Description du lieu patrimonial
Le pont Champagne, cité monument historique, est un pont couvert de type « Town québécois » construit en 1941. Ce pont d'une seule travée mesure 31,8 mètres de long et 7 mètres de large. Sa structure est composée de fermes constituées de madriers placés en diagonale, qui forment un large treillis, ainsi que de poteaux verticaux placés entre les cordes doubles supérieures et inférieures. Elle est couverte d'un lambris de planches horizontales peint en rouge. La charpente est coiffée d'un toit à deux versants droits. Le pont couvert permet d'enjamber la rivière Vassan, en milieu rural, dans le secteur Vassan de la ville de Val-d'Or.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du pont Champagne repose sur sa représentativité comme pont couvert. Un pont couvert est une construction en bois munie d'un toit. Il permet la circulation des personnes ou des véhicules au-dessus d'un obstacle à franchir. Les fermes constituent les éléments porteurs de l'ensemble de la structure. Au Québec, entre le début du XIXe siècle et la décennie de 1950, environ 1500 ouvrages de ce type sont construits. Lieux de passage, les ponts couverts donnent accès aux terres de colonisation et permettent la mise en marché des produits agricoles. Ils sont donc indissociables de l'histoire du Québec. Le pont Champagne, construit en 1941, témoigne ainsi des structures mises en chantier durant la période de colonisation et de développement de la région amorcée durant la décennie 1930. Il constitue en outre l'un des deux derniers témoins de l'utilisation de ce type de structure dans la ville de Val-d'Or.
La valeur patrimoniale du pont Champagne repose également sur son intérêt architectural. Il témoigne de la popularité des fermes de type « Town québécois » dans la conception des ponts couverts. Plusieurs types de ponts couverts sont construits au Québec depuis le début du XIXe siècle. La plupart des structures datant du XXe siècle appartiennent au modèle « Town québécois », aussi appelé « Town élaboré ». Il s'agit d'une variante de la ferme Town brevetée en 1820 par l'architecte américain Ithiel Town (1784-1844). Cette dernière est constituée de madriers placés en diagonale. La charpente forme un large treillis entre les cordes supérieures et inférieures. Les madriers sont attachés l'un à l'autre à chaque intersection par des chevilles de bois. Au Québec, ce type de structure est reconnu pour sa solidité, sa facilité de construction et sa légèreté. Il est utilisé de façon presque systématique par les ingénieurs du ministère de la Colonisation. Des modifications sont toutefois apportées au modèle dès le début du XXe siècle. Les dimensions des pièces de bois de la charpente sont réduites; des poteaux verticaux sont ajoutés à la structure afin de compenser la perte de résistance; les clous et boulons remplacent le chevillage de bois plus complexe. La construction des ponts selon le modèle « Town québécois », résultant de ces modifications, est plus économique. Sa simplicité permet l'emploi d'une main-d'oeuvre locale. Le pont Champagne représente bien ces structures, notamment par les poteaux verticaux solidifiant les fermes, le parement de planches horizontales et les ouvertures latérales au milieu du lambris ainsi qu'entre les cordes supérieures. Il se distingue toutefois du modèle type par ses cordes supérieures et inférieures qui sont doubles ainsi que par son portique à linteau cintré. Le lambris extérieur du pont Champagne est peint en rouge comme celui de nombreux autres ponts couverts du Québec, ce qui leur a valu le surnom de « ponts rouges ». Ce pont rappelle la diffusion très large du modèle « Town québécois » durant la première moitié du XXe siècle.
Source : Ville de Val-d'Or, 2008.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du pont Champagne liés à son implantation comprennent, notamment :
- sa situation sur la rivière Vassan, en milieu rural, dans le secteur Vassan.
Les éléments caractéristiques du pont Champagne liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont la travée unique de 31,8 mètres de long et de 7 mètres de large ainsi que le toit à deux versants droits et à larmiers en saillie;
- les caractéristiques de la structure de type « Town québécois », dont les fermes constituées de madriers placés en diagonale formant un large treillis, les cordes doubles supérieures et inférieures, les poteaux verticaux et les jambes de force;
- la charpente de la toiture, dont les chevrons, les pièces de contreventement et les pannes;
- les matériaux, dont le parement de planches horizontales peint en rouge, le lambris d'entrée horizontal, le revêtement du tablier en madriers longitudinaux, les culées en bois et la couverture en tôle;
- les ouvertures, dont les portiques à linteau cintré et à jambage droit, les longues ouvertures latérales au milieu du lambris et celles situées entre les cordes supérieures;
- les éléments ornementaux, dont les faux-cintres des larmiers et les garnitures peintes en blanc.