les boiseries de fenêtre, les revêtements de mur et les plinthes. Les peintures anciennes des locaux épargnés par les rénovations devront faire l'objet d'un relevé et être conservées pour faciliter de futurs travaux de restauration.
Immédiatement au nord de la gare, qui est juchée sur les hauteurs surplombant la rivière Winnipeg, se trouve un affleurement rocheux, élément courant dans le paysage de la région. Les éléments historiques qui servent d'articulation entre la gare et ses abords, par exemple la situation en hauteur du bâtiment et de la voie ferrée et les vestiges des aménagements paysagers d'origine, devront être protégés et mis en valeur advenant le réaménagement des lieux.