Description du lieu patrimonial
L'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal, classé monument historique, est un immeuble d'influence néo-georgienne construit en 1912 et 1913 pour loger l'association des diplômés de l'Université McGill. Il adopte un plan étroit et profond et comprend quatre étages à l'avant et cinq à l'arrière. La façade principale en brique et en pierre comporte un balcon au second étage et est couronnée d'une balustrade qui camoufle une toiture plate. L'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal s'inscrit dans la trame serrée de l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. Il bénéficie d'une aire de protection.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal repose sur la qualité de son architecture. Le bâtiment tient à la fois des maisons en rangée britanniques de la période georgienne (1714-1830) et des clubs londoniens comme le Reform Club conçu en 1838 par sir Charles Barry (1795-1860). Le club privé étant une tradition anglaise, l'édifice s'inspire judicieusement de l'architecture britannique associée à ce type de bâtiments. Le rez-de-chaussée traité en soubassement, le second étage (ou bel étage) percé de portes-fenêtres cintrées, l'étage attique de plus faible élévation couronné d'une balustrade ainsi que les ornements de la façade principale sont des caractéristiques puisées dans l'architecture néoclassique anglaise. De plus, les matériaux choisis, dont la brique de La Prairie et le calcaire blond de l'Indiana, sont prestigieux. L'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal, par ses formes architecturales et les matériaux employés, témoigne de sa construction pour une clientèle anglophone aisée.
La valeur patrimoniale de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal repose aussi sur l'intérêt de son décor intérieur. Celui-ci se distingue, notamment, par sa facture Arts and Crafts. Ce mouvement, né au tournant du XXe siècle, s'oppose à l'esthétique qui prédominait dans les intérieurs de l'époque victorienne caractérisés par une surcharge décorative, des ornements et des meubles produits en série ainsi que par la multiplication des styles. Conformément aux idéaux du mouvement Arts and Crafts, l'architecte a su créer un ensemble harmonieux à partir d'un décor et d'un mobilier originaux réalisés selon des critères élevés de qualité. Les plafonds et les cheminées des grandes salles, l'escalier elliptique, les vitraux sont autant de composantes décoratives qui tirent profit de matériaux nobles et d'un savoir-faire artisanal. Une grande partie du mobilier a aussi été conçue par l'architecte. L'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal présente donc un intérieur Arts and Crafts complet et bien conservé.
La valeur patrimoniale de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal repose également sur son intérêt fonctionnel. Il s'agit du seul édifice construit expressément comme club privé pour universitaires au Québec. La clientèle anglophone explique probablement sa grande conformité au modèle londonien. La répartition traditionnelle par étages des différents types de pièces est respectée. De plus, outre les fonctions habituelles d'un club (réunion, détente, jeu, lecture, restauration), le club universitaire offrait aussi l'hébergement, en l'occurrence quatorze chambres situées à l'étage supérieur. Ce rôle de pied-à-terre, fréquent dans les clubs londoniens, constitue une exception dans les clubs québécois.
La valeur patrimoniale de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal repose en outre sur la notoriété de son architecte. Percy Erskine Nobbs (1875-1964) est une figure marquante du milieu architectural québécois du début du XXe siècle. Originaire d'Écosse, il s'installe à Montréal en 1903, alors qu'il obtient un poste de professeur à l'école d'architecture de l'Université McGill. De 1910 à 1944, Nobbs forme avec George Taylor Hyde (1879-1944) le bureau d'architectes Nobbs and Hyde. C'est toutefois Nobbs qui apporte la notoriété à son bureau par la qualité de son dessin sobre et raffiné. Il dote Montréal de certaines de ses plus admirables résidences bourgeoises, de plusieurs écoles de même que de plusieurs pavillons du campus universitaire McGill. L'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal est considéré comme l'une de ses réalisations les plus achevées.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés de l'implantation de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal incluent, notamment :
- sa position dans la trame urbaine serrée de l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal, le bâtiment occupant tout le terrain.
Les éléments clés liés à l'intérêt architectural de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal incluent, notamment :
- le volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de quatre étages et le toit plat;
- l'ordonnance des quatre étages de la façade principale, dont le rez-de-chaussée doté de fenêtres à meneaux, le bel étage percé de portes-fenêtres en plein cintre sous une arcature et orné d'un balcon à garde-corps en fer forgé, l'étage intermédiaire pourvu de fenêtres à battants à six grands carreaux et l'attique comportant des fenêtres à guillotine;
- les matériaux, dont la brique rouge de La Prairie et le calcaire de l'Indiana pour le parement;
- les ornements en pierre de taille de la façade principale, dont la pierre à bossages, les chambranles, les plates-bandes, les impostes, les cordons, l'entablement, les consoles, les médaillons sculptés, les clefs sculptées des plates-bandes et les acrotères de la balustrade.
Les éléments clés liés à l'intérêt du décor intérieur de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal incluent, notamment :
- le grand escalier elliptique;
- le décor architectural, dont les lambris de bois, les corniches des plafonds, les plafonds à poutres, les plafonds à caissons et les arcades cintrées;
- les foyers;
- les vitraux;
- le mobilier, dont les tables recouvertes de laiton, les fauteuils en cuir et les chaises cannées.
Les éléments clés liés à l'intérêt fonctionnel de l'édifice du Club-Universitaire-de-Montréal incluent, notamment :
- le plan intérieur;
- la répartition des fonctions selon les étages, dont le vestibule, le hall, le vestiaire (rez-de-chaussée), le grand salon, la salle à manger (ancien billard), la salle de lecture, la bibliothèque (premier étage), la salle à manger principale, les petites salles à manger, la cuisine (deuxième étage), les salles et salons variés (anciennes chambres des troisième et quatrième étages).