Description du lieu patrimonial
Le pont Landry, cité monument historique, est un pont couvert de type « Town québécois » construit en 1938. Ce pont d'une seule travée mesure 32,43 mètres de long et 5,74 mètres de large. Sa structure est composée de fermes constituées de madriers placés en diagonale, qui forment un large treillis, ainsi que de poteaux verticaux placés entre les cordes simples supérieure et inférieure. Elle est couverte d'un lambris en planches horizontales peint en blanc et elle est coiffée d'un toit à deux versants droits. Le pont couvert permet d'enjamber la rivière Fraser, en milieu agricole, dans la municipalité de Latulipe-et-Gaboury.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du pont Landry repose sur sa représentativité comme pont couvert. Un pont couvert est une construction en bois munie d'un toit, érigée pour la circulation des personnes ou des véhicules au-dessus d'un obstacle à franchir et dont les fermes constituent les éléments porteurs de l'ensemble de la structure. Au Québec, entre le début du XIXe siècle et la décennie 1950-1960, environ 1500 ouvrages de ce type sont construits. Lieux de passage, les ponts couverts donnent accès aux terres de colonisation et permettent la mise en marché des produits agricoles. Ils sont donc indissociables de l'histoire du Québec. Le pont Landry, construit en 1938, témoigne ainsi des infrastructures mises en chantier durant la deuxième vague de colonisation ayant marqué le Témiscamingue, pendant les années 1930. Il constitue en outre un des derniers exemples subsistants de l'utilisation de ce type de structure dans la région.
La valeur patrimoniale du pont Landry repose également sur son intérêt architectural. Il témoigne de la popularité des fermes de type « Town québécois » dans la conception des ponts couverts. Bien que plusieurs types de ponts couverts soient construits au Québec depuis le début du XIXe siècle, la plupart des structures érigées pendant le XXe siècle appartiennent au modèle « Town québécois », aussi appelé « Town élaboré ». Il s'agit d'une variante de la ferme brevetée en 1820 par l'architecte américain Ithiel Town (1784-1844). Cette dernière est constituée de madriers placés en diagonale, formant un large treillis entre les cordes supérieure et inférieure et attachés l'un à l'autre à chaque intersection par des chevilles de bois. Au Québec, ce type de structure, reconnu pour sa solidité, sa facilité de construction et sa légèreté, est utilisé de façon presque systématique par les ingénieurs du ministère de la Colonisation. Des modifications sont toutefois apportées au modèle dès le début du XXe siècle. Les dimensions des pièces de bois de la charpente sont réduites, des poteaux verticaux sont ajoutés à la structure afin de compenser la perte de résistance et les clous et boulons remplacent le chevillage de bois plus complexe. La construction des ponts selon le modèle « Town québécois », résultant de ces modifications, était plus économique et d'une simplicité permettant l'emploi d'une main-d'oeuvre locale. Le pont Landry représente bien ces structures, notamment par ses cordes simples et les poteaux verticaux solidifiant les fermes. Les portiques à linteau à angles obliques, les larmiers en saillie à faux cintres, le parement en planches horizontales et les ouvertures latérales au milieu du lambris ainsi que sous la corde supérieure constituent également des caractéristiques répandues des ouvrages de ce type. Ce pont rappelle la diffusion très large du modèle « Town québécois » durant la première moitié du XXe siècle.
Source : Municipalité de Latulipe-et-Gaboury, 2008.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du pont Landry liés à son implantation comprennent, notamment :
- sa situation sur la rivière Fraser, en milieu agricole.
Les éléments caractéristiques du pont Landry liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont la travée unique de 32,43 mètres de long et de 5,74 mètres de large ainsi que le toit à deux versants droits et à larmiers en saillie;
- les caractéristiques de la structure de type « Town québécois », dont les fermes constituées de madriers placés en diagonale formant un large treillis, les cordes simples supérieure et inférieure, les poteaux verticaux ainsi que les jambes de force;
- la charpente de la toiture, dont les chevrons, les pièces de contreventement et les pannes;
- les matériaux, dont le parement en planches horizontales peint en blanc, le lambris d'entrée horizontal, le revêtement du tablier en madriers longitudinaux, les culées en bois et la couverture en tôle;
- les ouvertures, dont les portiques à linteau à angles obliques et à jambage droit, les longues ouvertures latérales au milieu du lambris et celles longeant les cordes supérieures;
- les éléments ornementaux, dont les faux cintres des larmiers et les garnitures peintes en vert;
- les chasse-roues.