Description du lieu patrimonial
Le domaine Cataraqui, reconnu monument historique, est une propriété de notable dont la construction s'est étalée des années 1850 jusqu'aux années 1930. La désignation s'applique à un ensemble architectural et foncier : une villa néoclassique, plusieurs dépendances (la maison du régisseur, les serres, la remise, le poulailler, le garage, le logement du fermier, l'écurie, la grange-caveau, la glacière et l'atelier) et un terrain d'une superficie d'environ 11 hectares aménagé en boisés, jardins, pelouses et pré. Les bâtiments aux murs jaune pâle sont en brique ou couverts de planches de bois à clins et coiffés d'un toit argenté en tôle ou en bardeaux de cèdre gris. La plupart d'entre eux occupent le centre du terrain. Ils sont environnés d'un épais boisé, qui couvre notamment toute la partie ouest du terrain, et d'un vaste pré, à l'est. À partir du chemin Saint-Louis, qui limite la propriété au nord, se succèdent une rangée d'arbres matures d'espèces variées, l'espace ouvert des serres et des anciens potagers, le groupement compact des dépendances, la villa, les grandes pelouses et la falaise boisée en bordure du fleuve Saint-Laurent. Un site archéologique euroquébécois est associé au lieu.
Le domaine Cataraqui est situé dans l'arrondissement historique de Sillery de la ville de Québec.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du domaine Cataraqui repose sur sa représentativité par rapport aux propriétés de notables implantées au XIXe siècle en banlieue des villes et dans les lieux de villégiature. Il est un exemple achevé de ce type qui se compose d'une résidence luxueuse, de plusieurs dépendances et d'un vaste terrain aménagé. La villa, conçue dans le style néoclassique en vogue au milieu du XIXe siècle, comporte plusieurs pièces. Elle domine les nombreuses dépendances environnées de boisés, jardins, pelouses et pré. Tous ces éléments bâtis et paysagers forment un ensemble complet et exceptionnel qui traduit le mode de vie de la haute bourgeoisie, et plus particulièrement de celle de la région de Québec au XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe siècle. Ayant remarquablement bien conservé son caractère d'origine, Cataraqui est le dernier domaine résidentiel bourgeois de l'arrondissement historique de Sillery et l'un des derniers exemples de ces vastes propriétés au Québec.
La valeur patrimoniale du domaine repose aussi sur l'intérêt architectural de ses bâtiments. La villa a été conçue par l'architecte Edward Staveley (1795-1872), qui a dessiné de nombreux édifices publics et religieux de Québec. Elle constitue un exemple parfait des villas néoclassiques construites au Québec au XIXe siècle. Le corps de logis initial est caractérisé par un plan presque carré, une élévation de deux étages et demi, un toit en pavillon à quatre versants de faible pente percé de deux souches de cheminée trapues, une façade symétrique, une galerie et une avancée centrale. L'intérieur, riche de ses plâtres et de ses boiseries, est divisé selon un plan symétrique et hiérarchisé. La villa et ses dépendances forment un ensemble d'une unité remarquable.
La valeur patrimoniale du domaine repose également sur son importance en tant que témoin de l'influence du pittoresque au Québec durant le XIXe siècle. L'effet pittoresque est notamment rendu par les boisés denses, la longue allée curviligne et ombragée donnant accès à la villa, l'intégration des bâtiments à l'environnement paysager ainsi que les galeries et les portes-fenêtres qui répondent au désir de vivre en harmonie avec la nature. La composition irrégulière des boisés et des pelouses, les jeux d'ombre et de lumière rendus par la végétation et le tracé sinueux des allées créent un paysage caractéristique de ce courant. Cataraqui, qui a vu se succéder des jardiniers talentueux et réputés, comprend des aménagements paysagers inspirés du jardin à l'anglaise issu du pittoresque. Le domaine a remarquablement bien conservé son caractère d'origine, préservé entre autres dans le tracé des chemins et la relation entre les espaces naturels et les bâtiments.
La valeur patrimoniale du domaine repose en outre sur son intérêt historique. Découpé dans la seigneurie de Sillery, il illustre la trame caractéristique de l'arrondissement historique du même nom. Il témoigne aussi de la prospérité économique qui a marqué la première moitié du XIXe siècle à Québec. Durant cette période, les marchands de bois, attirés par le pittoresque des panoramas, implantent de grands domaines sur le promontoire de Sillery, qui domine leurs anses à bois et leurs chantiers navals. Les deux premiers propriétaires de Cataraqui figurent parmi les barons du bois. La villa est aussi liée à l'histoire politique canadienne. Entre 1860 et 1863, elle devient, en effet, la résidence d'été du gouverneur général du Canada-Uni et accueille des visiteurs illustres comme le prince de Galles. Par la suite, des propriétaires tels que Charles Eleazar Levey (1793-1880), fondateur de la Banque d'Union du Bas-Canada, ou les peintres Catherine Rhodes (1888-1972) et Percyval Tudor-Hart (1873-1954) contribuent à développer le domaine ainsi qu'à entretenir la réputation de ses aménagements paysagers.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés du domaine Cataraqui en tant que propriété de notables comprennent, notamment :
- l'implantation sur un promontoire dominant le fleuve Saint-Laurent;
- la situation en retrait du Vieux-Québec;
- la villa monumentale de deux étages et demi, la disposition de ses nombreuses pièces (celles d'apparat en façade et dans les deux ailes symétriques d'un étage percées de baies en saillie) ainsi que l'annexe de deux étages et demi à l'arrière;
- la présence d'un jardin d'hiver à l'ouest de la villa;
- les dépendances (la maison du régisseur, les deux serres, la remise, le poulailler, le garage, le logement du fermier, l'écurie, la grange-caveau, la glacière et l'atelier), regroupées à l'arrière de la villa et formant avec elle un ensemble complet, et leur implantation ainsi que l'allée de service leur donnant accès;
- le terrain aménagé d'une superficie totale de 10,8 hectares comprenant les boisés, les jardins, les pelouses et le pré.
Les éléments clés du corps de logis liés au type de la villa néoclassique comprennent, notamment :
- la façade symétrique, comprenant cinq ouvertures à chacun des deux étages, dont le portail monumental, l'avancée centrale surmontée d'un pignon dans la toiture et la galerie au rez-de-chaussée;
- le plan presque carré;
- le toit en pavillon à quatre versants de faible pente percé de deux souches de cheminée trapues;
- la distribution symétrique et hiérarchisée des pièces, de part et d'autre d'un hall central.
Les éléments clés liés à l'intérêt architectural des bâtiments comprennent, notamment :
- l'unité de l'ensemble obtenue, entre autres, par le ton jaune pâle des murs en brique ou recouverts de planches de bois à clins, le gris argenté des toits couverts de tôle ou de bardeaux de cèdre, l'utilisation de baies à petits ou grands carreaux (parmi lesquelles des fenêtres à guillotine, des fenêtres à battants et des lucarnes) et la sobriété architecturale;
- l'unité formelle de la plupart des dépendances, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, les toits à croupes basses, le vert émeraude de la majorité des détails architecturaux (assises, portes, encadrements d'ouverture, soffites, lanternons), les fenêtres et les ouvertures des lanternons terminées par un arc en plein cintre ainsi que la composition presque identique de l'écurie et du garage (notamment leur fronton, leurs lucarnes et leur lanternon);
- les éléments décoratifs des dépendances, dont les arches et l'avancée centrale à fronton de la glacière, le toit ornementé au-dessus de la porte de la résidence du fermier ainsi que les éléments décoratifs de la maison du régisseur (colonnes, pilastres et corniche denticulée);
- l'utilisation de la pierre de taille pour la villa (notamment pour l'assise, l'escalier menant à la galerie en façade, les chaînages d'angles, les encadrements d'ouverture);
- la richesse de l'intérieur de la villa, dont les dimensions et les proportions des pièces, les boiseries, les moulures, les détails ornementaux des plâtres, les manteaux de cheminée, l'escalier principal, les planchers de bois et la hauteur des plafonds.
Les éléments clés liés à l'influence du pittoresque comprennent, notamment :
- l'intégration des bâtiments à un environnement naturel et paysager;
- la relation entre les bâtiments et les espaces naturels et paysagers;
- les boisés denses;
- la longue allée curviligne et ombragée donnant accès à la villa;
- les aménagements de type jardin à l'anglaise;
- les éléments architecturaux tels que la serre contre l'aile ouest de la villa, les galeries, les baies en saillie et les portes-fenêtres;
- les serres horticoles et viticoles, le pré à l'est du domaine, les pelouses, les rocailles et les terrasses au sud de la villa;
- le tracé des anciens chemins.
Les éléments clés liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- l'intégrité du terrain;
- le site archéologique euroquébécois et le potentiel archéologique encore enfoui.