Description du lieu patrimonial
Les sites archéologiques de la Pointe-à-John, classés en 1983, comptent deux établissements préhistoriques amérindiens axés sur l'exploitation des ressources maritimes et occupés périodiquement depuis 5500 ans avant aujourd'hui (AA) jusqu'au XVIIIe siècle. Ce lieu qui couvre une superficie de 81 100 mètres carrés comprend deux sites archéologiques inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec. Le premier, le site de la Falaise, s'étend sur environ 4 000 mètres carrés en bordure du fleuve et est localisé sur une vaste terrasse alluviale s'élevant à 10 mètres au-dessus du niveau marin actuel. Le second, le site Lavoie, occupe une superficie de 3 750 mètres carrés sur une seconde terrasse alluviale d'une altitude de 18 mètres et à une distance d'environ 160 mètres du rivage. Le premier site est recouvert d'un boisé, tandis que le second occupe un terrain aménagé. Ils se situent sur la pointe à John, bordée par le fleuve Saint-Laurent et la baie des Grandes Bergeronnes, dans la municipalité des Bergeronnes.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale des sites archéologiques de la Pointe-à-John repose sur leur intérêt anthropologique. Ces deux sites permettent l'étude des modes de vie associés aux activités de subsistance et aux schèmes d'établissement de ces occupations amérindiennes. Leur situation stratégique, en bordure et à proximité du fleuve Saint-Laurent, assure un accès aux riches ressources maritimes qui ont constitué la base de l'alimentation des groupes amérindiens ayant fréquenté ces sites. Le site Lavoie, occupé vers 5550 ans avant aujourd'hui (AA), et le site de la Falaise, fréquenté entre 2400 et 1500 ans AA, sont des établissements à l'économie orientée vers l'exploitation des ressources marines, en l'occurrence le phoque. Outre cet animal, diverses espèces d'oiseaux, de poissons et d'autres mammifères marins et terrestres ont servi de nourriture d'appoint aux Autochtones qui s'y sont installés. D'une part, l'économie de subsistance démontre une adaptation marquée de ces groupes à l'écosystème marin. D'autre part, l'étude des schèmes d'établissement indique que les sites étaient occupés de manière saisonnière, vraisemblablement depuis la fin de l'hiver jusqu'à l'automne, quoique des occupations pendant la saison très froide soient aussi envisageables. Le fleuve, voie de communication majeure au cours de la préhistoire, donne accès à d'autres routes fluviales, notamment la rivière Saguenay, permettant de pénétrer facilement à l'intérieur des terres septentrionales. Contrairement au site de la Falaise, le site Lavoie n'est pas installé au bord du fleuve, mais un peu en retrait, contre une butte rocheuse qui le protège des vents dominants. Les deux établissements ont livré des structures domestiques constituées de surfaces de gravillons bien délimitées marquant possiblement l'emplacement de foyers, de sols d'habitation ou d'aires de séchage de la viande. Surtout observés sur les sites de la côte atlantique, ces aménagements indiquent vraisemblablement des relations entretenues avec des groupes de cette région, favorisées par la position stratégique du lieu. Quant à l'étude de la provenance de la pierre utilisée pour l'outillage, elle démontre une propension vers l'emploi de matériaux d'origine plus septentrionale, indice de l'existence de réseaux d'échanges étendus vers le Nord. Soulignons de même que le site de la Falaise est aussi occupé, plus modestement, à la période historique. Utilisé comme lieu de halte de courte durée durant les XVIIe et XVIIIe siècles, il s'agirait d'occupations amérindiennes ayant adopté des éléments de la culture matérielle européenne.
La valeur patrimoniale des sites repose aussi sur leur importance scientifique. Les deux sites sont les premiers à avoir fait l'objet de fouilles importantes dans la Haute-Côte-Nord et à avoir documenté la chasse au phoque chez les Amérindiens. Ils constituent donc des jalons importants pour la compréhension de la préhistoire de cette région. De plus, les recherches menées sont parmi les premières au Québec à faire appel à une équipe multidisciplinaire alliant archéologie et sciences naturelles (géomorphologie, pédologie, zooarchéologie, etc.).
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Éléments caractéristiques
Les éléments clés des sites archéologiques de la Pointe-à-John liés à leur intérêt anthropologique comprennent, entre autres :
- l'emplacement des sites sur la pointe à John et leur relation avec le fleuve Saint-Laurent et la baie des Grandes Bergeronnes;
- la situation du site Lavoie adossé à une butte rocheuse;
- les terrasses alluviales.
Les éléments clés des sites archéologiques de la Pointe-à-John liés à leur importance scientifique comprennent, entre autres :
- la portion résiduelle des sites renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.