Description of Historic Place
La loge maçonnique Golden Rule no 5, citée monument historique, est un bâtiment en bois construit en 1860. Il présente un plan rectangulaire, une élévation de deux étages et est coiffé d'un toit à deux versants droits. La façade, aménagée sur un mur pignon, est dotée d'un portail d'ordre dorique. Une annexe en appentis d'un étage est adossée au mur arrière. La loge maçonnique est implantée sur un terrain dégagé au relief peu accusé, à proximité de plusieurs bâtiments d'intérêt patrimonial. Elle se situe en bordure d'une des artères principales de la ville de Stanstead.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la loge maçonnique Golden Rule no 5 repose sur son intérêt architectural. Elle constitue un exemple représentatif de l'utilisation du style néogrec dans la région de Stanstead, au milieu du XIXe siècle. Le néoclassicisme, apparu vers la fin du XVIIIe siècle, puise au départ son inspiration dans la Rome antique. Au début du siècle suivant, l'architecture grecque est redécouverte. Associée à des idéaux démocratiques, elle gagne rapidement en popularité aux États-Unis, notamment en Nouvelle-Angleterre. Entre 1820 et 1865, des édifices de toutes fonctions sont construits sur le modèle du temple hellénistique. Ils se distinguent par l'aménagement de la façade sur un mur pignon et par l'emploi de colonnes ou de pilastres doriques sans base. La loge maçonnique Golden Rule no 5 se rattache à ce style notamment par son plan rectangulaire, son toit à deux versants droits, par les pilastres corniers doriques ainsi que les retours de corniche évoquant un fronton sur le pignon de la façade. Le portail central, composé de pilastres surmontés d'un entablement, tout comme l'ouverture circulaire percée dans le pignon, constitue également un élément répandu dans l'architecture néogrecque. Par ailleurs, le parement de planches à clin, très populaire en Nouvelle-Angleterre, témoigne également de l'influence des méthodes de construction étasuniennes sur l'architecture de cette région frontalière.
La valeur patrimoniale de la loge maçonnique Golden Rule no 5 repose également sur son intérêt historique. Elle rappelle l'implantation et le développement d'une loge de la fraternité des francs-maçons à Stanstead, au XIXe siècle. Les origines de la franc-maçonnerie remontent probablement au début du XVIIIe siècle. Il s'agit d'une organisation philosophique et philanthropique réservée aux hommes. Ceux-ci y trouvent un lieu d'échange détaché des idéologies politiques ou religieuses. Au Québec, les premières loges sont des regroupements francs-maçons locaux; elles sont fondées à la fin du Régime français. Au tournant du XIXe siècle, la plupart des loges du Bas-Canada sont toutefois fréquentées par des anglophones anglicans ou protestants. En effet, l'Église catholique condamne sévèrement ceux qui se joignent à cette fraternité. À cette époque, l'organisation est aussi très présente en Nouvelle-Angleterre, dans toutes les agglomérations d'une certaine importance. En 1803, la loge nommée « Lively Stone Lodge no 22 » est fondée dans le canton de Derby, au Vermont, tout près de la frontière canadienne. Cette loge est aussi fréquentée par des résidents de Stanstead. Un incendie détruit le bâtiment où se tiennent d'abord les rencontres. Un autre local est alors construit sur la frontière, vraisemblablement en 1803 ou en 1804. Les deux entrées disposées dans chacun des pays permettent aux francs-maçons de tenir ensemble leurs réunions sans franchir officiellement la frontière. Après le début de la guerre de 1812, les francs-maçons de Stanstead décident de former leur propre loge. Le 27 décembre 1813 marque la date de la fondation sous le nom de « Golden Rule Lodge no 19 ». Il s'agit vraisemblablement de la plus ancienne loge maçonnique de l'Estrie. En 1815, la fraternité aménage un lieu de rencontre dans la taverne d'Adam Noyes. À la fin des années 1820, un courant de pensée antimaçonnique entraîne la disparition de nombreuses loges en Nouvelle-Angleterre et au Québec, y compris celle de Stanstead. Elle est recréée en 1846 par d'anciens membres. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs notables des environs se joignent à la fraternité, qui regagne ses lettres de noblesse. Le 26 juin 1860, la pierre angulaire du bâtiment actuel est posée. Aujourd'hui, ce local est encore utilisé par la loge de Stanstead, renommée « Golden Rule no 5 ». Il rappelle la présence ancienne de francs-maçons dans la région.
Source : Ville de Stanstead, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de la loge maçonnique Golden Rule no 5 liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages, le toit à deux versants droits ainsi que l'annexe arrière en appentis et à un étage;
- les matériaux, dont le parement de planches à clin, la couverture en tôle ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures, dont leur disposition symétrique en façade, le portail central (composé d'une porte en bois à panneaux et à double vantail, de pilastres doriques et d'un entablement), les fenêtres rectangulaires à guillotine et à carreaux, les fenêtres de petites dimensions sur les côtés de l'étage supérieur, l'ouverture circulaire ainsi que les chambranles;
- l'ornementation, dont la corniche moulurée, les retours de corniche et les pilastres corniers d'ordre dorique;
- la souche de cheminée en brique.
Les éléments clés de la loge maçonnique Golden Rule no 5 liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain dégagé au relief peu accusé, à proximité de plusieurs bâtiments d'intérêt patrimonial (dont l'église Christ Church), en bordure de l'artère principale de l'ancien village de Stanstead Plain;
- l'inscription « EST 1803 » en façade.