Description du lieu patrimonial
Le poste de traite du Lac-aux-Allumettes, classé site historique en 1981, est un ensemble aménagé à partir de 1828 pour servir au commerce des fourrures, de magasin général et de centre de villégiature. Il comprend notamment la maison du bourgeois en bois (1845), la chapelle en bois (1857), le magasin général en brique (vers 1880), l'ancien hôtel Pontiac en bois (vers 1880), des bâtiments utilitaires ainsi que les ruines d'une forge. Le terrain compte également un cimetière amérindien ouvert vers 1845 et renferme un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec. La désignation s'applique à l'ensemble des bâtiments, aux aménagements, aux vestiges ainsi qu'au terrain partiellement boisé. Le poste de traite se situe sur une plage sablonneuse qui borde le lac aux Allumettes, dans la municipalité de Sheenboro.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du poste de traite du Lac-aux-Allumettes repose sur son importance historique comme établissement servant au commerce des fourrures et sur sa rareté. La traite constitue une activité économique majeure en Nouvelle-France et se poursuit après la Conquête (1760). Les comptoirs occupent des endroits stratégiques en bordure du fleuve et de ses principaux affluents, dont la rivière des Outaouais. Ces établissements comptent principalement un magasin où les Amérindiens échangent leurs fourrures contre diverses marchandises. Habituellement, d'autres bâtiments s'ajoutent afin d'assurer l'autosuffisance alimentaire et de minimiser les coûts d'exploitation. Les commerçants et les explorateurs français, puis anglais, fréquentent la rivière des Outaouais, car elle donne accès aux ressources de la région des Grands Lacs, de l'Ouest canadien et du bassin de la baie d'Hudson. Au XIXe siècle, des postes de traite sont créés toujours plus en amont du cours d'eau en raison de la concurrence croissante qui oppose la Compagnie de la baie d'Hudson et les commerçants indépendants. L'aménagement du poste du lac aux Allumettes par cette compagnie débute en 1828. Le poste comprend entre autres la maison du bourgeois en bois (1845), la chapelle en bois (1857), un magasin (disparu), des bâtiments utilitaires ainsi que les ruines d'une forge. Les éléments qui subsistent sont aujourd'hui les seuls témoins des comptoirs de la Compagnie de la baie d'Hudson dans l'Outaouais.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt ethnologique. Les postes de traite sont des lieux de rencontre et d'échange commercial qui revêtent une grande importance pour les Amérindiens. Celui du lac aux Allumettes est surtout fréquenté par les Algonquins, et une chapelle ainsi qu'un cimetière leur étaient destinés. Les activités de troc se déroulent dans le magasin de la Compagnie de la baie d'Hudson. Par ailleurs, les surplus de la ferme du poste sont vendus. L'amélioration des moyens de transport le long de la rivière des Outaouais et l'installation de colons à proximité du poste entraînent sa vente et sa fermeture en 1869. Un nouveau magasin général est construit vers 1880. Ce bâtiment se compose d'un corps de logis en brique à deux étages coiffé d'un toit à deux versants droits et repose sur le solage en pierre de l'ancien magasin de la compagnie. Il dessert à la fois les colons et les compagnies forestières. Le site du poste de traite a donc participé au développement de tout le territoire environnant le lac aux Allumettes.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur son importance historique comme centre de villégiature. La croissance urbaine ainsi que le développement des moyens de transport favorisent l'émergence de la villégiature au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les familles bourgeoises, en quête d'air pur et de détente, fuient les villes considérées comme insalubres. Les estivants envahissent les lacs du Québec et logent dans les nombreux hôtels bâtis à cette fin. La beauté de l'emplacement de l'ancien comptoir de Sheenboro et sa plage sablonneuse favorisent sa conversion en centre de villégiature durant le dernier quart du XIXe siècle. L'endroit est alors accessible aux estivants par bateau à vapeur. Construit vers 1880, l'hôtel Pontiac est caractéristique de ce type d'établissement par ses deux volumes principaux simples juxtaposés, en bois et de petites dimensions. Le site du poste de traite du Lac-aux-Allumettes est donc un témoin des activités de villégiature au tournant du XXe siècle.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés liés du poste de traite du Lac-aux-Allumettes comprennent, entre autres :
- la situation en bordure du lac aux Allumettes, formé par un élargissement de la rivière des Outaouais, sur une plage sablonneuse;
- la présence de la maison du bourgeois (1845), de la chapelle en bois (1857), du magasin général en brique (vers 1880), de l'ancien hôtel Pontiac en bois (vers 1880), de bâtiments utilitaires, de ruines d'une forge et du cimetière amérindien (ouvert vers 1845);
- le site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec et les vestiges archéologiques potentiels pouvant illustrer les occupations humaines et les activités.
Les éléments clés de la maison du bourgeois comprennent, entre autres :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit aigu à deux versants droits ainsi que la galerie couverte en façade;
- ses matériaux, dont le parement en planches à clins;
- l'annexe en retour d'équerre.
Les éléments clés de la chapelle Sainte-Theresa comprennent, entre autres :
- son volume, dont la nef de plan rectangulaire prolongée par une sacristie formée d'un appentis et le toit à deux versants;
- ses matériaux, dont le parement en planches à clins et la couverture en tôle à fausses baguettes;
- ses ouvertures, dont l'entrée principale comprenant un porche couvert à deux colonnes et toit à deux versants ainsi que les fenêtres en arc brisé;
- le clocher reposant sur le faîte en façade, formé d'une base carrée, d'une lanterne octogonale et d'une flèche surmontée d'une croix et d'un coq.
Les éléments clés du magasin général comprennent, entre autres :
- son volume, dont le corps de logis de plan rectangulaire, l'élévation de deux étages, le solage dégagé, le toit à versants droits, les deux cheminées (une à chaque pignon) et la galerie en façade;
- ses ouvertures à arc surbaissé;
- l'appentis d'un étage appuyé contre la façade latérale est;
- l'annexe d'un étage disposée en retour d'équerre et coiffée d'un toit à deux versants droits;
- l'appentis d'un étage en bois coiffé d'un toit à un versant;
- ses matériaux, dont la maçonnerie en brique (corps de logis et appentis de la façade est), la maçonnerie en pierre (solage et annexe), la couverture en tôle à la canadienne (corps de logis) et la couverture en tôle à fausses baguettes (galerie, annexe et appentis).
Les éléments clés de l'hôtel Pontiac comprennent, entre autres :
- son volume, dont les deux parties juxtaposées (l'une à deux étages et coiffée d'un toit incliné vers l'arrière et l'autre à un étage et surmontée d'un toit à deux versants droits);
- ses matériaux, dont le parement en bois.