Description du lieu patrimonial
L'édifice du Mount Stephen Club, classé monument historique, est une ancienne résidence bourgeoise de style néo-Renaissance construite en plusieurs étapes entre 1880 et 1957. Cet édifice monumental en pierre de taille, qui abrite un club privé depuis 1926, est composé d'un corps principal auquel se sont ajoutées successivement trois ailes. Le corps principal, de plan rectangulaire à deux étages, prend assise sur un soubassement dégagé et est couronné d'un parapet. Sa façade avant présente un ressaut central comprenant l'entrée d'apparat encadrée d'un porche à colonnes et pilastres ioniques surmonté d'un balcon. Un escalier en pierre mène à l'étage noble et une clôture en fer forgé soutenue par des piliers en pierre, élevée entre 1883 et 1908, borde le terrain à l'avant. L'édifice du Mount Stephen Club est situé dans un secteur urbain, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. Il bénéficie d'une aire de protection.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de l'édifice du Mount Stephen Club relève de son intérêt architectural. Par son opulence et son intégrité, cette résidence bourgeoise est l'une des plus remarquables au Québec. À Montréal, les grandes demeures comme celle que se fait construire George Stephen (1829-1921) en 1880 sont généralement situées en périphérie du centre-ville. Stephen choisit le Mille carré doré, où la bourgeoisie anglophone se concentre entre 1850 et 1930. Oeuvre de William Tutin Thomas (1829-1892), l'un des architectes les plus en demande de cette banlieue montréalaise à la fin du XIXe siècle, l'ancienne résidence de style néo-Renaissance comporte une combinaison d'éléments formels et stylistiques empruntés aux palais urbains de la Renaissance italienne. Le corps principal, abondamment décoré de motifs sculptés, prend assise sur un soubassement dégagé et est couronné d'un parapet. Sa façade avant présente un ressaut central comprenant l'entrée d'apparat encadrée d'un porche à colonnes et pilastres ioniques surmonté d'un balcon. Les fenêtres jumelées et l'utilisation de la pierre à chanfrein sont aussi des manifestations de ce style. Cette richesse ornementale, tout comme la présence d'une clôture en fer forgé et d'un escalier en pierre flanqué de deux lampadaires, témoigne de la prospérité du propriétaire.
La valeur patrimoniale de l'édifice du Mount Stephen Club relève aussi de l'intérêt de son intérieur. Il s'agit en effet de l'un des plus somptueux intérieurs du XIXe siècle au Québec, et son état de conservation est remarquable tant en ce qui concerne l'intégrité des pièces que le décor. La division de l'espace est pratiquement la même qu'à l'origine. Le décor comprend notamment des boiseries d'essences locales (érable, chêne, noyer et pin) et exotiques (acajou de Cuba, bois de rose et bois de satin de Ceylan) réalisées par des artisans venus d'Europe. À cela s'ajoutent dix foyers, dont certains sont ornés d'onyx, de marbre, de tuiles peintes à la main et de bois rares. Un escalier exceptionnel à deux volées en acajou cubain, des vitraux illustrant des thèmes mythologiques, des ornements métalliques et de la quincaillerie plaquée or 22 carats ainsi que des tapisseries participent également à l'opulence des lieux.
La valeur patrimoniale de l'édifice du Mount Stephen Club relève également de son intérêt historique. D'une part, l'édifice est associé à George Stephen, un magnat de l'industrie du textile d'origine écossaise. Stephen exerce une influence décisive sur la communauté d'affaires de Montréal ainsi que sur l'économie canadienne, entre autres comme président de la Banque de Montréal et comme cofondateur et président du Canadian Pacific Railway. La reine Victoria l'élève au rang de baronnet en 1886, et il est reçu à la Chambre des lords en 1891. D'autre part, l'édifice est intimement lié à sa fonction de club privé. D'origine anglaise, les clubs privés apparaissent à Montréal au tournant du XXe siècle et sont nombreux dans la métropole à cette époque. Ils regroupent l'élite masculine du monde de la finance et de la politique ou encore sont réservés aux membres d'une profession ou aux diplômés d'une université. Les hommes d'affaires anglophones qui achètent l'édifice en 1926 pour en faire un club privé lui donnent le nom Mount Stephen, en l'honneur de son premier propriétaire. Le Mount Stephen Club est aujourd'hui l'un des rares clubs privés qui subsistent à Montréal.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques liés à l'intérêt architectural du corps principal de l'édifice du Mount Stephen Club incluent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages sur un soubassement dégagé, le toit plat, le ressaut central de la façade principale et les ressauts secondaires;
- ses matériaux, dont la pierre grise (pierre à chanfrein pour le soubassement et le rez-de-chaussée et pierre de taille régulière pour l'étage supérieur);
- ses ouvertures, dont celles de la façade principale comprenant la porte centrale à deux vantaux en acajou rouge de Cuba surmontée d'une imposte vitrée et d'un arc surbaissé, la porte-fenêtre du balcon à deux vantaux et à imposte rectangulaire vitrée ainsi que les fenêtres jumelées latérales (cintrées au rez-de-chaussée et rectangulaires à l'étage supérieur);
- ses éléments ornementaux, dont ceux de la façade principale comprenant le porche (six colonnes et deux pilastres ioniques surmontés d'un entablement), le balcon à balustrade en fer forgé et en pierre, le chambranle de la porte-fenêtre du balcon (deux colonnes et deux pilastres ioniques, entablement, fronton à arc surbaissé « interrompu »), les balustrades en fer forgé et les chambranles des fenêtres du rez-de-chaussée (pilastres ioniques, arc en plein cintre, clef), les chambranles des fenêtres de l'étage (panneaux ornementaux, colonnes ioniques, entablement), les chambranles du soubassement (moulures et clef), les chaînes d'angle, la frise à motifs floraux et la corniche à modillons couronnée d'un parapet en pierre;
- l'escalier en « U » en pierre de la façade principale flanqué de lampadaires et l'escalier droit de l'ancien jardin d'hiver (aile sud);
- la clôture en fer forgé aux piliers en pierre.
Les éléments caractéristiques liés à l'intérêt de l'intérieur de l'édifice incluent, notamment :
- ses espaces d'origine;
- ses éléments décoratifs, dont les boiseries d'essences locales (chêne, pin, érable) et exotiques (acajou de Cuba, bois de rose et bois de satin de Ceylan), les dix foyers dont certains ornés d'onyx, de marbre, de tuiles peintes à la main et de bois rares, les plafonds à caissons, les vitraux illustrant des thèmes mythologiques, les ornements métalliques, la quincaillerie plaquée or 22 carats et les tapisseries;
- l'escalier à deux volées en acajou cubain.
Les éléments caractéristiques liés à l'intérêt historique de l'édifice incluent, notamment :
- sa situation dans le Mille carré doré;
- la relation entre le corps principal et les ailes sud, ouest et nord.