Description du lieu patrimonial
La maison Arthur-Dubuc, citée monument historique, est une résidence bourgeoise construite en 1894. Couvert de pierres de taille grises, le corps de logis au soubassement fortement dégagé du sol, de plan rectangulaire, comprend plusieurs saillies et une ornementation abondante. Il s'élève sur trois étages. Le dernier loge dans une fausse mansarde en cuivre. Une annexe d'un volume imposant s'élève contre la façade arrière. Mitoyenne avec un immeuble du côté est, la maison Arthur-Dubuc est située sur la rue Sherbrooke dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Arthur-Dubuc repose sur son intérêt architectural comme résidence bourgeoise. Elle se distingue par l'éclectisme de sa composition et de son programme décoratif. L'éclectisme qui marque l'architecture urbaine montréalaise de la fin du XIXe siècle se traduit par un agencement de formes et de motifs issus de différents styles architecturaux. Ainsi, la maison comporte entre autres un grand pignon à redents qui s'inspire de l'architecture hollandaise, un porche d'entrée qui s'inscrit dans la tradition néo-romane et une tourelle d'angle qui évoque les châteaux de la Renaissance française. Ces éléments enrichis d'une ornementation abondante et diversifiée créent une composition impressionnante et monumentale qui exprime la notoriété du propriétaire. Par ses attributs formels reliés à l'architecture éclectique, la maison Arthur-Dubuc représente aujourd'hui l'un des derniers témoins dans ce secteur de grande résidence bourgeoise de la fin du XIXe siècle.
La valeur patrimoniale de la maison Arthur-Dubuc repose également sur le prestige de son architecte et de son constructeur. La maison est conçue par Alphonse Raza (1846-1903), architecte réputé à Montréal à la fin du XIXe siècle. Sa production est surtout marquée par des projets résidentiels destinés à la bourgeoisie montréalaise, mais il conçoit également plusieurs édifices publics. Aussi la maison Arthur-Dubuc est-elle représentative de sa carrière marquée par l'éclectisme architectural et l'usage de décors élaborés en pierre. Par ailleurs, le propriétaire constructeur Arthur Dubuc (1847-1895), maçon et entrepreneur en bâtiment reconnu, a dirigé les travaux de construction de sa propre maison en 1894. Lui et son associé Élie Plante, aussi maçon et entrepreneur, ont notamment construit l'édifice du Catholic Sailors' Club (1873) et le Monument-National (1891 à 1894), qui constituent des exemples remarquables d'édifices en maçonnerie richement ornés. La conception des plans par l'architecte Alphonse Raza et la construction de la maison par son propriétaire Arthur Dubuc confèrent donc un grand intérêt au bâtiment.
La valeur patrimoniale de la maison Arthur-Dubuc repose aussi sur son intérêt historique pour avoir logé le Club canadien de Montréal de 1926 jusqu'à sa fermeture en 1979. Fondé en 1874, le Club canadien constitue un cercle social et littéraire privé important à Montréal à la fin du XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe siècle. Au cours de son histoire, il compte des membres renommés tels que Lomer Gouin (1861-1929), premier ministre du Québec de 1905 à 1920, l'homme d'affaires Rodolphe Forget (1861-1919) et le propriétaire des quotidiens La Minerve et La Presse, Trefflé Berthiaume (1848-1915). Aussi, l'imposante annexe construite en deux étapes contre la façade arrière de la résidence évoque la présence du Club. En 1927, celui-ci érige un volume de deux étages du côté est auquel s'ajoute, en 1947, un second volume de trois étages du côté ouest. La maison Arthur-Dubuc a donc constitué un lieu privilégié d'échanges fréquenté par d'importants hommes d'affaires et politiques du XXe siècle.
Source : Ville de Montréal, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la maison Arthur-Dubuc liés à son architecture bourgeoise et éclectique comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, les trois étages, le soubassement fortement dégagé du sol et la fausse mansarde;
- ses éléments en saillie en façade, dont l'avant-corps terminé par un pignon à redents d'influence hollandaise et prolongé d'un oriel en hémicycle surmonté d'un balcon, le porche d'entrée d'influence néo-romane surmonté d'un balcon, la tourelle d'angle en saillie inspirée des châteaux de la Renaissance française surmontée d'un toit conique ornementé et l'escalier monumental à deux volées;
- ses matériaux nobles, dont la pierre à bossage couvrant le soubassement, la pierre de taille grise de Montréal au fini lisse couvrant les élévations des niveaux supérieurs, le granite moucheté de couleur saumon des colonnes ainsi que le cuivre couvrant la fausse mansarde et le toit conique de la tourelle d'angle;
- son ornementation en façade principale et en façade latérale, dont les éléments sculptés en pierre formant des pilastres, des arcades et des entablements, les bandeaux horizontaux soulignant la transition entre les étages, la corniche à denticules soulignant le passage entre le deuxième étage et la fausse mansarde, les guirlandes, l'arrête faîtière, les médaillons et les frontons;
- ses ouvertures encadrées de pierres de taille, dont les fenêtres à guillotine, les impostes vitrées en arc en plein cintre, la porte d'entrée principale à double vantail surmontée d'une imposte vitrée et la lucarne située au centre de la façade couronnée d'un fronton ouvragé en cuivre.
Les éléments caractéristiques de la maison Arthur-Dubuc liés à la présence du Club canadien de Montréal comprennent, notamment :
- son imposante annexe érigée contre la façade arrière de la résidence, dont la façade de la partie ouest en pierre artificielle surmontée d'un toit en cuivre interrompu de lucarnes pendantes.