Description du lieu patrimonial
Les maisons Louis-et-Joseph-Richard, citées monuments historiques, sont deux résidences en bois de deux étages, de type « Boomtown », construites en 1889 et en 1890. L'une des demeures possède un plan rectangulaire et compte six unités de logements. L'autre maison, de dimensions moins imposantes, est de plan presque carré et comporte quatre logements. Les maisons Louis-et-Joseph-Richard sont construites en bordure et à l'angle de deux rues. Elles sont situées dans un ancien faubourg ouvrier, près du canal de Lachine, dans l'arrondissement municipal du Sud-Ouest de la ville de Montréal.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale des maisons Louis-et-Joseph-Richard repose sur leur intérêt architectural et leur intégrité matérielle. Elles constituent des exemples significatifs de la maison de type « Boomtown » et témoignent d'un mode de construction courant dans la période d'industrialisation massive du tournant du XXe siècle au Québec. Ce type d'habitation est popularisé dans les quartiers ouvriers à la fin du XIXe siècle. Il permet une construction rapide et à peu de frais qui répond aux besoins urgents de logements que provoque l'implantation des nombreuses industries dans les villes. L'économie de moyens commande un corps de logis de plan rectangulaire, l'aménagement de plusieurs logements dans un même bâtiment, un parement léger en bois et un décor dépouillé. Les maisons Louis-et-Joseph-Richard possèdent un volume cubique et un toit plat qui est souligné par une corniche à consoles sur la façade principale. Un parement de planches de bois à feuillure couvre les murs extérieurs. Le décor est sobre et dépouillé. À part la corniche, seuls les planches cornières et les chambranles de bois autour des ouvertures composent l'ornementation. Les éléments architecturaux des maisons Louis-et-Joseph-Richard comportent une excellente intégrité matérielle.
La valeur patrimoniale des maisons Louis-et-Joseph-Richard repose également sur leur intérêt historique. Elles témoignent de la seconde grande vague d'implantation industrielle que connaît le village de Saint-Henri à partir de 1890. À Saint-Henri, cette vague d'industrialisation est tributaire d'une série de règlements adoptés par le conseil municipal dans le but de favoriser l'établissement de manufactures et d'usines sur le territoire du village. Parmi ces règlements mentionnons des exemptions de taxes durant dix ans et des compensations financières. Plusieurs entreprises viennent ainsi s'installer à Saint-Henri, dont la manufacture de chemises Tooke Brothers qui emploie 600 ouvriers locaux, la biscuiterie Lang et la Johnson Wire Mills. La plupart des habitations toujours existantes à Saint-Henri sont bâties entre 1890 et 1915 pour loger les ouvriers de ces industries. Construites en rangées et directement en bordure du trottoir sur des terrains de dimensions réduites, elles évoquent l'explosion démographique provoquée par l'arrivée dans les villes de nombreux ouvriers venus des campagnes pour travailler dans les industries.
La valeur patrimoniale des maisons Louis-et-Joseph-Richard repose également sur leur rareté. Très répandues à Montréal jusqu'à la fin du XIXe siècle, les maisons à parement de bois disparaissent graduellement au tournant du XXe siècle. En effet, une réglementation municipale impose, en 1890, le recouvrement des façades d'un matériau incombustible, soit la brique ou la pierre. Construites en 1889 et en 1890, les maisons Louis-et-Joseph-Richard comptent vraisemblablement parmi les derniers exemples de maisons à façade de bois.
Source : Ville de Montréal, 2006.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés des maisons Louis-et-Joseph-Richard liés à leur implantation comprennent, notamment :
- leur situation à l'angle de deux rues, en bordure de la voie publique;
- leur position en plein coeur d'un quartier industriel, à proximité des industries et du canal de Lachine.
Les éléments clés des maisons Louis-et-Joseph-Richard liés à leur intérêt architectural comprennent, notamment :
- les éléments propres au type « Boomtown », dont les corps de logis de plan rectangulaire à deux étages, les toits légèrement inclinés vers l'arrière et les revêtements de planches de bois à feuillure;
- l'aménagement de plusieurs logements à l'intérieur des maisons;
- les éléments de l'ornementation, dont les corniches à consoles couronnant les façades, les planches cornières et les chambranles de bois des ouvertures;
- l'ordonnance irrégulière des ouvertures de la façade de la maison sise sur la rue Saint-Ambroise ainsi que l'organisation symétrique des ouvertures de la maison sise sur la rue Sainte-Marguerite;
- les ouvertures, dont les fenêtres à battants à grands carreaux en bois et les portes d'entrée à panneaux surmontées d'une imposte vitrée.