Description du lieu patrimonial
L'église de Saint-Michel, classée en 1957, est un lieu de culte de tradition catholique construit de 1784 à 1789 et doté d'une nouvelle façade entre 1856 et 1859. L'édifice en moellons présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside à pans coupés. Sa façade-écran en pierre de taille est ornée au centre d'un imposant portail d'inspiration néoclassique et flanquée de tourelles octogonales. Elle est dominée par un clocher à deux lanternes qui chevauche le faîte. La sacristie en moellons se greffe à l'abside dans le prolongement du choeur. De plan rectangulaire à un étage et demi, elle est coiffée d'un toit à deux versants droits. L'église s'élève à la jonction de deux artères importantes du village de Vaudreuil. Elle fait partie du noyau institutionnel, qui comprend aussi le presbytère, l'ancien couvent, l'ancien palais de justice et le collège Saint-Michel, classé monument historique. L'église de Saint-Michel se situe dans la municipalité de Vaudreuil-Dorion.
Vingt-trois biens mobiliers de l'église ont été classés.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Michel repose sur l'intérêt de son décor intérieur. Ce décor exceptionnel est composé entre autres d'un ensemble unique de meubles liturgiques (maître-autel, autels latéraux, chaire) fabriqués de 1792 à 1798 par le sculpteur Philippe Liébert (1733-1804) et d'un décor en trompe-l'oeil remarquable exécuté en 1883 par le peintre-décorateur François-Édouard Meloche (1855-1914) avec l'assistance de son collaborateur Toussaint-Xénophon Renaud (1860-1946). Le mobilier de Liébert est caractéristique de sa production ornemaniste qui a fortement influencé celle des sculpteurs associés aux ateliers de Saint-Vincent-de-Paul (atelier des Écores) sur l'île Jésus, principalement actifs dans la région de Montréal au début du XIXe siècle. Il constitue l'ensemble le plus important de cet artiste à subsister aujourd'hui. Le décor de Meloche témoigne par ailleurs d'une pratique populaire dans les dernières décennies du XIXe siècle. Elle consiste à couvrir les murs et la fausse voûte d'éléments architecturaux en trompe-l'oeil et à y intégrer des scènes religieuses. Celui de l'église de Saint-Michel, d'une grande vraisemblance, est l'un des rares exemples aussi complets à être conservés au Québec. L'église possède d'autres éléments peu communs, tels qu'un orgue fabriqué en 1871 par le facteur Louis Mitchell (vers 1823-1902) et le banc seigneurial qui, contrairement aux autres bancs, a conservé sa porte. Peu d'églises québécoises détiennent un tel symbole de la préséance du seigneur dans le cadre des activités paroissiales et religieuses.
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Michel repose aussi sur son intérêt architectural. L'édifice, érigé de 1784 à 1789, illustre la persistance de l'architecture religieuse d'inspiration française après la Conquête (1760) par sa maçonnerie en moellons, par son plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'une abside à pans coupés ainsi que par son toit aigu à deux versants droits. L'emploi de l'abside à pans coupés est plutôt rare après la Conquête. Cette église serait l'une des premières à avoir possédé dès l'origine une sacristie dans le prolongement du choeur, les sacristies occupant auparavant un espace réservé dans le choeur. En 1856, le maître maçon François-Xavier Lacas reconstruit la façade en la mettant, comme c'est le cas pour plusieurs églises au XIXe siècle, au goût du jour. Il reprend cependant le clocher central (l'actuel est construit en 1870 sur le modèle du précédent) et vraisemblablement la distribution des ouvertures. La façade en pierre de taille est ornée d'un imposant portail d'inspiration néoclassique et flanquée de tourelles d'inspiration néogothique, deux styles très en vogue au milieu du XIXe siècle. Cette église rappelle ainsi la persistance de la tradition française et l'évolution de l'architecture religieuse après la Conquête.
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Michel repose également sur son importance dans le paysage. Composantes distinctives du paysage québécois, les églises constituent le coeur des ensembles religieux catholiques. Celle de Saint-Michel se situe dans le noyau institutionnel de l'ancien village de Vaudreuil. Elle domine un ensemble composé du presbytère, du cimetière et du couvent. Le collège Saint-Michel, classé en 1961, et l'ancien palais de justice s'élèvent également à proximité. Cette église témoigne donc de façon éloquente des ensembles religieux catholiques et de leur importance dans l'organisation des agglomérations.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de l'église de Saint-Michel liés à l'intérêt de son décor intérieur incluent, notamment :
- le décor architectural, dont la fausse voûte à arc surbaissé (ornée de doubleaux, d'arêtes et de médaillons sculptés), la corniche, les lambris d'appui du choeur (ornés de pilastres corinthiens) ainsi que les deux tribunes arrière (soutenues par des colonnes corinthiennes et ornées d'un entablement et d'appliques);
- le mobilier liturgique, dont le maître-autel, les autels latéraux et la chaire;
- le décor peint, dont les motifs architecturaux et décoratifs en trompe-l'oeil ainsi que les peintures murales représentant des scènes religieuses;
- le banc seigneurial identifié par des armoiries peintes dans un panneau;
- l'orgue Mitchell;
- les plaques funéraires du bras sud du transept.
Les éléments clés de l'église de Saint-Michel liés à son intérêt architectural incluent, notamment :
- le volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside à pans coupés, le toit aigu à deux versants droits, le clocher à deux lanternes chevauchant le faîte en façade et la sacristie greffée à l'abside dans le prolongement du choeur;
- les matériaux de l'église et de la sacristie, dont la maçonnerie de moellons et la couverture en tôle à la canadienne;
- les composantes de la façade-écran en pierre de taille, dont la porte centrale (en bois, à deux vantaux, surmontée d'une imposte vitrée et cintrée) rehaussée d'une archivolte cintrée, le portail (composé de deux bases, de deux pilastres toscans et d'un entablement), les deux portes latérales (en bois, à vantail simple, surmontées d'une imposte vitrée et cintrée), les fenêtres (en bois, à battants et à petits carreaux, surmontées d'une imposte cintrée), le demi-oculus, les chambranles et les appuis ainsi que les tourelles d'angle octogonales (couronnées d'un pinacle et entourées de bandeaux);
- les composantes des longs-pans, du transept et du choeur, dont les fenêtres rectangulaires (en bois, à battants et à petits carreaux, surmontées d'une imposte cintrée) ainsi que les chambranles et les appuis en pierre de taille;
- les composantes de la sacristie, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants droits, les fenêtres rectangulaires en bois, les chambranles en pierre de taille et la cheminée en moellons inscrite dans le mur pignon.
Les éléments clés de l'église de Saint-Michel liés à son importance dans le paysage incluent, notamment :
- la situation au coeur du noyau institutionnel de l'ancien village de Vaudreuil;
- la relation avec le presbytère, le cimetière, le couvent, le collège Saint-Michel et le palais de justice.