Description du lieu patrimonial
Le site du patrimoine de l'Église-de-Saint-Dominique, constitué en 2006, est un ensemble institutionnel de tradition catholique aménagé de 1912 à 1914. Il comprend l'église paroissiale, son presbytère ainsi qu'un monument du Sacré-Coeur. Le lieu de culte présente un plan en croix latine terminé par un chevet plat encadré de tourelles. Sa façade monumentale est flanquée de tours-clochers surmontées de flèches. Elle est également dotée d'un porche central en saillie. Le presbytère est implanté au sud de l'église. Le corps de logis principal de plan rectangulaire à deux étages et demi est coiffé d'un toit en pavillon percé de lucarnes. Une galerie ceinture l'édifice sur trois côtés et est surmontée d'un balcon en façade. Le monument du Sacré-Coeur s'élève devant le lieu de culte. Le site du patrimoine de l'Église-de-Saint-Dominique est implanté sur une dénivellation d'un terrain paysager. Il est situé en milieu urbain, au coeur d'un secteur ancien de l'arrondissement municipal de Jonquière, dans la ville de Saguenay.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du site de l'Église-de-Saint-Dominique repose sur son intérêt historique. Le site témoigne de l'histoire de cette paroisse considérée comme le premier noyau de peuplement de Jonquière. Une première église en pierre est construite en 1876 sur la rue Saint-Dominique par Thomas Pearson, de Laterrière. C'est autour de cet édifice que naît une première petite agglomération urbaine. L'arrivée du chemin de fer en 1893 et l'implantation d'une usine de pâtes et papiers en 1899 entraînent le développement d'un nouveau noyau de peuplement dans un secteur au nord de la paroisse Saint-Dominique. Devenu trop exigu pour répondre aux besoins de la population croissante, le premier lieu de culte est démoli pour faire place, sur le même site, à l'église actuelle. Celle-ci, beaucoup plus vaste, est érigée de 1912 à 1914. Un presbytère est construit au même moment. Les environs de la seconde église de Saint-Dominique deviennent dès lors le lieu de prédilection des notables qui y font construire des demeures cossues. Le site du patrimoine de l'Église-de-Saint-Dominique témoigne donc de l'évolution de la paroisse Saint-Dominique, berceau de Jonquière.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt architectural. Le lieu de culte témoigne de l'influence du courant éclectique dans l'architecture religieuse au Québec au tournant du XXe siècle. L'éclectisme consiste à associer, dans une recherche de monumentalité et d'effets visuels nouveaux, différents éléments architecturaux et ornementaux puisés dans divers styles historiques. L'église de Saint-Dominique est représentative de ce courant, notamment par sa monumentalité et par l'emploi d'éléments architecturaux variés, dont les deux tours-clochers latérales, le portail central en saillie et la large ouverture cintrée de la façade qui rappellent l'architecture médiévale. Par ailleurs, le presbytère constitue un bel exemple d'un type d'architecture résidentielle très répandu sur le territoire québécois, soit la maison cubique. Communément appelé « Four Square House », ce modèle, qui provient des États-Unis, devient très populaire en raison de son volume simple et spacieux. Le presbytère se rattache à ce type, notamment par son plan carré, l'élévation de deux étages et demi, son toit en pavillon percé de lucarnes en appentis et la galerie qui ceinture l'édifice, surmontée d'un balcon en façade. Les bâtiments du site constituent des exemples représentatifs des styles couramment utilisés dans la conception des édifices institutionnels du début du XXe siècle.
La valeur patrimoniale du site repose en outre sur son association avec l'architecte René-Pamphile Lemay (1870-1915) et le sculpteur Louis Jobin (1845-1928). Lemay, qui conçoit les plans de l'église et de la maison curiale, s'associe de 1896 à 1903 à l'architecte François-Xavier Berlinguet (1830-1916) avec qui il réalise plusieurs ouvrages à Québec, dont l'édifice de la Jacques-Cartier Water and Power Company (vers 1899) et la nouvelle façade du palais épiscopal (1904). À partir de 1903, il travaille seul. Il est bien connu dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean où il conçoit de nombreux bâtiments pour la Compagnie de pulpe de Chicoutimi ainsi que plusieurs résidences bourgeoises. Louis Jobin est considéré comme l'un des statuaires québécois les plus prolifiques du tournant du XXe siècle. On lui doit plusieurs statues religieuses de grandes dimensions, en bois recouvert de métal, dont des calvaires, des Sacré-Coeur et des anges. Les cinq statues recouvertes d'étain qu'il réalise pour l'église de Saint-Dominique en 1913 sont représentatives de son oeuvre par leur facture, leurs dimensions et les matériaux utilisés.
Source : Ville de Saguenay, 2009.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du site du patrimoine de l'Église-de-Saint-Dominique liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- son implantation sur une dénivellation d'un terrain paysager, en retrait de la voie publique, au coeur d'un secteur ancien de Jonquière.
Les éléments clés de l'église de Saint-Dominique liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur en saillie terminé par un chevet plat encadré de deux tourelles ainsi que le toit à deux versants droits;
- les matériaux, dont le parement en granit, la couverture en tôle à baguettes, les éléments architecturaux et ornementaux en pierre calcaire et en bois ainsi que les statues recouvertes d'étain;
- les caractéristiques de la façade, dont les deux tours-clochers latérales (dotées d'une porte à double vantail surmontée d'un tympan cintré à remplage, de fenêtres cintrées, d'un tambour polygonal percé de fenêtres rectangulaires groupées par trois, d'une chambre des cloches à deux niveaux, d'une flèche et d'une croix), le porche central en saillie (composé de trois portes à double vantail surmontées d'un tympan à remplage), la large ouverture cintrée, l'ensemble statuaire de la niche et du porche, la pierre portant le millésime « 1912 » ainsi que la croix du faîte;
- les caractéristiques des longs-pans, du transept et du choeur, dont les saillies à pans coupés, les fenêtres cintrées (certaines incluant un motif de rosaces), les rosaces ainsi que le bandeau;
- les lanterneaux métalliques et la souche de cheminée en pierre.
Les éléments clés du presbytère de Saint-Dominique liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume du corps de logis principal, dont le plan carré, l'élévation de deux étages et demi, le soubassement dégagé, le toit en pavillon percé de lucarnes en appentis et la grande lucarne pignon;
- les matériaux, dont le parement en brique, la couverture en tôle à baguettes ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures, dont les fenêtres rectangulaires, cintrées ou à arc surbaissé à grands carreaux dotées d'impostes vitrées, l'oculus, le portail principal (composé d'une porte à vitrage encadrée de baies latérales et surmontée d'une imposte vitrée) et la porte latérale à vitrage surmontée d'une imposte;
- l'ornementation, dont les colonnes à chapiteau, les garde-corps, l'entablement, les chaînes d'angle, les arcs en brique, la corniche ainsi que la croix;
- la galerie ceinturant l'édifice sur trois côtés et surmontée d'un balcon en façade;
- l'annexe arrière, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages, le toit plat, le parement de brique, les ouvertures rectangulaires à grands carreaux et la souche de cheminée en brique.