Description du lieu patrimonial
La maison Guillaume-Estèbe, classée en 1960, est une ancienne demeure urbaine bourgeoise érigée vers 1752. Cette imposante résidence en pierre de plan rectangulaire, à deux étages et demi, possède un soubassement très dégagé, un toit à deux versants droits et des murs coupe-feu couronnés de souches de cheminée doubles. La maison fait aujourd'hui partie du Musée de la civilisation. Elle est située rue Saint-Pierre, dans le quartier Vieux-Québec-Basse-Ville et dans l'arrondissement historique de Québec. Un site archéologique lui est associé.
Les objets archéologiques provenant de la maison Guillaume-Estèbe font partie de la collection de référence de Place-Royale, classée bien archéologique.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Guillaume-Estèbe relève de son intérêt architectural. Cette résidence, qui autrefois faisait partie d'un ensemble de trois maisons à murs mitoyens semblables, est représentative des maisons urbaines bourgeoises en rangée de la fin du Régime français (1759). Ces maisons reflètent, d'une part, les ordonnances promulguées par les intendants de la Nouvelle-France en 1721 et 1727 afin de prévenir la propagation des incendies, et s'inspirent, d'autre part, de l'architecture classique française. Ainsi, la maison Guillaume-Estèbe possède des murs en pierre, des caves voûtées, un toit à deux versants droits et des murs coupe-feu. Par ailleurs, les grandes dimensions, les imposantes souches de cheminée et les éléments empruntés au classicisme français, comme le rez-de-chaussée surélevé sur un soubassement très dégagé ainsi que les détails en pierre de taille, tels les bandeaux soulignant les étages, les chaînes d'angle, les corbeaux et les chambranles, expriment l'aisance matérielle des propriétaires.
La valeur patrimoniale de la maison Guillaume-Estèbe relève aussi de son ancienneté. Construite vers 1752, elle est l'un des rares bâtiments de la basse-ville de Québec épargnés lors du bombardement qui mène à la prise de la ville en 1759. Les vestiges archéologiques qui y ont été trouvés témoignent d'une occupation euroquébécoise de plus de 250 ans. Les artefacts, dont des papiers peints anciens, renseignent sur le décor de cette maison et sur les usages de ses occupants.
La valeur patrimoniale de la maison Guillaume-Estèbe relève également de sa relation à son environnement. Au moment de sa construction, les terrains riverains sont submergés à marée haute. Pour cette raison, Estèbe fait aménager un quai, qui sert également de digue, aujourd'hui intégré au hall du Musée de la civilisation. Le passage voûté permettait de relier directement le fleuve Saint-Laurent et le quai à la rue Saint-Pierre. Ces éléments rappellent donc l'importance du fleuve et du port de Québec dans la vie des habitants de la ville et de toute la Nouvelle-France.
La valeur patrimoniale de la maison Guillaume-Estèbe relève également de son intérêt historique. La résidence peut être associée à plusieurs personnages de l'histoire politique et économique du Québec. Son premier propriétaire, Guillaume Estèbe (1701-1779), occupe notamment la fonction de conseiller au Conseil supérieur, de directeur et d'administrateur des forges du Saint-Maurice, de garde-magasin du roi, tout en ayant des intérêts dans diverses entreprises. Parmi les propriétaires subséquents, notons Thomas Dunn (1729-1818), président du Conseil exécutif et membre du Conseil législatif, qui l'habite de 1780 à 1789, ainsi que John Caldwell (1775-1842), grand propriétaire terrien, homme politique et commerçant.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les caractéristiques liées à la valeur architecturale de la maison Guillaume-Estèbe incluent, entre autres :
- ses éléments rattachés à la maison urbaine en rangée d'inspiration française, dont la maçonnerie de pierre, l'élévation de deux étages et demi, le toit à deux versants droits couvert de tôle à la canadienne, la charpente complexe du toit comprenant pannes, chevrons, poinçons et contreventement en croix de Saint-André, les murs pignons coupe-feu comprenant les cheminées, les esses, la cave voûtée ainsi que le mur de refend en pierre la divisant longitudinalement depuis les voûtes jusqu'au grenier;
- ses éléments rattachés au prestige des propriétaires, dont les grandes dimensions, les souches de cheminée doubles correspondant aux foyers en pierre de taille à l'intérieur, les détails extérieurs en pierre de taille, les fines boiseries d'esprit Louis XV ainsi que le site et la collection archéologiques;
- ses éléments rattachés au classicisme français, dont le rez-de-chaussée surélevé sur un soubassement très dégagé percé de soupiraux, la symétrie et l'ordonnance des ouvertures (six baies de largeur sur chacune des deux façades), les lucarnes, les fenêtres à battants à vingt-quatre carreaux, les bandeaux séparant les étages, les chaînes d'angle, les corbeaux et les chambranles, tous en pierre de taille, ainsi que l'alignement en enfilade des pièces à l'intérieur;
- les plafonds à poutres apparentes et à couvre-joints.
Les caractéristiques liées à la relation de la maison Guillaume-Estèbe à son environnement incluent, entre autres :
- sa situation dans l'arrondissement historique de Québec;
- l'implantation rue Saint-Pierre, à proximité du fleuve Saint-Laurent et du Vieux-Port;
- les vestiges des quais, l'escalier face au fleuve et le passage voûté.