Description du lieu patrimonial
La maison Cornelius-Krieghoff, classée monument historique, est un ancien cottage représentatif de la maison québécoise d'inspiration néoclassique construit vers 1850. Cette résidence en bois de plan rectangulaire d'un étage et demi est coiffée d'un toit à deux versants retroussés. Deux souches de cheminée couronnent le faîte et le larmier couvre la galerie en façade. Située dans l'arrondissement municipal de la Cité de la ville de Québec, la maison Cornelius-Krieghoff longe la Grande Allée, à l'extrémité sud de l'avenue Cartier. Elle est entourée d'une aire de protection et un site archéologique lui est associé.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale de la maison Cornelius-Krieghoff repose sur son intérêt en tant que témoin du développement de la villégiature au Québec. Au XIXe siècle, le secteur ouest de la Grande Allée, le chemin Saint-Louis et le chemin Sainte-Foy constituent encore une partie de la banlieue de Québec et, à ce titre, attirent les villégiateurs, qui construisent villas et cottages. La maison Cornelius-Krieghoff, située en bordure de la Grande Allée à l'extrémité sud de l'avenue Cartier, est l'un des quelques cottages qui subsistent dans le secteur. Ces petites maisons, le plus souvent en bois, étaient construites pour être louées et permettaient à une classe moins fortunée d'accéder à la villégiature, jusque-là réservée aux propriétaires de villas. Cette pratique, établie vers 1820, culmine dans les années 1850. Les vestiges archéologiques trouvés sur le site de la maison Cornelius-Krieghoff, notamment un puits et des latrines, témoignent du mode de vie qu'on y menait.
La valeur patrimoniale de la maison Cornelius-Krieghoff repose aussi sur son intérêt architectural. Ce cottage en bois est représentatif de la maison québécoise d'inspiration néoclassique, courante dans les villages et les campagnes québécoises. Il en est une illustration par le plan rectangulaire, le toit à deux versants prolongés par des larmiers débordants et couvrant une galerie en façade ainsi que par les ouvertures distribuées avec symétrie. Il comprend des détails plus particulièrement reliés au mouvement pittoresque, dont les hautes cheminées et les poteaux fins de la galerie supportant des arcs elliptiques. Par ailleurs, le plan de la maison traduit l'influence néoclassique par la distribution symétrique des pièces autour d'un hall central. Le caractère rural de cette résidence est renforcé par le voisinage de la maison Henry-Stuart, cottage bâti vers 1849 et toujours entouré de son jardin, et de la Ladies Protestant Home, une villa de style italianisant construite en 1862. Ces édifices contrastent avec la trame urbaine environnante surtout composée de bâtiments du XXe siècle.
La valeur patrimoniale de la maison Cornelius-Krieghoff repose également sur son bon état de conservation. Restaurée à la fin des années 1990, elle conserve son aspect d'origine tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Elle comporte toujours, par exemple, ses planchers de bois franc, ses portes et ses manteaux de cheminée, ses plinthes et plusieurs boiseries originales. À l'extérieur, la maison n'a pratiquement pas changé. Elle possède encore ses fenêtres à battants à grands carreaux en façade et à petits carreaux sur les autres côtés, sa porte vitrée à caissons surmontée d'une imposte vitrée et flanquée de fenêtres munies de persiennes, ses chambranles moulurés et plusieurs éléments ornementaux comme les balustres en bois découpé de la galerie qui perpétuent tout son charme d'antan.
La valeur patrimoniale de cette maison repose en outre sur son association avec le peintre Cornelius Krieghoff (1815-1872), qui l'a habitée durant deux ans. Krieghoff est l'un des artistes les plus connus du XIXe siècle au Canada. Peintre de genre d'origine hollandaise, il a illustré de manière colorée et souvent humoristique la vie des paysans, de même que les coutumes et les paysages des campagnes entourant Québec. Résidant d'abord à New York, puis notamment à Toronto et à Montréal, il s'installe à Québec en 1853 et loue la maison en 1859 et 1860. Dans cette ville, le peintre connaît une grande popularité auprès de la clientèle anglophone formée de militaires et de commerçants, ce qui lui vaut la reconnaissance et la prospérité. Il y exécute certains de ses tableaux les plus connus avant de quitter définitivement le pays pour les États-Unis vers 1862.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Éléments caractéristiques
Les caractéristiques de la maison Cornelius-Krieghoff liées à son intérêt en tant que témoin du développement de la villégiature au Québec incluent, notamment :
- sa situation en bordure de la Grande Allée à l'extrémité sud de l'avenue Cartier, à proximité de la maison Henry-Stuart et de son jardin (un monument historique classé construit vers 1849) et de l'ancienne Ladies Protestant Home (villa datant de 1862);
- le site archéologique euroquébécois comprenant, entre autres, les vestiges d'un puits et de latrines.
Les caractéristiques liées à la valeur architecturale de la maison Cornelius-Krieghoff et à son bon état de conservation incluent, notamment :
- ses éléments rattachés au modèle du cottage rustique, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants aux larmiers retroussés, les lucarnes à croupe et la galerie couverte en façade;
- ses matériaux, dont la charpente à coulisses, le crépi sur les murs avant et arrière, le lambris en planches à clins sur les murs pignons ainsi que la couverture en tôle à baguettes;
- les deux hautes cheminées en brique à mitrons sur le versant sud du toit;
- ses ouvertures, dont les fenêtres à battants à grands carreaux en façade et à petits carreaux sur les autres côtés, sa porte vitrée à caissons surmontée d'une imposte vitrée et flanquée de fenêtres munies de persiennes ainsi que les six lucarnes à croupe;
- ses ornements extérieurs menuisés, dont les chambranles moulurés, le portail à pilastres de la porte principale, la galerie à poteaux fins supportant des arcs elliptiques, l'escalier central muni de poteaux sculptés, la balustrade en planches chantournées et la bordure à festons des pignons;
- ses éléments intérieurs, dont la distribution symétrique des pièces autour d'un hall central, les trois âtres en brique dont deux entourés de boiseries néoclassiques, l'escalier en bois avec rampe à balustres carrés et poteaux tournés, les portes à panneaux, les encadrements moulurés des ouvertures, les plinthes et corniches moulurées ainsi que la rosace élaborée en plâtre au plafond du salon.