Description of Historic Place
Le site historique de la Chute-Montmorency, classé en 1994, est un territoire naturel comportant des constructions à vocation touristique et récréative. Il est constitué de la rivière et de la chute, haute de 84 mètres, d'éléments hydriques et géomorphologiques exceptionnels ainsi que d'aménagements, de structures, de bâtiments et de vestiges d'établissements agricoles du XVIIe siècle, de maisons de ferme du XVIIIe siècle, d'activités industrielles du XIXe et d'activités touristiques des XIXe et XXe siècles. Le site s'étend sur deux niveaux formés par une importante faille, soit le plateau de la rivière Montmorency et le bassin de la chute, à la hauteur du fleuve Saint-Laurent. L'escarpement est partiellement boisé.
La portion du site en amont de la chute forme un corridor long de plus de 2 km constitué de la rivière et de ses rives boisées. Elle présente des phénomènes géomorphologiques tels qu'un champ de dolines, des marmites, des dépôts de blocs erratiques, la chute des Marches-Naturelles, haute de 19 mètres et harnachée par des installations hydroélectriques, et l'entrée du réseau des grottes de Courville. À la limite nord, le site comprend les vestiges d'un moulin à scie. À cet endroit, son tracé bifurque vers l'est sur près de 1 km pour englober le lit fossilifère de la rivière Ferrée de même que l'entrée du réseau des grottes de Boischatel. Les eaux des rivières Ferrée et Montmorency sont captées par ces réseaux de grottes et forment des résurgences en plusieurs endroits.
Le secteur entre la chute et l'embouchure de la rivière couvre environ 1 km carré et englobe le parc de la Chute-Montmorency. À l'ouest de la chute, il comprend le manoir Montmorency, ses dépendances et la chute de la Dame Blanche, formée par les résurgences des grottes de Courville. Cette portion compte également les vestiges de moulins et des premières installations hydroélectriques. À l'est, il inclut un escarpement de schiste, une cédrière, des maisons datant du XVIIIe siècle ainsi qu'une redoute britannique reconstituée. Ce secteur offre des points de vue spectaculaires sur les environs.
Situé sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, face à l'île d'Orléans, le site historique de la Chute-Montmorency est à 12 km du centre-ville de Québec. Il chevauche l'arrondissement municipal de Beauport de la ville de Québec et la municipalité de Boischatel, dont la frontière est constituée par la chute et la rivière Montmorency. Six sites archéologiques connus sont associés au lieu, qui comprend également deux monuments historiques cités, soit les maisons Vézina (vers 1720) et Claude-Gilbert-et-Claire-Gagnon.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site historique de la Chute-Montmorency repose sur son intérêt historique. Son histoire est liée à diverses activités humaines et au territoire qui l'entoure. Son occupation remonte à la préhistoire, alors que le lieu est fréquenté par les Amérindiens. Dès 1542, la chute est utilisée comme point de repère par les explorateurs français. En 1603, Samuel de Champlain (vers 1570-1635) la nomme « Sault de Montmorency ». Le territoire environnant est l'un des premiers établissements euroquébécois de la vallée du Saint-Laurent. La rivière est, en effet, utilisée comme limite entre deux des premières seigneuries concédées en Nouvelle-France, Beauport (1634) et Beaupré (1636). Pendant le siège de Québec (1759), la chute et la rivière forment la ligne de démarcation entre les campements français et britanniques. La bataille de Montmorency se déroule à l'ouest de la chute. En 1780, le gouverneur sir Frederick Haldimand (1718-1791) fait ériger sa résidence d'été près de la chute, première villa palladienne construite au Canada. Dès le tournant du XIXe siècle, le site attire la population locale, les visiteurs étrangers et les artistes. À partir de 1880, il acquiert une grande notoriété grâce à sa vocation récréative. Des infrastructures touristiques sont aménagées, notamment deux hôtels. Le site est aussi utilisé à des fins industrielles entre 1811 et 1986 : moulins à scie, centrales hydroélectriques et usines de textile s'y installent. Des sites archéologiques témoignent de ces diverses activités. En 1967, le parc de la Chute-Montmorency est aménagé. De nos jours, le site historique de la Chute-Montmorency est un lieu touristique de réputation internationale qui témoigne de la diversité des activités qui s'y sont déroulées.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur l'intérêt exceptionnel de son paysage. Il est remarquable pour ses éléments naturels auxquels s'intègrent des réalisations humaines architecturales, paysagères, touristiques et industrielles. Son attrait est dû, entre autres, à l'escarpement d'où se précipite la rivière Montmorency, impressionnante par sa hauteur - il s'agit de la plus haute chute du Québec - et son débit. Ce phénomène naturel s'accompagne de manifestations hydrologiques et géomorphologiques non moins spectaculaires, dont le « pain de sucre » qui se forme l'hiver par la congélation de la bruine de la chute, la cuvette que la chute a sculptée dans le schiste, les résurgences et les grottes. La chute, qui présente un fort potentiel emblématique, forme un point de repère et captive les visiteurs depuis l'époque de la Nouvelle-France. Son caractère sublime, qui répond à cette recherche d'émotions fortes devant le beau apparue avec le mouvement romantique au XVIIIe siècle, inspire de nombreux artistes et auteurs. Les visiteurs sont autant attirés par les points de vue sur le site même que par les panoramas qu'il offre sur le fleuve Saint-Laurent, l'île d'Orléans et la ville de Québec.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt ethnologique, pour la diversité des phénomènes culturels qu'il évoque. D'une part, il s'agit d'un lieu imaginaire peuplé de légendes, dont celle de la Dame blanche, illustrée dans le toponyme de l'une des chutes. D'autre part, l'endroit rappelle, par la présence du manoir sur l'emplacement de la villa construite par le gouverneur Haldimand, une pratique encore inconnue au Québec et au Canada à la fin du XVIIIe siècle : la villégiature. Il constitue l'un des sites les plus spectaculaires parmi ceux recherchés par ses adeptes et un lieu de socialisation et de divertissement fort connu. Au XIXe siècle, il encadre les promenades dominicales et plusieurs activités sportives, abondamment représentées dans l'iconographie populaire. Parmi elles, l'escalade sur glace constitue encore aujourd'hui une activité fort populaire.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques du site historique de la Chute-Montmorency liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, face à l'île d'Orléans, à 12 km à l'est du centre-ville de Québec;
- sa position chevauchant l'arrondissement municipal de Beauport de la Ville de Québec et la municipalité de Boischatel;
- les éléments bâtis témoignant des diverses activités humaines qui s'y sont déroulées, dont le manoir Montmorency et ses dépendances, la chapelle anglicane St. Mary's, la maison du gardien, la maison Wolfe, la redoute britannique de 1759 reconstituée, le pont enjambant le haut de la chute Montmorency, les piliers du pont de 1856, les vestiges industriels, notamment les installations hydroélectriques de la chute Montmorency et de la chute des Marches-Naturelles;
- les deux monuments historiques cités, soit la maison Vézina et la maison de Claude-Gilbert-et-Claire-Gagnon;
- les sites archéologiques et le potentiel archéologique encore enfoui dans le sol.
Les éléments caractéristiques du site liés à l'intérêt de son paysage comprennent, notamment :
- les éléments naturels situés en amont de la chute Montmorency, dont la rivière Montmorency, ses rives boisées, la chute des Marches-Naturelles, les dolines, les formations de roches calcaires, les formations de marmites, les dépôts de blocs erratiques, les résurgences, l'entrée du réseau des grottes de Courville, le lit fossilifère de la rivière Ferrée et l'entrée du réseau des grottes de Boischatel;
- les éléments naturels situés dans le secteur de la chute Montmorency et en aval, dont la chute elle-même, l'escarpement partiellement boisé, la chute de la Dame Blanche, les boisés dont une cédrière, les résurgences, le bassin de la chute Montmorency, l'embouchure de la rivière Montmorency et les formations géologiques apparentes à cet endroit;
- les éléments construits datant des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, dont les aménagements paysagers du parc de la Chute-Montmorency, les belvédères, les escaliers et les nombreux sentiers;
- les points de vue sur le site même et les panoramas englobant le fleuve Saint-Laurent, l'île d'Orléans et la ville de Québec.