Description du lieu patrimonial
La maison Félix-Leclerc, classée monument historique, est une résidence construite vers 1880 et agrandie au cours de la première moitié du XXe siècle. L'édifice en brique peinte en blanc présente un plan en « T ». Le corps principal de plan rectangulaire compte deux étages, incluant le toit mansardé à deux versants et terrasson à croupes. L'annexe, greffée à l'arrière, est surmontée d'un toit à deux versants droits et encadrée d'appentis. La désignation inclut le terrain et les dépendances, dont un atelier. La maison Félix-Leclerc est située en retrait de la voie publique, sur un terrain au relief peu accusé et planté d'arbres matures, face au lac des Deux-Montagnes, dans la ville de Vaudreuil-Dorion.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison repose sur son association avec Félix Leclerc (1914-1988), écrivain et chansonnier. Cet artiste a marqué profondément la scène francophone. Son oeuvre, inspirée de la nature et du quotidien, aborde des thèmes fondamentaux comme la vie, la mort, l'amour et la patrie. Félix Leclerc est d'abord reconnu en France dans les années 1950, où ses chansons, sa personnalité et son attachement au terroir sont très appréciés. C'est vers le milieu de la décennie suivante qu'il devient une icône au Québec, ouvrant la voie à des générations de chansonniers. Félix Leclerc vit à Vaudreuil de 1945 à 1966. Cette période est l'une des plus créatrices de sa carrière et correspond à sa consécration sur la scène internationale. C'est à ce moment qu'il compose certaines de ses chansons les plus connues, comme « Moi, mes souliers », « Le P'tit Bonheur » et « L'Hymne au printemps », écrites en 1946. Félix Leclerc s'intègre aussi pleinement à la communauté vaudreuilloise. Il noue des liens d'amitié avec ses voisins cultivateurs et participe aux activités communautaires et culturelles. La maison Félix-Leclerc est la troisième résidence occupée par l'artiste et sa famille dans la localité. Il l'habite de 1956 à 1966, période au cours de laquelle il publie notamment « Le Fou de l'Île » (1958), « Le Calepin d'un flâneur » (1960), une autobiographie et plusieurs pièces de théâtre. Le documentaire « Félix Leclerc, troubadour », réalisé par Claude Jutra (1930-1986) en 1958, est tourné dans la demeure. L'endroit de travail privilégié de l'auteur est la mansarde. La grange aujourd'hui disparue, qu'il appelle « l'auberge des morts subites », est un lieu de répétition pour la comédie du même nom, présentée à Montréal en 1963. L'atelier, comme la maison, sert à recevoir artistes et amis. La maison Félix-Leclerc est la seule résidence subsistant pour témoigner du passage de l'artiste à Vaudreuil-Dorion.
La valeur patrimoniale de la maison Félix-Leclerc repose également sur son intérêt architectural. Le corps principal, construit vers 1880, est un exemple de maison mansardée, un type d'habitation vernaculaire d'influence Second Empire. Ce style apparaît en France sous le règne de l'empereur Napoléon III (1808-1873), notamment avec la construction du Nouveau Louvre (1852-1857). Il est rapidement introduit aux États-Unis et au Canada grâce aux revues et aux catalogues d'architecture. La maison Félix-Leclerc se rattache à ce type par son toit mansardé à deux versants et terrasson à croupes, sa composition symétrique et son ornementation reprenant des éléments du vocabulaire classique tels que les frontons. Le toit mansardé offre l'avantage d'un plus grand espace habitable dans les combles. L'ajout d'une annexe à l'arrière témoigne, par ailleurs, d'une pratique courante permettant d'agrandir la maison. La maison Félix-Leclerc illustre donc un modèle d'habitation représentatif de l'architecture québécoise du dernier quart du XIXe siècle.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la maison Félix-Leclerc liés à son implantation comprennent, notamment :
- sa situation en retrait de la voie publique, sur un terrain au relief peu accusé et planté d'arbres matures.
Les éléments caractéristiques de la maison liés à son association avec Félix Leclerc comprennent, notamment :
- son emplacement face au lac des Deux-Montagnes, dans la municipalité de Vaudreuil-Dorion;
- les éléments intérieurs d'origine, dont le revêtement des murs en lattes de bois, les poutres apparentes, les portes en bois et le foyer du rez-de-chaussée en pierre avec un manteau de bois;
- la mansarde;
- la forge.
Les éléments caractéristiques de la maison liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume du corps principal, dont le plan rectangulaire à deux étages incluant le toit mansardé à deux versants et terrasson à croupes;
- les matériaux, dont le parement en brique, la couverture en tôle, le solage en pierre ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures disposées de manière symétrique, dont les fenêtres à battants à grands carreaux et les lucarnes à pignon;
- l'ornementation, dont les linteaux décoratifs légèrement arqués et les pignons des lucarnes ornés d'une corniche à denticules et d'un panneau menuisé;
- les souches de cheminée en brique aux extrémités du toit;
- l'annexe en brique à l'arrière du corps principal, de plan rectangulaire à un étage et demi et coiffée d'un toit à deux versants droits.