Description du lieu patrimonial
Le dispensaire de la garde, cité monument historique, est construit en 1937 pour servir de résidence privée et de clinique médicale. Cet édifice en bois se compose de trois corps de logis accolés. Le premier, de plan rectangulaire et à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants droits. Une véranda est aménagée en façade. Une annexe de plan rectangulaire à un étage est implantée en retour d'équerre derrière le premier corps de logis. Un troisième corps de logis, de plan rectangulaire, au toit à deux versants droits, est accolé à gauche du corps principal. Le dispensaire de la garde est situé sur un grand terrain planté d'arbres matures, dans la municipalité de La Corne.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du dispensaire de la garde repose sur son intérêt historique. Construit en 1937, cet édifice sert à la fois de résidence privée et de dispensaire. Il est l'un des 61 dispensaires mis en service en Abitibi-Témiscamingue entre 1930 et 1950. Durant la crise économique des années 1930, l'État instaure un programme pour inciter les populations sans travail à coloniser plusieurs régions éloignées du Québec, dont l'Abitibi. Un service médical destiné aux colons est alors prévu. Les médecins refusent toutefois de s'installer dans ces régions. Le gouvernement fait appel à des infirmières. Il leur fournit le logement, l'entretien et un moyen de transport, puisqu'elles doivent se déplacer sur de vastes territoires. Disponible en tout temps, l'infirmière de colonie a des fonctions nombreuses et diversifiées. Ses tâches consistent à appliquer les principes généraux d'hygiène publique, surveiller et contrer l'éclosion de maladies contagieuses, agir comme sage-femme, superviser l'hygiène des écoles et la santé des enfants d'âge scolaire. Le dispensaire de la garde est habité pendant plus de 50 ans par l'infirmière Gertrude Duchemin. Malgré l'abolition de la fonction d'infirmière de colonie en 1972, l'infirmière Duchemin poursuit son travail jusqu'en 1976. Avant sa mort, Gertrude Duchemin exprime le souhait de faire de son dispensaire un lieu d'interprétation pour faire connaître au grand public sa profession. Le dispensaire de la garde témoigne de la vie d'une infirmière de colonie et de l'un des plus récents épisodes de la colonisation dirigée en Abitibi-Témiscamingue.
La valeur patrimoniale du dispensaire de la garde repose en outre sur son intérêt architectural. Ce bâtiment s'inspire des maisons de colonisation mises au point par le ministère de la Colonisation du Québec dans les années 1930. Ce type d'habitation est planifié selon une logique économique. Il tient aussi compte de la standardisation des matériaux, ce qui en détermine les formes et les dimensions. La maison de colonisation comporte une charpente claire et présente, selon le système de mesures impériales en usage à cette époque, un carré au sol de 20 pieds sur 24 (6,08 m sur 7,29 m), une hauteur de carré de 12 pieds (3,64 m), 10 pieds de hauteur au pignon (3,04 m) et des versants de toit de 14 pieds (4,25 m). Ces dimensions correspondent aux dimensions standardisées des pièces de bois de 8, 10, 12 ou 14 pieds (soit 2,46, 3,04, 3,64, et 4,25 m). Contrairement à la maison de colon qui possède peu d'ouvertures, le dispensaire de la garde est bien fenêtré. Il compte une porte et deux fenêtres en façade, des fenêtres sur les murs latéraux ainsi que dans les pignons pour éclairer les trois chambres et la salle de bains.
Source : Municipalité de La Corne, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du dispensaire de la garde liés à son implantation comprennent, notamment :
- sa situation en retrait de la voie publique sur un grand terrain planté d'arbres matures.
Les éléments caractéristiques du dispensaire de la garde liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le corps de logis principal, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le soubassement en béton, le toit à deux versants droits, la véranda en façade;
- l'annexe, dont son implantation derrière le corps de logis principal, le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit à deux versants droits;
- le troisième corps de logis, dont son implantation contre la façade latérale gauche du corps de logis principal, le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage;
- les matériaux, dont le parement en panneau d'amiante-ciment, le bois des éléments architecturaux, la maçonnerie en brique de la cheminée;
- les ouvertures, dont la porte vitrée, les grandes fenêtres à petits carreaux de la véranda, les fenêtres étroites et hautes des murs latéraux et des pignons, les soupiraux;
- l'ornementation, dont les chambranles de facture sobre.