Description of Historic Place
L'église de Saint-Hilaire, classée en 1965, est un lieu de culte catholique d'inspiration néoclassique et néogothique construit de 1830 à 1837. Cet édifice en pierre présente un plan composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux et d'un choeur plus étroit à chevet plat. Sa façade-écran masque la pente du toit à deux versants légèrement retroussés. Elle comporte deux ressauts, de part et d'autre d'un corps central surmonté d'un clocher d'inspiration néogothique. La sacristie en pierre se greffe au chevet dans le prolongement du choeur. De plan rectangulaire à un étage, elle est coiffée d'un toit à deux versants droits. L'église se situe au coeur du noyau villageois de la ville de Mont-Saint-Hilaire. Elle s'élève entre la rivière Richelieu qui coule à proximité et le mont Saint-Hilaire.
L'église contient trente tableaux classés oeuvres d'art.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'église de Saint-Hilaire repose sur l'intérêt de son décor intérieur. Le lieu de culte renferme le premier décor entièrement conçu par le peintre de Mont-Saint-Hilaire Ozias Leduc (1864-1955), une oeuvre qui lui a procuré une grande renommée. Accompli de 1896 à 1900, l'ensemble de quinze toiles traite des thèmes fondamentaux du christianisme et de la pratique de la vie chrétienne. Parmi eux figure un sujet novateur dans la peinture religieuse au Québec, soit celui des sept sacrements, symbolisés par des passages du Nouveau Testament. De plus, certaines toiles telles que « L'Assomption » ont souvent servi de modèle. Le traitement témoigne du souci de l'artiste de rapprocher ses scènes des fidèles par les objets et les paysages familiers qui y sont campés. D'une grande unité formelle, l'ensemble s'intègre au décor architectural. Exécuté en 1842 d'après celui réalisé de 1826 à 1830 à la basilique Notre-Dame de Montréal, ce dernier est à l'avant-garde de la vogue néogothique au Québec. Les trois autels, datant de 1854 et de 1879, complètent cet intérieur très homogène. Par ailleurs, la chaire est fabriquée dans les années 1830 par le sculpteur et entrepreneur Augustin Leblanc (1799-1882), d'après celle qu'Urbain Brien dit Desrochers (1781-1860) a faite en 1812 pour l'église de Saint-Grégoire de Bécancour. Cette chaire reflète la pratique autonome de certains sculpteurs du XIXe siècle qui s'inspirent librement de la production propre à l'atelier des Écores.
La valeur patrimoniale de l'église repose aussi sur son intérêt architectural. L'édifice, érigé de 1830 à 1837, illustre l'influence du néoclassicisme et témoigne de l'émergence du néogothique dans l'architecture religieuse au Québec. D'une part, les chaînes d'angle en pierre de taille, l'organisation des ouvertures, l'oculus en façade et les fenêtres cintrées des longs-pans sont typiques du néoclassicisme. D'autre part, les ouvertures en arc brisé de la façade et du clocher se rattachent au néogothique. Cette façade prend pour modèle celle de l'église de Saint-Sulpice (1831), située au nord-est de Montréal. Elle témoigne du mimétisme, courant au XIXe siècle. Aujourd'hui, l'aspect de l'église est presque identique à celui de 1837, à l'exception du clocher d'inspiration néogothique qui a remplacé le précédent en 1874.
La valeur patrimoniale de l'église repose également sur son importance dans le paysage. Composantes distinctives du paysage québécois, les églises constituent l'élément majeur des ensembles paroissiaux catholiques et signalent la présence des noyaux villageois. L'église de Saint-Hilaire domine un ensemble composé du presbytère et de l'ancienne grange à dime. Située face à la rivière Richelieu, elle constitue un véritable point de repère.
La valeur patrimoniale de l'église repose en outre sur son intérêt pour l'histoire du tourisme et de la villégiature au Québec. Le décor peint de Leduc est exécuté à une époque où la localité est fréquentée par de riches touristes canadiens et étatsuniens ainsi que par des villégiateurs. Attirés par la rivière et la montagne, ils deviennent plus nombreux à partir des années 1870. Pour financer les travaux, le curé Joseph-Magloire Laflamme (1848-1926) organise des loteries, des bazars, des fêtes et des collectes, annoncés dans des journaux locaux et montréalais en 1896 et 1897. Le décor voit ainsi le jour alors que le lieu s'affirme comme destination de voyage.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de l'église de Saint-Hilaire liés à l'intérêt de son décor intérieur comprennent, notamment :
- le décor peint, dont l'ensemble de quinze toiles marouflées (« L'Adoration des Mages », « L'Ascension », « Saint Hilaire composant son traité de la religion », « L'Assomption », « Le Mariage de la Vierge », « Le Christ remettant les clés à saint Pierre », « Saint Jean », « Saint Luc », « Le Baptême du Christ », « Le Christ dans la maison de Simon », « Le Souper d'Emmaüs », « Saint Matthieu », « Saint Marc », « La Pentecôte » et « La Mort de saint Joseph ») ornant les murs du choeur et de la nef, la toile marouflée représentant une tête d'ange au-dessus de la porte menant au chemin couvert, les quatorze toiles marouflées du chemin de croix placé dans la nef ainsi que les lignes ornementales et les motifs symboliques (vigne, laurier, lierre, attributs divins et instruments de la Passion) peints au pochoir sur les murs et la voûte;
- le décor architectural, dont la fausse voûte d'ogives à lunettes du choeur et des collatéraux, la fausse voûte en arc brisé du vaisseau central, la fausse abside polygonale ornée d'une grille ornementale en bois occupant les trois arcs brisés au centre, les piliers fasciculés séparant le vaisseau central des collatéraux ainsi que les piliers fasciculés à demi engagés du choeur;
- le mobilier liturgique, dont le maître-autel et les autels latéraux d'inspiration néogothique ainsi que la chaire et son escalier d'inspiration Louis XV;
- les vitraux du choeur;
- les lampes électriques;
- les bancs de la nef (dont ceux à l'avant ornés de fleurons) et les stalles du choeur;
- la tribune arrière logeant un orgue;
- le plancher de bois.
Les éléments clés de l'église de Saint-Hilaire liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à trois vaisseaux et d'un choeur plus étroit à chevet plat, le toit à deux versants légèrement retroussés, le clocher d'inspiration néogothique sur le faîte à l'avant, la sacristie greffée au chevet dans le prolongement du choeur et le chemin couvert greffé contre le mur gauche du choeur et de la sacristie;
- les matériaux, dont la maçonnerie en moellons, la façade en moellons équarris, certains détails architecturaux en pierre de taille, la couverture en tôle à la canadienne, le recouvrement en tôle du clocher et les ouvertures en bois;
- les composantes de la façade-écran masquant la pente du toit, dont les ressauts latéraux se prolongeant sur les longs-pans, la porte centrale à deux vantaux et les portes latérales surmontées d'un tympan vitré en arc brisé, les trois fenêtres en arc brisé à lancettes, l'oculus ovale, les chambranles et les chaînes d'angle en pierre de taille ainsi que les retours de corniche;
- les composantes des longs-pans, dont les fenêtres cintrées à lancettes et les chambranles en pierre de taille;
- le chevet au pignon revêtu de tôle à la canadienne;
- les composantes de la sacristie de plan rectangulaire à un étage, dont le toit à deux versants droits, les retours de corniche sur le mur pignon, les fenêtres rectangulaires ainsi que les chambranles en pierre de taille;
- les composantes du chemin couvert, dont le toit en appentis ainsi que les fenêtres rectangulaires.
Les éléments clés de l'église de Saint-Hilaire liés à son importance dans le paysage comprennent, notamment :
- la situation au coeur du noyau villageois de la ville de Mont-Saint-Hilaire, entre la rivière Richelieu et le mont Saint-Hilaire.