Description of Historic Place
L'arrondissement historique de La Prairie, décrété en 1975, couvre une superficie de 220 acres et comprend un noyau villageois ainsi que deux zones tampons qui s'étendent au nord et au sud de celui-ci. Il est délimité par le fleuve Saint-Laurent à l'ouest, la rue Saint-Laurent à l'est, la rivière Saint-Jacques au nord et la rue Longtin au sud. Ce périmètre correspond à l'emplacement de la mission des Jésuites, du fort de La Prairie ainsi que du vieux bourg. Le territoire de l'arrondissement se compose de basses terres fertiles au relief peu accusé, la partie du vieux bourg se trouvant sur l'une des rares éminences.
Ce secteur a rempli plusieurs fonctions au cours de son histoire en raison de son emplacement stratégique sur la route maritime, terrestre et ferroviaire reliant Montréal et la Nouvelle-Angleterre entre les XVIIe et XIXe siècles. En effet, La Prairie se situe sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, face à l'île de Montréal. La ville occupe les rives d'une baie en aval du lac Saint-Louis et des rapides de Lachine. Le lieu est particulièrement bien desservi par un réseau hydrographique qui facilite l'accès à la rivière Richelieu et donc à tout le territoire continental au sud de Montréal. Le vieux bourg, de forme trapézoïdale, évoque le relief naturel, mais n'en est pas le reflet exact. Par exemple, l'emplacement de l'église paroissiale a été considérablement rehaussé, pour mettre à l'abri des inondations les sépultures qui l'entouraient jusqu'à la fin du XIXe siècle.
L'arrondissement historique de La Prairie comprend plusieurs sites archéologiques amérindiens préhistoriques et euroquébécois inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec. Il compte quelque 283 bâtiments, dont 113 édifices de valeur patrimoniale, 60 édifices contemporains et 90 dépendances.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'arrondissement de La Prairie repose sur son intérêt historique. Longtemps, ce territoire est la tête de pont d'un couloir de liaison majeur entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu. Fréquenté par les Amérindiens depuis la préhistoire, il est concédé en seigneurie aux Jésuites en 1647 et une mission est fondée vingt ans plus tard. La Prairie joue un rôle stratégique pour la défense de Montréal avec l'érection d'une palissade en pieux en 1687, dont l'alignement se voit encore dans le tracé de la ville. Le bourg s'impose aussi dans le réseau des échanges commerciaux. La paroisse, créée en 1692, est l'une des plus anciennes de la région de Montréal et l'une des plus populeuses jusqu'à son démembrement en 1752. Après la Conquête (1760), des commerçants britanniques s'installent à La Prairie et prennent en main l'économie. Son expansion est accélérée par la mise en place du premier chemin de fer canadien en 1836. C'est l'âge d'or du bourg. L'incendie de 1846 le détruit presque entièrement et la construction de nouvelles infrastructures de transport entraîne son déclin. Vers 1890, l'ouverture de briqueteries donnera un nouvel essor à son économie. De nos jours, l'arrondissement témoigne du passé de La Prairie et de son importance dans l'histoire du Québec.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose aussi sur son intérêt archéologique. Les sites recensés permettent de reconstituer les campements amérindiens préhistoriques, la mission jésuite, le fort français, le cadre bâti durant le régime seigneurial ainsi que les briqueteries du XIXe siècle. Les archéologues ont notamment mis au jour les vestiges d'une habitation semi-souterraine du XVIIe siècle de tradition médiévale peut-être unique au Québec. Les composantes archéologiques illustrent le système défensif en Nouvelle-France, documentent les échanges sociaux et économiques entre les Amérindiens et les colons ou encore évoquent la vie domestique et les pratiques religieuses. Elles témoignent de l'importance géographique du lieu et de l'ancienneté de son occupation.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose également sur l'intégrité de sa trame villageoise. Le réseau actuel du vieux bourg est formé d'anciennes rues étroites et irrégulières qui rappellent le tracé trapézoïdal de l'ancien fort. Les deux principales artères sont tracées au XVIIe siècle. Les bâtiments occupent des lots étroits et profonds, mais sont implantés en bordure de la rue ou avec une faible marge de recul de la voie publique. Le chemin Saint-Jean mène de la mission jésuite et de la maison seigneuriale à la rivière Richelieu. L'intersection de la rue Sainte-Marie et du chemin Saint-Jean évoque l'ancienne église paroissiale et la première place du marché. Les rues Saint-Georges et Sainte-Marie sont tracées au XVIIIe siècle. Enfin, le mur d'une digue érigée en bordure du fleuve à la fin du XIXe siècle retrace l'emplacement initial du rivage, aujourd'hui très éloigné en raison du remblayage occasionné par la construction de la voie maritime du Saint-Laurent et d'une autoroute. La trame de l'arrondissement témoigne donc de près de quatre siècles d'histoire.
La valeur patrimoniale de l'arrondissement repose enfin sur sa concentration de bâtiments anciens. Environ 50 pour cent de ceux-ci ont plus de cent ans et deux habitations remonteraient au Régime français. Les résidences en bois du XIXe siècle dominent le paysage. L'église, conçue en 1840 par Pierre-Louis Morin (1811-1886), est l'un des éléments architecturaux les plus intéressants du secteur. Sa façade et son décor intérieur, rénovés en 1856, sont l'oeuvre de l'architecte Victor Bourgeau (1809-1888). L'édifice en brique rouge du Vieux-Marché (milieu du XIXe siècle) et l'ancien bureau de poste en pierre (1892) comptent aussi parmi les édifices remarquables de La Prairie.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Character-Defining Elements
Les éléments clés liés à la valeur historique et archéologique de l'arrondissement historique de La Prairie comprennent, notamment :
- sa situation stratégique sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, face à l'île de Montréal, sur les rives d'une baie en aval du lac Saint-Louis et des rapides de Lachine;
- les composantes archéologiques témoignant de l'occupation amérindienne du lieu, dont les vestiges de campements amérindiens du Sylvicole moyen et supérieur (principalement datés entre 500 après J.-C. et 1200 après J.-C.);
- les composantes archéologiques associées au Régime français, dont la mission jésuite et les vestiges de la palissade en pieux du fort français;
- les vestiges d'une habitation semi-souterraine du XVIIe siècle unique à ce jour au Québec;
- les composantes archéologiques témoignant du cadre bâti au cours du régime seigneurial, dont les vestiges du manoir seigneurial et d'un moulin banal;
- les composantes témoignant des fonctions domestiques, religieuses, commerciales et industrielles, dont les vestiges du vieux marché, d'une auberge, de bâtiments à vocation résidentielle et artisanale (briqueteries), de voies de communication, d'un cimetière et de bâtiments à caractère religieux et institutionnel.
Les éléments clés liés à l'intégrité de la trame villageoise de l'arrondissement comprennent, notamment :
- le tracé étroit et irrégulier des rues;
- l'implantation des bâtiments en bordure ou avec une faible marge de recul de la voie publique;
- les lots étroits et profonds;
- la densité d'occupation du sol;
- la situation de l'ensemble institutionnel dans la trame;
- la rue Saint-Ignace et le chemin Saint-Jean datant du XVIIe siècle;
- les rues Sainte-Marie et Saint-Georges datant du XVIIIe siècle;
- le mur de la digue érigée en bordure du fleuve à la fin du XIXe siècle.
Les éléments clés liés à la concentration de bâtiments anciens de l'arrondissement comprennent, notamment :
- les bâtiments résidentiels, dont deux maisons remontant probablement au Régime français (240 et 380, rue Saint-Ignace), les maisons en pierre, en brique ou en bois construites ou réaménagées après les incendies de 1846 et de 1901;
- les bâtiments publics et commerciaux, dont l'édifice du Vieux-Marché en brique (milieu du XIXe siècle), le bureau de poste de style richardsonien avec ses ouvertures cintrées et sa maçonnerie en pierre à bossage (1892), l'ancienne banque (dotée d'un toit en ardoise) et l'ancien magasin général;
- les édifices institutionnels, dont l'église (1840-1856), le presbytère (1910), le couvent de la congrégation de Notre-Dame (1902), la chapelle de l'ensemble conventuel des Soeurs de la Providence (deuxième moitié du XIXe siècle), le reste de l'ensemble conventuel des Soeurs de la Providence (après 1901), le charnier au nord-est de l'église (1834) et l'ancien muret du cimetière (1817-1861);
- les nombreux bâtiments secondaires.