Description du lieu patrimonial
Le site du patrimoine du Mont-Royal, constitué en 1987, est un territoire urbain et naturel d'une superficie d'environ 6 653 000 mètres carrés. Son périmètre englobe une portion des flancs et l'un des trois sommets du mont Royal. Il est situé au sud-est de l'île de Montréal.
Le périmètre du site du patrimoine du Mont-Royal, de forme irrégulière, est délimité par l'avenue de l'Esplanade et la rue Saint-Urbain à l'est, l'avenue des Pins, la rue Sherbrooke et l'avenue du Docteur-Penfield au sud, la limite de la ville de Westmount et l'avenue Oakland à l'ouest, la rue Jean-Brillant, l'avenue Swail, l'avenue Louis-Colin, le boulevard Édouard-Montpetit, l'avenue Ellendale, le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, l'avenue Darlington, l'avenue Willowdale, la rue Vincent-D'Indy, la voie Camillien-Houde et l'avenue du Mont-Royal au nord.
Le site du patrimoine du Mont-Royal est un lieu emblématique du territoire montréalais. Il comprend notamment des éléments naturels, paysagers, urbanistiques, architecturaux, archéologiques et artistiques, de même que des centaines de monuments commémoratifs et d'oeuvres d'art public. Le site renferme plusieurs espaces verts, dont le parc du Mont-Royal et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Sur ses flancs, il est ceinturé par des bâtiments aux fonctions résidentielles et institutionnelles, dont des complexes hospitaliers, deux campus, des maisons d'enseignement, des lieux de culte et des cimetières, de luxueuses résidences bourgeoises, parmi lesquelles certaines du Mille carré doré, et des équipements publics. Construits du XIXe siècle à nos jours, ces bâtiments présentent une grande diversité stylistique.
Le site du patrimoine du Mont-Royal contient aussi plusieurs sites archéologiques amérindiens préhistoriques et euroquébécois inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du site du patrimoine du Mont-Royal repose sur son intérêt historique. Fréquenté par les Amérindiens il y a environ 4000 ou 5000 ans, le mont Royal est ainsi nommé en 1535 par le navigateur Jacques Cartier (1491-1557). À partir de 1663, d'abord en raison de l'activité de colonisation des Sulpiciens, la montagne devient le coeur d'un espace agricole prospère. La croissance de Montréal et les mutations de l'économie au cours du XIXe siècle transforment cependant son environnement. Dans le mouvement de villégiature et d'hygiène publique, des villas sont construites et des cimetières sont aménagés. Aussi, certains établissements liés au culte, au savoir et à la santé s'y installent. En 1876, le parc du Mont-Royal, oeuvre de Frederick Law Olmsted (1822-1903), architecte paysagiste, est inauguré. Au cours du XXe siècle, les institutions entourant la montagne prennent de l'expansion. De nos jours, le mont Royal demeure un lieu emblématique et identitaire.
La valeur patrimoniale du site repose également sur l'intérêt de son paysage. Il est un repère géographique majeur du paysage montréalais. Émergeant d'une vaste plaine, l'unique montagne de l'île de Montréal domine la ville. Une grande variété de végétaux, des sentiers et des escaliers permettent aux citadins de prendre contact avec la nature dans un milieu urbain. C'est là que se trouve la croix du mont Royal, indissociable de son paysage, comme le dôme de l'oratoire Saint-Joseph et la tour de l'Université de Montréal. Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges fait aussi partie de cet espace naturel, tout comme le parc du Mont-Royal, un héritage du courant pittoresque du XIXe siècle. La périphérie de la montagne est caractérisée par la présence de grands terrains occupés par des hôpitaux, des maisons d'enseignement, des lieux de culte et des équipements publics. La montagne porte les marques de l'aménagement en terrasse de ses flancs. Elle offre de magnifiques percées visuelles sur la ville et ses alentours, et permet d'en admirer l'organisation et l'architecture.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur l'intérêt de son architecture. Celle-ci est caractérisée par sa diversité stylistique ainsi que par plusieurs oeuvres anciennes et modernes d'architectes de renom. Le paysage architectural du site se distingue principalement par sa concentration d'ensembles institutionnels liés à la santé et au savoir. Il compte de grands complexes hospitaliers érigés à partir de 1858, dont l'Hôtel-Dieu (hôpital couvent), le Royal Victoria (hôpital pavillonnaire) et l'Hôpital Général (hôpital gratte-ciel). Il comprend aussi deux campus, soit l'Université McGill (campus pavillonnaire) et l'Université de Montréal (plan compact), ainsi que plusieurs maisons d'enseignement illustrant l'architecture scolaire des XIXe et XXe siècles. Le territoire possède également de luxueuses résidences bourgeoises de la même époque, des éléments marquants du génie civil, dont le réservoir McTavish, et des édifices religieux comme l'oratoire Saint-Joseph. Plusieurs de ces bâtiments jouent un rôle exceptionnel dans le paysage urbain et constituent des points de repère de la ville.
La valeur patrimoniale du site repose en outre sur son intérêt archéologique. Il recèle des sites archéologiques qui documentent l'occupation de ce territoire, dont une carrière de pierre de la période préhistorique, des sépultures amérindiennes de même que le site de la Villa Rosemount. La montagne contient aussi un fort potentiel archéologique.
La valeur patrimoniale du site repose par ailleurs sur son intérêt symbolique. C'est à la fois un territoire d'évasion, un sujet prisé par les peintres, un lieu de pèlerinage, une montagne nécropole ainsi qu'un hôte de l'élite et d'institutions importantes. Le mont Royal symbolise en même temps la nature, le sacré, le prestige et commémore plusieurs personnages et événements de l'histoire de la ville de Montréal et du Québec.
Source : Ville de Montréal, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du site liés à son intérêt historique et archéologique comprennent, notamment :
- les caractéristiques de l'intérêt stratégique du lieu, dont la situation au sud-est de l'île de Montréal;
- les caractéristiques de l'occupation humaine du lieu, dont les sites archéologiques amérindiens et les sites archéologiques euroquébécois;
- le potentiel archéologique.
Les éléments clés du site liés à son intérêt paysager comprennent, notamment :
- les composantes naturelles, dont la silhouette dominante de la montagne émergeant au sein de la métropole, l'important couvert végétal, le parc du Mont-Royal aménagé par Olmsted, le lac aux Castors, les phénomènes géologiques, les sentiers sinueux parcourant la montagne, les vues panoramiques et les milieux forestiers;
- le cimetière Notre-Dame-des-Neiges comprenant certains aménagements d'inspiration française, dont la grille orthogonale de certaines allées et les alignements de grands arbres;
- les éléments architecturaux et urbanistiques, dont la présence de grandes institutions et de quartiers résidentiels en périphérie, les aménagements en terrasses sur les flancs de la montagne, le belvédère Camilien-Houde et la croix du mont Royal.
Les éléments caractéristiques du site liés à l'intérêt de son architecture comprennent, notamment :
- l'architecture hospitalière, dont l'Hôpital Hôtel-Dieu, l'Hôpital Royal Victoria, l'Hôpital Général de Montréal et l'Hôpital Shriners;
- l'architecture institutionnelle, dont l'Université McGill, l'Université de Montréal, le collège Jean-de-Brébeuf, l'ancien Séminaire de philosophie et le collège Notre-Dame;
- l'architecture religieuse, dont les bâtiments et structures du cimetière Notre-Dame-des-Neiges (pavillon administratif, porte d'accueil, charnier collectif, chapelle de la Résurrection) et l'Oratoire Saint-Joseph (crypte, basilique avec dôme, chapelle primitive);
- l'architecture rurale, dont la maison Jarry-dit-Henrichon et la ferme Sous-les-Noyers;
- l'architecture de villégiature bourgeoise, dont la villa Terra Nova et la maison Smith;
- l'architecture bourgeoise, dont la maison Duggan, la maison en rangée Rupert, la villa Ravenscrag, la villa Trafalgar Lodge, la maison Ernest-Cormier, les appartements Trafalgar et Gleneagles et certaines maisons du Mille carré doré;
- les ouvrages de génie civil, dont le réservoir et l'usine de pompage McTavish, les réservoirs de la Montagne et de Côte-des-Neiges ainsi que le tunnel ferroviaire;
- l'architecture récréative, dont le chalet du mont Royal et le pavillon du Lac-aux-Castors.