Description du lieu patrimonial
Le séminaire de Nicolet, reconnu monument historique, est un imposant édifice à vocation éducative construit entre 1827 et 1836. L'immeuble présente un plan en « H » composé d'un corps de bâtiment encadré de deux ailes. La façade principale comprend un avant-corps central surmonté par un fronton triangulaire. L'édifice en pierre, de trois étages et demi, est coiffé d'un toit à deux versants terminé en croupe sur les ailes. Le séminaire domine le centre-ville et les environs de la ville de Nicolet. La longue allée bordée d'arbres qui y mène débouche dans un parc longeant la rivière Nicolet.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du séminaire de Nicolet repose sur son intérêt historique. Constituée en 1803, l'institution est la troisième du genre au Québec, après le Séminaire de Québec et celui des Sulpiciens de Montréal, et la première à être fondée en dehors d'un grand centre urbain. Elle témoigne d'une période importante dans l'histoire de l'éducation au Québec durant laquelle les collèges et séminaires catholiques dispensent une formation classique complète. Ces maisons d'enseignement donnent entre autres des cours de théologie, de philosophie, de mathématiques, de sciences, de grammaire, de lettres, de latin et de grec, dans le but premier de former les futurs membres du clergé. Le Séminaire de Nicolet offre aussi un cours commercial. La fondation de ce séminaire est tributaire de plusieurs facteurs. Au début du XIXe siècle, l'Église catholique du Bas-Canada souhaite conserver le rôle de premier plan qu'elle jouait dans le domaine de l'éducation et remédier à la stagnation du recrutement des prêtres à Québec et à Montréal. Pour ce faire, elle encourage la scolarisation du milieu rural, où vit la majorité de la population, et fonde entre 1803 et 1832 sept collèges et séminaires. Nicolet s'impose comme un lieu tout désigné pour l'implantation d'une telle institution. La localité, située en milieu rural à l'abri des tentations de la vie urbaine, est à mi-chemin entre Québec et Montréal et dessert les comtés de Nicolet et de Yamaska. D'abord logé dans un bâtiment plus modeste aujourd'hui disparu, le Séminaire emménage dès 1831 dans cet édifice dont la construction s'échelonne de 1827 à 1836.
La valeur patrimoniale du séminaire de Nicolet repose aussi sur la renommée de ses concepteurs, l'abbé Jérôme Demers (1774-1853) et l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859). Vicaire général du diocèse de Québec et porte-parole de l'évêché, Jérôme Demers est un homme influent de son époque. Conseiller de l'élite religieuse et laïque, supérieur, directeur, procureur du Séminaire de Québec et professeur à la même institution, il a contribué à l'excellence de l'enseignement au Bas-Canada. Responsable de la construction des bâtiments religieux dans le diocèse de Québec, il confie la majorité des contrats à son protégé Thomas Baillairgé. Ce dernier appartient à une célèbre famille d'artisans, d'architectes et d'artistes établie à Québec depuis 1741. Concepteur d'un nombre important d'églises, de presbytères, d'édifices publics et de maisons situées dans le diocèse de Québec, Thomas Baillairgé a su répondre de manière inventive aux attentes de l'abbé Demers. Produit de deux esprits savants, l'imposant séminaire de Nicolet constitue l'oeuvre maîtresse de ce duo.
La valeur patrimoniale du séminaire de Nicolet repose également sur son intérêt architectural. Le bâtiment témoigne de l'influence du néoclassicisme anglais sur l'architecture traditionnelle et constitue aussi l'un des exemples les plus achevés d'édifice à vocation éducative au Québec. Le néoclassicisme est introduit au Bas-Canada par les architectes britanniques, les traités et livres de modèles. L'intérêt de Baillairgé pour ce courant architectural influence ses créations. Ainsi, la composition symétrique du plan en « H », l'ordonnance régulière des ouvertures et les élévations dépouillées d'ornements rendent la rigueur architecturale et le caractère monumental recherchés dans le néoclassicisme. L'aménagement intérieur conçu par Jérôme Demers est fonctionnel, conformément à la tradition établie dans l'architecture institutionnelle et conventuelle. En outre, le séminaire serait le premier édifice situé à l'extérieur de Montréal à utiliser le plan en « H », qui a fréquemment été employé pour les ensembles institutionnels dans cette ville au XVIIIe siècle.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du séminaire de Nicolet liés à son implantation incluent, notamment :
- sa situation, dominant le centre-ville et les environs de la ville de Nicolet;
- son emplacement au débouché d'une allée bordée d'arbres menant à un parc longeant la rivière Nicolet.
Les éléments caractéristiques du séminaire de Nicolet liés à l'influence néoclassique incluent, notamment :
- son volume monumental, dont les trois étages et demi, le toit de pente moyenne à deux versants couvert de tôle à baguettes et terminé en croupe sur les ailes, l'avant-corps central au toit plus élevé et encadré de murs coupe-feu;
- ses matériaux, dont la maçonnerie de pierre et les cheminées de brique;
- sa composition symétrique, dont le plan en « H » formé de deux ailes latérales encadrant le corps de bâtiment;
- la rigueur classique, dont l'ordonnance régulière des ouvertures comprenant des fenêtres à battants à petits carreaux et des lucarnes à fronton, la sobriété des éléments décoratifs tels que les chaînages d'angles et l'encadrement des ouvertures en pierre de taille ainsi que le portail sculpté en pierre et le fronton triangulaire en bois orné d'une fenêtre ovale de l'avant-corps central.