Description of Historic Place
La maison Abraham-Dubois, citée monument historique, est un ancien ensemble agricole. La résidence en pierre construite vers 1800, de plan rectangulaire et à un étage et demi, est coiffée d'un toit à deux versants retroussés. Elle possède des murs coupe-feu s'élevant au-dessus de la toiture. La désignation inclut un vaste terrain aménagé planté d'arbres matures où se trouvent une ancienne grange en bois, une remise et des murets en pierre. La maison Abraham-Dubois se situe en retrait du chemin de la Grande-Côte, en bordure du parc Dubois près de la rivière des Mille Îles, dans la ville de Boisbriand.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison Abraham-Dubois repose sur son intérêt architectural. Cette habitation est construite vers 1800. Elle est représentative de la maison rurale d'inspiration française par son corps de logis massif en maçonnerie de pierre calcaire grossièrement équarrie, son solage peu dégagé et son toit aigu à deux versants droits aux larmiers peu saillants. La demeure emprunte aussi certains traits de l'habitation urbaine, ce qui est fréquent dans les contextes villageois et ruraux de la région de Montréal et des régions avoisinantes. En Nouvelle-France, le modèle de la maison urbaine s'impose surtout après la promulgation des ordonnances des intendants Michel Bégon de la Picardière (1667-1747) et Claude-Thomas Dupuy (1678-1738) en 1721 et 1727. En effet, ces règlements instaurent de nouvelles mesures de prévention contre les incendies. Son rayonnement dans la région montréalaise s'explique par l'activité des nombreux artisans ayant participé à la reconstruction de la ville de Montréal, détruite par une conflagration en 1721. Le modèle ajoute aussi une dimension esthétique et symbolique associée à l'architecture urbaine. Extraits de leur environnement d'origine, des éléments comme les murs coupe-feu perdent leur fonction initiale, qui est de prévenir la propagation des incendies, et témoignent d'une volonté de représentation sociale des villageois et des ruraux. Dans le cas de la maison Abraham-Dubois, les caractéristiques de la maison urbaine se retrouvent notamment dans les murs coupe-feu, ses corbeaux en maçonnerie et les souches de cheminée à deux têtes reliées par un muret au-dessus des murs pignons. La maison Abraham-Dubois demeure un bâtiment exceptionnel en raison de la qualité de son architecture et de son état de conservation.
La valeur patrimoniale de la maison Abraham-Dubois repose aussi sur son intérêt historique. L'emplacement de la maison et de ses dépendances correspond aux premières concessions du chemin de la Grande-Côte, vers le milieu du XVIIIe siècle. Le chemin relie alors les villages de Terrebonne et de Saint-Eustache. En 1789, une maison en bois et une grange se dressent déjà sur cet emplacement en bordure de la rivière des Mille Îles, face à l'île de Mai. La propriété se trouve près du manoir seigneurial et du moulin banal de la seigneurie de Blainville, bâtiments aujourd'hui disparus. Abraham Dubois (1803-1882) acquiert la propriété en 1837, et ses descendants la conservent jusqu'en 2004. En 1848, les Dubois cèdent une parcelle pour permettre la construction d'une école de rang. Les fils d'Abraham Dubois poursuivent aussi le développement de la Grande-Côte. Calais Dubois fait construire une imposante résidence (maison Caumartin) en 1878. Elphège Dubois (1877-1969), propriétaire de la ferme durant la première moitié du XXe siècle, est aussi membre du conseil scolaire, puis du premier conseil municipal de Sainte-Thérèse-Ouest, devenue Boisbriand. La maison Abraham-Dubois constitue un témoin important de l'histoire de Boisbriand et de l'apport de la famille Dubois.
La valeur patrimoniale de la maison Abraham-Dubois repose aussi sur son intérêt paysager. L'ensemble comprenant une maison en pierre, des dépendances agricoles ainsi qu'un vaste terrain aménagé de murets en pierre et planté d'arbres matures forme un paysage rural significatif dans un secteur maintenant urbanisé. L'implantation de la demeure en retrait de la voie publique et face au cours d'eau témoigne du système traditionnel de division des terres en rangs. Ce mode d'occupation du territoire est mis en place durant le Régime français. Il caractérise les paysages agricoles de la vallée du Saint-Laurent et renvoie à un mode de vie agraire, qui perdure dans l'ancienne seigneurie de Blainville jusqu'au milieu du XXe siècle. La maison Abraham-Dubois rappelle l'ancien paysage rural de la ville de Boisbriand.
Source : Ville de Boisbriand, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de la maison Abraham-Dubois liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le solage peu dégagé, le toit à deux versants aux avant-toits retroussés;
- les éléments associés à la maison d'inspiration urbaine, dont les murs coupe-feu, les corbeaux en maçonnerie et les cheminées à deux têtes disposées dans les murs pignons;
- l'annexe, dont l'implantation contre le mur pignon ouest du corps de bâtiment principal et en retrait par rapport à la façade, le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et le toit à deux versants aux avant-toits retroussés;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre, la couverture en tôle pincée, les éléments architecturaux en bois (portes, fenêtres, galerie et ornements);
- les ouvertures, dont la disposition asymétrique des ouvertures des façades avant et arrière, les fenêtres à battants à six carreaux, la porte à panneaux à vitrage surmontée d'une imposte, les deux lucarnes à pignon et leurs fenêtres à battants à quatre carreaux;
- la galerie de pleine largeur en façade, dont les poteaux effilés chanfreinés, les aisseliers et le garde-corps;
- les chambranles en bois moulurés.
Les éléments clés des dépendances comprennent, notamment :
- l'ancienne grange, dont son plan rectangulaire, son élévation d'un étage et demi, son toit à deux versants retroussés, son parement en bois posé à la verticale;
- la remise, dont son plan rectangulaire, son toit à un versant, sa couverture et son parement en tôle, ses fenêtres à guillotine en bois à petits carreaux, ses portes en bois.
Les éléments clés de la maison Abraham-Dubois et dépendances liés à son intérêt paysager comprennent, notamment :
- la situation de la maison en retrait de la voie publique, face à la rivière des Mille Îles et à l'île de Mai;
- le terrain dégagé du côté de la rivière;
- l'implantation des dépendances en retrait de la résidence et suivant le même axe;
- le grand terrain gazonné, les murets en pierre, les haies et les arbres matures.