Description du lieu patrimonial

La Gare du Canadien National à Sherbrooke, au Québec, est située au 50-80, rue du Dépôt, au centre de la ville. C’est une gare victorienne aux proportions importantes formée de deux ailes d’un étage sous des toits en mansarde situées de part et d’autre d’un pavillon central d’un étage et demi. Elle présente d’élégants détails pittoresques et abrite à la fois le terminus principal des voyageurs (construit en 1890) et une annexe pour la messagerie (construite en 1907).

Valeur patrimoniale

La Gare du Canadien National à Sherbrooke, Québec, a été désignée gare ferroviaire patrimoniale en raison de son intérêt historique, de son plan architectural et de son importance dans son milieu.

La gare de Sherbrooke a été construite par le Grand Tronc en 1890, à une époque où la compagnie rationalisait ses installations dans un contexte ferroviaire très concurrentiel. Dès 1890, le Grand Tronc avait absorbé bon nombre de petites compagnies de chemin de fer dans le centre du Canada, notamment la ligne du St. Lawrence and Atlantic Railway sur laquelle la ville de Sherbrooke était située. En 1890, Sherbrooke est devenue une gare importante du Grand Tronc. En plus de créer de nombreux emplois sur place, ce nouveau rôle a fait de Sherbrooke une plaque tournante du transport et permis à la ville de développer les industries du textile et des pâtes et papiers et de devenir un important centre économique régional. Cet essor s’est poursuivi jusqu’en 1950, bien après l’acquisition du Grand Tronc par le Canadien National en 1923.

Les plans de la gare de Sherbrooke ont été dessinés par E.P. Hannaford, ingénieur-chef du Grand Tronc, et le bâtiment devait être le symbole de la présence de la compagnie. Le bâtiment principal construit en 1890 était une élégante structure en brique, de style victorien, coiffée d’un toit imposant richement orné comme l’étaient les gares ferroviaires importantes à cette époque. Une annexe à été ajoutée en 1907 pour la messagerie. La gare est située au centre de Sherbrooke, à proximité du quartier commercial, au milieu d’une importante cour d’entretien ferroviaire.

La valeur patrimoniale de la gare du Canadien National à Sherbrooke réside dans la composition d’ensemble de son aménagement et comprend ses dimensions, la forme de la toiture, la disposition des ouvertures, la configuration des fenêtres, le recouvrement mural extérieur et les détails décoratifs. Elle réside également dans le lien entre la gare, sa cour de triage et la communauté.

Source :
· Énoncé de valeur patrimoniale, Gare du Grand Tronc à Sherbrooke, Québec, février 1992. Rapport d’évaluation patrimoniale RSR-069, 1991.

Éléments caractéristiques

Parmi les éléments caractéristiques de la Gare du Canadien National à Sherbrooke, il faut noter :

- son plan au sol en deux parties, composé d’un grand rectangle pour le bâtiment principal de la gare et d’un rectangle plus petit pour le bâtiment de la messagerie,
- la masse du bâtiment principal composée de deux ailes d’un étage, sous une toiture en mansarde, situées de part et d’autre d’un pavillon central d’un étage et demi coiffé d’un toit à plusieurs versants et d’un haut pignon transversal au centre, et la masse du bâtiment de la messagerie, d’un seul étage, sous un toit à forte pente, la présence d’une porte-cochère qui relie les deux structures,
- les dimensions généreuses et les proportions importantes du bâtiment principal et de l’annexe,
- l’équilibre des lignes verticales et horizontales,
- le rythme de la disposition des ouvertures en arcade et des consoles du bâtiment principal,
- la proéminence et la complexité du toit vu depuis les quatre côtés,
- l’intégration esthétique harmonieuse des fonctions ferroviaires spéciales, par exemple, le poste en saillie du télégraphiste et le profond avant-toit pour abriter les voyageurs,
- les détails pittoresques d’inspiration victorienne : formes étagées des toitures, fenêtres jumelles en arcade avec leurs vitres multiples, consoles proéminentes, larges avants-toits, pignon caractéristique avec sa pierre de date en forme de médaillon, présence d’une porte-cochère, utilisation du lattis de bois comme élément de décoration sur les fenêtres et le poste en saillie du télégraphiste,
- les textures variées des matériaux d’origine assortis, dans le bâtiment principal et l’annexe : fondations en pierre, murs en brique polychrome, arcades et base d’oriel en brique contrastante, consoles en bois, détails décoratifs, portes et fenêtres,
- tous les éléments qui témoignent de la structure originale à l’intérieur de la gare,
- tous les éléments qui témoignent de la configuration fonctionnelle et spatiale d’origine,
- l’intégrité des parcours de circulation et d’accès historiques, notamment l’intégrité de la porte-cochère et du quai qui relie les deux bâtiments de la gare,
- l’intégrité d’ensemble de la forme, du plan, des matériaux et des détails du bâtiment en deux parties de la gare.