Description du lieu patrimonial
Le fort La Tour est un site archéologique ouvert et gazonné situé à Portland Point, à l’embouchure du fleuve Saint-Jean, sur la rive nord du port de Saint John, entre le Grand quai et le Pont du port. En ce moment, la surface ne présente aucun élément architectural historique ou caractéristique structurelle.
Valeur patrimoniale
Le fort La Tour est désigné lieu historique provincial pour son emplacement stratégique situé à l’embouchure du fleuve Wolastoq (fleuve Saint-Jean) et les multiples tranches d’histoire humaine qu’indiquent ses ressources archéologiques.
L'élément le plus ancien est le cimetière de tradition Moorehead qui date d'environ 4000 ans (du milieu à la fin de cette époque). Les peuples des périodes du Susquehanna et du Woodland maritime, ancêtres des nations actuelles Wolastoqiyik, Mi’kmaq et Passamaquoddy, ont occupé la région de Menaqesk (Saint John) il y a 4000 ans et ce, jusqu’à il y a 400 ans de notre ère. Par la suite, même si la région a été essentiellement utilisée par les Wolastoqiyik pour les cérémonies, les rassemblements et le commerce, les Mi’kmaq et les Passamaquoddy l’ont également occupée. Le site a été associé à une route traditionnelle de portage des Premières nations qui contournait des chutes réversibles et il comprend le site historique provincial de la rue Bentley.
En raison de son emplacement stratégique et de son occupation par les Premières nations, Portland Point a été, en 1631, le lieu choisi pour le poste de traite fortifié par Charles de Saint-Étienne de La Tour alors gouverneur de l’Acadie. De cette position stratégique, La Tour contrôlait le cours d’eau le plus important et le plus riche de l’Acadie après avoir établi un des premiers centres français de traite des fourrures avec les nations autochtones de la région. Son emplacement à l’embouchure du fleuve Saint-Jean garantissait pratiquement le contrôle de l’accès et du trafic vers l’intérieur des terres, c’est-à-dire vers la Nouvelle-France. Aujourd'hui, des restes du fort sont enfouis sous le « Green Mound », une petite bute gazonnée se trouvant sur le site.
Le site est devenu la base des opérations de La Tour contre son rival, le gouverneur Charles de Menou d’Aulnay, qui avait ses bases à Port-Royal et à Pentagoet. Les tensions croissantes causées par la concurrence dans le contrôle du commerce lucratif des fourrures et de l’administration de l’Acadie ont entraîné une guerre civile ouverte de dix ans entre les deux adversaires. En 1645 et en l’absence de La Tour, sa deuxième épouse, Françoise-Marie Jacquelin, a dirigé une petite garnison dans une vaillante mais vaine défense du poste fortifié contre les forces supérieures du gouverneur Charles de Menou d’Aulnay. Madame La Tour est décédée peu de temps après la défaite. Après le décès d’Aulnay en 1650, La Tour a pris sa veuve pour troisième épouse, mettant ainsi en commun leurs fortunes et les intérêts de l’Acadie.
Des colons anglophones préloyalistes de la Nouvelle-Angleterre ont fait leur entrée dans la future colonie du Nouveau-Brunswick au cours des années 1760. Souvent appelés « Planters », ce groupe comprenait trois jeunes partenaires qui ont établi un poste de traite sur les ruines du fort La Tour. Simonds, Hazen et White ont amené leurs familles pour s’établir autour du nouveau poste et, bientôt, la communauté de Portland Point est devenue un centre d’activité commerciale. On lui attribue, et à d’autres établissements des « Planters », le mérite d’avoir procuré un point d’ancrage aux Loyalistes mal préparés des années 1780 en leur fournissant des biens de première nécessité dans ce qui était, aux yeux des colons, une nature essentiellement sauvage et hostile.
Source : Ministère Mieux-être, Culture et Sport, Direction du patrimoine, dossier numéro 28.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques qui décrivent le fort La Tour incluent notamment :
- l’emplacement dans le port ;
- les vues sur la baie, le port, le fleuve et l’environnement de la rue Bentley ;
- le « Green Mound » ;
- les postes de traite construits sur le «Green Mound» ;
- les associations culturelles du site à plusieurs groupes et les éléments associés à son caractère sacré ;
- les restes archéologiques des lieux de sépulture autochtones, du fort La Tour et du poste construit ultérieurement par Simonds, Hazen et White ;
- les zones demeurées intactes qui sont susceptibles de contenir des ressources archéologiques.