Description du lieu patrimonial
Les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice, classées monument historique, sont deux constructions cylindriques en moellons érigées en 1685. Pourvues de meurtrières et coiffées d'un toit conique hexagonal couvert de bardeaux de cèdre, ces tours formaient à l'origine les bastions sud-est et sud-ouest d'un fort construit par les Sulpiciens sur le flanc sud du mont Royal. Les tours sont aujourd'hui situées en bordure de la rue Sherbrooke, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. Elles bénéficient d'une aire de protection et sont associées à des sites inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
Les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice font partie du domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice, classé site historique.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale des tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice repose sur leur intérêt historique. Érigées en 1685, ces tours sont, avec le vieux séminaire de Saint-Sulpice et la maison Saint-Gabriel, les plus anciennes constructions en pierre de la région de Montréal qui subsistent. Elles témoignent des origines religieuses de Ville-Marie et, plus particulièrement, de l'oeuvre missionnaire et éducatrice des Sulpiciens et de la congrégation de Notre-Dame. Leurs fonctions successives depuis trois siècles rappellent les mutations de l'activité sulpicienne sur les flancs du mont Royal : mission amérindienne et ouvrage défensif au XVIIe siècle; lieu de villégiature et exploitation agricole au XVIIIe siècle; complexe institutionnel à partir du milieu du XIXe siècle. Ainsi les tours, après avoir logé les religieuses et l'école de la mission, sont transformées en dépendances agricoles puis, pour l'une d'elles, en chapelle de la résidence-château. Elles survivent à la démolition de la résidence et du fort vers 1860, lors de la construction du Grand Séminaire de Montréal.
La valeur patrimoniale des tours repose également sur leur intérêt pour l'histoire de l'architecture militaire du XVIIe siècle. Il s'agit de la plus ancienne structure défensive encore debout sur l'île de Montréal. Construites dans le contexte de la deuxième guerre iroquoise (1684-1700), les tours constituent les témoins d'un ensemble défensif formé d'un enclos en pierre bastionné. Elles occupaient chaque coin du fort et leurs meurtrières permettaient de couvrir l'angle du flanc extérieur du bastion opposé. Par leurs dimensions, par l'épaisseur des murs et par leur toit conique hexagonal à égout retroussé couvert à l'origine d'ardoise, ces ouvrages répondent aux principes de l'architecture militaire d'alors. Leur implantation sur un talus au pied du mont Royal conférait une excellente position défensive à l'ensemble. Les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice sont également associées à François Vachon de Belmont (1645-1732), responsable de la mission de la Montagne, cinquième supérieur des Sulpiciens, concepteur du fort et de la résidence-château ainsi que de divers ouvrages d'architecture et de génie civil.
La valeur patrimoniale des tours repose aussi sur l'intérêt des sites archéologiques contigus. Des fouilles ont en effet mis au jour plusieurs vestiges architecturaux du fort. Il s'agit notamment de sections des courtines sud et ouest, des fondations de la chapelle et de vestiges de sa toiture, ainsi que des fondations, du perron en fer à cheval et d'une voûte de la résidence-château. Ont aussi été mis au jour des éléments qui témoignent des activités domestiques et agricoles menées à l'extérieur du fort proprement dit : fondations d'un four à pain attenant à la tour sud-est, de même que d'un bâtiment agricole et d'un segment des murs du domaine construits à l'ouest du fort. Enfin, aux composantes d'un système de drainage s'ajoutent les traces de travaux successifs de terrassement et de voies de circulation.
La valeur patrimoniale des tours repose enfin sur l'intérêt de leur environnement paysager. Ces constructions sont situées en bordure d'un parterre et à proximité d'arbres matures. L'environnement évoque un aménagement qui remonte au XVIIIe siècle. En effet, la démolition de la chapelle du fort en 1797 et la création d'une porte cochère dans la courtine sud conduisent à des travaux de terrassement et à la mise en place d'un parterre pour la résidence-château. La plantation d'arbres dans la deuxième moitié du XIXe siècle contribue à l'harmonie de l'ensemble.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques des tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice associés à leur intérêt historique comprennent, notamment :
- leur emplacement sur un talus au pied du mont Royal;
- la présence de foyers témoignant des fonctions résidentielles et scolaires des lieux entre 1685 et 1705;
- la proximité de vestiges archéologiques.
Les caractéristiques des tours associées à leur intérêt architectural comprennent, notamment :
- leur volume, dont la forme cylindrique et le toit conique hexagonal;
- leurs matériaux, dont la maçonnerie de moellons, les chambranles en pierre de taille, la charpente en pin de la toiture et la couverture en bardeaux de cèdre;
- les ouvertures de la tour est du même aplomb, comprenant une fenêtre à guillotine à petits carreaux ainsi qu'une porte dotée d'une fenêtre à petits carreaux et d'une fenêtre latérale;
- les ouvertures de la tour ouest, comprenant une fenêtre à guillotine à petits carreaux et une porte dotée d'une fenêtre à petits carreaux du même aplomb ainsi qu'une fenêtre à battants à petits carreaux;
- la croix couronnant la tour ouest;
- la girouette et le coq couronnant la tour est.
Les éléments caractéristiques des tours associés à leur intérêt archéologique comprennent, notamment :
- les sections des courtines sud et ouest;
- les fondations de la chapelle et les vestiges de sa toiture;
- les fondations, le perron en fer à cheval et une voûte de la résidence-château;
- les fondations d'un four à pain attenant à la tour sud-est;
- les fondations d'un bâtiment agricole et d'un segment des murs du domaine construits à l'ouest du fort;
- des composantes d'un système de drainage ainsi que les traces de travaux successifs de terrassement et de voies de circulation à l'intérieur du fort.
Les éléments caractéristiques des tours associés à l'intérêt de leur environnement paysager comprennent, notamment :
- la proximité d'un parterre et d'arbres matures.