Description du lieu patrimonial
Le presbytère de Saint-Joachim, classé monument historique, est une maison curiale construite en 1766. Il est allongé et transformé entre 1828 et 1831. Ce long bâtiment en pierre, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffé d'un toit aigu à deux versants retroussés. Une galerie occupe toute la largeur de la façade principale. L'édifice est implanté perpendiculairement à l'église, de l'autre côté de la voie publique, et forme avec celle-ci et son cimetière le noyau paroissial. Le presbytère est situé sur un grand terrain paysager, dans la municipalité de Saint-Joachim. Il bénéficie d'une aire de protection. Un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
Valeur patrimoniale
La valeur patrimoniale du presbytère de Saint-Joachim repose sur son intérêt architectural. Construit en 1766, l'édifice s'inscrit dans la tradition française et illustre l'influence du Séminaire de Québec au XVIIIe siècle. Avec la maison Maizerets et le château Bellevue notamment, l'institution diffuse en milieu rural un modèle issu du classicisme français. Ce modèle est caractérisé par des corps de bâtiment rectangulaires en pierre crépie coiffés de toits à croupes; les façades sont régulières et ornées simplement. Le presbytère de Saint-Joachim en est une illustration par son volume, ses matériaux et la distribution de ses ouvertures. Le toit à croupes d'origine a été remplacé par un toit aigu à deux versants. L'influence de l'architecture du Séminaire de Québec se manifeste également dans les portails en bois imitant la pierre de taille, reprenant celui réalisé par le maçon Michel-Augustin Jourdain au château Bellevue en 1781. Le presbytère est allongé et transformé entre 1828 et 1831 d'après les plans de l'abbé Jérôme Demers (1774-1853), prêtre et professeur au Séminaire de Québec. En 1876, divers travaux lui confèrent son apparence actuelle. Les larmiers retroussés, les fausses chaînes d'angle et les portails élaborés reflètent l'influence du néoclassicisme sur la maison traditionnelle québécoise.
La valeur patrimoniale du presbytère repose également sur son intérêt historique. La maison curiale témoigne de l'évolution de la paroisse de Saint-Joachim, érigée canoniquement en 1721. Une église et un premier presbytère sont élevés sur le site de la Grande Ferme. Cette terre avait été mise à la disposition du Petit Séminaire de Québec par Mgr François de Laval (1623-1708), vicaire apostolique en Nouvelle-France puis évêque de Québec, qui avait acquis la seigneurie de Beaupré de 1662 à 1668. Au moment de la Conquête, les soldats britanniques incendient les bâtiments. Au cours des années suivantes, le Séminaire rétablit la Grande Ferme, de même que la Petite Ferme. Il édifie le château Bellevue au Petit-Cap à partir de 1777. Le noyau paroissial se développe cependant dans la plaine sur un emplacement différent. La partie initiale du presbytère est construite en 1766 par les paroissiens. Une fois achevée, elle abrite une chapelle à l'étage. Les offices religieux y seront célébrés jusqu'à l'ouverture de l'église actuelle vers 1779. Par la suite, la chapelle du presbytère est transformée en salle des habitants. La maison curiale est prolongée vers l'ouest entre 1828 et 1831. La partie ancienne est alors utilisée comme grange à dîme par le curé. Ses utilisations multiples comme chapelle, salle des habitants, presbytère et grange à dîme contribuent à l'intérêt de ce bâtiment.
La valeur patrimoniale du presbytère repose en outre dans sa représentativité par rapport à ce type de bâtiment religieux. Dans les paroisses du Québec, le presbytère est essentiellement une habitation où réside le curé, personnage influent et respecté représentant l'Église. Le rez-de-chaussée compte habituellement un bureau pour recevoir les fidèles. L'étage supérieur, qui servait souvent à l'entreposage du grain, connaît une utilisation différente à partir du XIXe siècle. Avec l'ajout de lucarnes, les combles deviennent habitables. Quand il est occupé, cet étage a une fonction privée et abrite les chambres du curé, du vicaire ainsi que celles réservées à l'évêque et aux visiteurs de passage. Lorsque les terres produisaient assez, les paroissiens payaient une dîme au curé, qui correspondait au 26e minot de grain de leur récolte. À cet effet, une partie du presbytère de Saint-Joachim a été utilisée comme grange à dîme pendant une certaine période.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du presbytère de Saint-Joachim liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- le volume d'influence française, dont le plan rectangulaire à un étage et demi et le toit aigu à deux versants;
- les matériaux, dont la maçonnerie de pierre crépie, la couverture en tôle à la canadienne, le revêtement en bardeaux d'amiante-ciment des murs pignons, ainsi que les ouvertures, les chambranles et les portails en bois;
- les composantes associées à la maison québécoise d'inspiration néoclassique, dont les larmiers retroussés, les fausses chaînes d'angle, les portes à imposte et les lucarnes;
- les galeries de pleine largeur avec leur soffite à caissons ainsi que le tambour arrière;
- les deux entrées en façade nord, distinguant les parties publique et privée, et celle au sud, avec leur encadrement imitant la pierre de taille;
- les trois souches de cheminée, dont deux fonctionnelles et une postiche, marquant les extrémités de chaque partie du bâtiment.
Les éléments caractéristiques de l'intérieur du presbytère de Saint-Joachim comprennent, notamment :
- la charpente du toit révélant deux étapes de construction;
- le mur de refend en pierre indiquant la limite de la partie de 1766;
- l'escalier droit avec garde-corps à balustres et poteau de départ tourné;
- les plafonds à couvre-joints;
- les éléments menuisés, dont les encadrements moulurés, les plinthes, les corniches, les portes à panneaux, les volets à panneaux ainsi que les tableaux de fenêtre;
- le mobilier encastré.
Les éléments caractéristiques du presbytère de Saint-Joachim liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation dans le noyau paroissial, comprenant aussi l'église et le cimetière;
- le grand terrain paysager;
- la présence d'un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.