Description du lieu patrimonial
Le domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues, classé site historique, est un ensemble composé d'un manoir - une résidence en T dont les parties les plus anciennes remontent à 1769 - et de dépendances construites au XIXe siècle. Tous les bâtiments sont en bois et couverts de toits à deux versants en bardeaux de cèdre. Le domaine est situé à la pointe sud-est de l'île, à l'écart du noyau villageois de la municipalité de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues. Il comprend un site archéologique connu.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues réside dans sa représentativité en tant que témoin du régime seigneurial. Le coeur du domaine seigneurial est le manoir, qui n'est généralement qu'une maison plus vaste que les autres habitations, et qui sert à la fois de résidence et de bureau au seigneur. Tout autour, on trouve habituellement divers bâtiments nécessaires à la subsistance du seigneur. Le domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues constitue un bon exemple de ce type d'ensemble par sa spacieuse résidence, par ses dépendances - notamment un fournil, une grange et un pavillon de chasse -, par son vaste terrain et par les traces toujours visibles d'un jardin aménagé dans l'esprit du courant pittoresque, qui reflètent le statut social de ses propriétaires.
La valeur patrimoniale du domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues réside aussi dans l'intérêt architectural du manoir. L'ancienne demeure seigneuriale révèle les différentes étapes de sa construction et les changements d'usage qui s'y rattachent. Le corps central, qui date de 1769, est un bâtiment modeste en pièce sur pièce qui servait principalement de bureau au seigneur, puisque celui-ci ne s'y rendait qu'à l'automne pour percevoir les cens et rentes et chasser. Le domaine est vendu en 1802 à Daniel MacPherson et le nouveau propriétaire, qui y réside en permanence avec sa famille, construit une première allonge du côté est. Au milieu du XIXe siècle, sous l'influence du néoclassicisme, une seconde allonge est greffée à la première, afin d'uniformiser le bâtiment, et le toit est pourvu d'un larmier cintré ainsi que d'une fausse souche de cheminée du côté ouest. Les travaux les plus importants sont exécutés en 1873. Le manoir, transformé en résidence d'été, est rénové et agrandi une fois de plus, tandis que le terrain est aménagé dans l'esprit du courant pittoresque. À l'intérieur, des cloisons sont déplacées et de nouveaux éléments ornementaux sont ajoutés. À l'extérieur, des appentis sont érigés à l'est et à l'ouest, l'ancien fournil est rattaché au manoir par l'édification d'une aile au nord et la façade sud-est est dotée d'une galerie-véranda pour permettre aux occupants de profiter du panorama.
La valeur patrimoniale du domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues réside également dans son association avec un personnage de grande renommée pour le Québec, l'avocat, historien et écrivain James MacPherson Le Moine (1825-1912). Auteur de plusieurs ouvrages historiques, ses livres les mieux connus sont ceux qui traitent de la ville et de la banlieue de Québec, dont « Picturesque Québec : A Sequel to Quebec Past and Present », publié en 1882. MacPherson Le Moine écrit aussi sur la faune et la flore canadiennes. L'homme de loi et de lettres a passé une partie de son enfance au domaine, car à la mort de sa mère, en 1828, il a été confié à ses grands-parents maternels, qui en étaient propriétaires. Durant ses études collégiales, qu'il poursuit à Québec, il y passe également ses vacances. Il en hérite en 1873 et l'utilise comme résidence d'été. Mentionnons que le domaine a aussi appartenu, jusqu'à sa mort, au célèbre peintre Jean-Paul Riopelle (1923-2002).
La valeur patrimoniale du domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues réside en outre dans son intégration à l'environnement. La disposition des bâtiments, alignés dans l'axe est-ouest en bordure du fleuve, et les vestiges qui subsistent de l'important aménagement paysager réalisé à la fin du XIXe siècle, dans l'esprit du courant pittoresque, expriment une volonté d'harmoniser architecture et nature. Implanté au sud de la pointe est de l'île, ce domaine constitue un site enchanteur avec la présence du fleuve, son vaste terrain planté de grands arbres d'espèces variées et ses parterres fleuris.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés liés à la représentativité du domaine seigneurial de l'Île-aux-Grues incluent, entre autres :
- la présence du manoir et de dépendances, dont la grange, le fournil et le pavillon de chasse comprenant un four à pain;
- le vaste terrain et son aménagement paysager;
- le site archéologique euroquébécois.
Les éléments clés liés à l'évolution architecturale du manoir incluent, entre autres :
- le premier carré, dont le plan rectangulaire, les murs en pièce sur pièce, le toit à deux versants couvert en bardeaux de cèdre et la cheminée en pierre;
- les ajouts du début du XIXe siècle, dont l'allonge du côté est;
- les ajouts du milieu du XIXe siècle, dont la seconde allonge du côté est, le larmier cintré et la fausse souche de cheminée en pierre du côté ouest;
- les transformations de la fin du XIXe siècle, dont les appentis à l'est et à l'ouest, le fournil rattaché à la maison par l'ajout de l'aile nord, la galerie-véranda de la façade sud-est, les divisions intérieures;
- le revêtement de planches à clins;
- les fenêtres à battants à six carreaux avec chambranles;
- les lucarnes à pignons.
Les éléments clés de l'intégration du domaine à l'environnement incluent, entre autres :
- le vaste terrain en pente douce, en bordure du fleuve Saint-Laurent;
- l'alignement est-ouest des bâtiments, parallèlement au fleuve;
- les traces de l'aménagement paysager de la fin du XIXe siècle, dont les arbres d'espèces diverses, comme des ormes, des peupliers, des saules et des érables ainsi que des bordures de pierres encadrant des parterres de fleurs près de la maison;
- la relation entre les composantes de l'ensemble.