Description du lieu patrimonial
La gare Union est une gare de chemin de fer en pierre de style Beaux-Arts, qui date du début du XXe siècle. Elle est située bien en vue sur le côté sud de la rue Front, au centre ville de Toronto, et occupe tout l’îlot entre les rues Bay et York. Le lieu officiellement reconnu est composé des bâtiments et des structures qui forment la station de chemin de fer : le bâtiment principal de la station (bâtiment des voyageurs); les quais couverts contigus; les halls de gare pour passagers reliant les deux; le fossé extérieur et la voie d’accès; les aires de réception et d’acheminement nord-sud sur le côté est de la rue York et le côté ouest de la rue Bay, et les quais du chemin de fer.
Valeur patrimoniale
La gare Union a été désignée comme lieu historique national en 1975 parce qu’elle est le plus bel exemple au Canada des gares construites dans le style Beaux-Arts classique pendant une période caractérisée par l’expansion des réseaux de chemin de fer nationaux et une forte croissance urbaine.
L’utilisation efficace de la conception monumentale, les éléments classiques et le décor formel font de la gare Union de Toronto l’un des exemples d’architecture de chemin de fer du style Beaux-Arts les plus remarquables au Canada. Entreprise conjointe du Grand Trunk Railway et du Canadien Pacifique, la gare a été dessinée par une équipe d’architectes bien en vue, soit les architectes montréalais Ross et Macdonald, l’architecte du Canadien Pacifique, Hugh Jones, ainsi que l’architecte torontois bien connu John Lyle. Les principes du style Beaux-Arts ressortent clairement dans la monumentalité de sa masse, la lisibilité et l’axialité de son plan, qui s’expriment clairement et rationnellement sur l’extérieur de l’immeuble; l’expérience processionnelle créée par le passage vers les grands espaces intérieurs; les formes classiques des éléments structuraux et décoratifs de l’extérieur et de l’intérieur du bâtiment; l’utilisation de matériaux durables de haute qualité; et le cadre formel, axial.
La gare rappelle l’époque de forte croissance urbaine planifiée du début du XXe siècle, au cours de laquelle les chemins de fer ont pris de l’expansion et la ville de Toronto est devenue une métropole moderne. La gare Union est la gare de chemin de fer urbaine la plus grande parmi celles qui ont été construites au début du XXe siècle au Canada, et elle appartient à un district d’édifices monumentaux qui illustrent la façon dont s’est exprimé le mouvement City Beautiful à Toronto. La gare a conservé un grand nombre des caractéristiques fonctionnelles originales des gares de chemin de fer du début du XXe siècle.
Source : « Gare Union, rue Front, Toronto, Ontario », Énoncé de la valeur patrimoniale, 28 août 1989, Énoncé d’intégrité commémorative de la gare Union de Toronto, 2001; texte de plaque, 1979.
Éléments caractéristiques
Parmi les caractéristiques qui confèrent à ce site sa valeur patrimoniale, notons :
- la monumentalité de sa masse, organisée à l’intérieur autour du hall central de deux étages de la billetterie (« Great Hall ») qui s’exprime à l’extérieur par une colonnade géante au centre de l’édifice et un entablement surélevé, colonnade flanquée d’ailes latérales à 14 ouvertures se terminant par des pavillons d’angle;
- l’entrée en contrebas et son parapet, qui renforcent l’aspect monumental en offrant une séparation visuelle entre la façade et l’avant-plan, faisant en sorte que la longue façade semble émerger d’au-dessous;
- la lisibilité de son plan, qui s’exprime à l’extérieur par l’alignement de la colonnade du centre de l’édifice et de son entablement surélevé avec le hall central de la billetterie;
- la linéarité de son plan, c’est à dire l’organisation symétrique des espaces et les modèles de circulation qui en résultent selon les axes suivants: le premier modèle s’applique au corridor de circulation traversant la colonnade du centre jusqu’au hall de la billetterie, puis menant directement vers les quais couverts et les plates-formes à l’arrière de la gare en passant par un hall souterrain, et les modèles de circulation secondaires se font de façon latérale, du hall de la billetterie vers les salles d’attente ou vers les bureaux situés dans les ailes;
- l’utilisation des formes classiques à l’extérieur pour les éléments structuraux et décoratifs, y compris les colonnes géantes disposées selon un ordre classique et les architraves formelles le long de la façade avant et de l’entrée principale; et l’emplacement central du porche à colonnes, flanqué par des ailes ornées d’éléments plus simples se terminant par les pavillons d’angle.
- l’utilisation des formes classiques à l’intérieur pour les éléments structuraux et décoratifs, notamment les grandes entrées voûtées; les fenêtres laissant entrer la lumière naturelle par le haut; le plafond voûté en berceau; le plancher de pierre à motifs et la frise du hall de la billetterie; les plafonds à caissons; et les ferrures, les luminaires et les accessoires de style Beaux-Arts;
- l’utilisation de matériaux durables et de haute qualité, notamment du marbre, du bronze, de la pierre à chaux, des tuiles Guastavino et du verre translucide;
- le cadre linéaire formel, où la structure monumentale du centre domine l’îlot au complet entre les rues York et Bay;
- sa marge de recul de la rue Front, accentuant sa qualité monumentale;
- sa complémentarité avec l’architecture voisine, par exemple l’édifice public Dominion et l’hôtel Royal York de style Beaux-Arts;
- les façades est et ouest et les aires de réception et d’acheminement adjacentes, avec leurs surfaces lisses en pierre et leurs finis utilitaires;
- le caractère industriel des grands quais couverts Bush contigus, notamment les colonnes supportant les treillis arqués entre les quais; la cascade de façades transversales; et le motif de conduits de fumée;
- le grand volume ouvert et la symétrie du hall d’arrivée et ses finis austères neutres;
- le dessin détaillé des halls d’arrivée et de départ, dont les caissons peu profonds du plafond de plâtre; et les luminaires, les portes et les panneaux de direction peints d’origine;
- le dessin détaillé original et les éléments historiques d’un bout à l’autre de la gare, dont les passerelles à plancher de verre; les portes doubles vitrées des ascenseurs à indicateurs circulaires; les descentes de courrier; les calorifères; les ferrures de porte en laiton; et les escaliers en marbre et en terrazzo;
- le plan original et la texture intérieure qui subsiste de certaines parties de l’étage supérieur des bureaux;
- les finis originaux qui subsistent et les éléments rapportés des bureaux du rez de chaussée, des toilettes et du vestibule, notamment les panneaux de bois, le détail du plafond en plâtre, les cache-calorifères, les luminaires, le marbre et les planchers de tuile.