Description of Historic Place
Le restaurant de l'Île-de-France, classé monument historique, est un espace commercial de style Art déco aménagé en 1931. La désignation s'applique à un ensemble comprenant une salle à manger et un foyer-promenoir. Il est situé au 9e étage d'un édifice de la rue Sainte-Catherine qui abritait un magasin Eaton, dans l'arrondissement municipal Ville-Marie de la ville de Montréal.
Le mobilier du restaurant de l'Île-de-France est classé bien historique.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du restaurant de l'Île-de-France repose sur son intérêt architectural. Cet espace commercial s'inscrit, en effet, parmi les premières oeuvres Art déco au Québec. Ce style apparaît pendant l'entre-deux-guerres et est consacré par l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de Paris en 1925. L'Art déco est présent en architecture, mais aussi et surtout dans la conception de mobilier, d'objets décoratifs et d'affiches. Il se veut à la fois classique par sa composition (le plan symétrique, par exemple) et moderne par ses lignes épurées. Dans le restaurant de l'Île-de-France, le classicisme s'exprime par la longue nef de plan rectangulaire de la vaste salle à manger, les seize piliers de marbre qui la rythment et l'architrave qu'ils supportent. Les fenêtres en longueur dans le bandeau de l'architrave, les ornements géométrisés et l'emploi de nouveaux matériaux (garde-corps en acier satiné et plancher en linoléum bicolore, par exemple) expriment la modernité. Le décor du restaurant de l'Île-de-France s'inspire également de celui de la salle à manger du paquebot français du même nom. Aujourd'hui, le restaurant de l'ancien magasin Eaton est considéré comme l'un des exemples les mieux réussis du style Art déco à Montréal et au Québec.
La valeur patrimoniale du restaurant de l'Île-de-France repose aussi sur sa représentativité en tant qu'espace commercial complémentaire d'un grand magasin et pour son intérêt ethnologique. Au début du XXe siècle, les grands magasins se dotent de salles de spectacle, de restaurants, de salons de coiffure et d'aires de repos pour attirer la clientèle. Ils comptent ainsi parmi les rares lieux publics de sociabilité féminine. C'est le cas du restaurant de l'Île-de-France où, jusque dans les années 1960, en plus de se restaurer, les clientes et les clients pouvaient assister à des défilés de mode dans le foyer-promenoir.
La valeur patrimoniale du restaurant de l'Île-de-France repose également sur son association avec le grand architecte français Jacques Carlu (1890-1976). Récipiendaire du Grand Prix de Rome en 1919 (la plus haute distinction attribuée à un élève de l'École des beaux-arts de Paris), il occupe un poste de professeur d'architecture au Massachussetts Institute of Technology de 1924 à 1933 et dirige l'École d'art américaine de Fontainebleau environ au même moment. Figurant parmi les maîtres de l'Art déco, il est considéré comme le représentant de l'architecture moderne française en Amérique. Carlu y connaît en effet une grande fortune critique. La publication de ses projets et réalisations dans certaines des meilleures revues étasuniennes spécialisées en architecture et en design, comme « The Architectural Record » et « Pencil Point », en témoigne. Sa réalisation la plus connue est le palais de Chaillot à Paris érigé à l'occasion de l'exposition universelle de 1937. Il est aussi reconnu pour la qualité de ses aménagements intérieurs, et notamment pour celui du restaurant de l'Île-de-France.
La valeur patrimoniale du restaurant de l'Île-de-France repose en outre sur son authenticité et son bon état de conservation. Essentiellement, il présente encore l'aspect qu'il avait lors de son ouverture en 1931. La plupart des matériaux d'origine ont été conservés, notamment le plancher du foyer en marqueterie de chêne et de noyer ainsi que les marbres des piliers et des murs.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Character-Defining Elements
Les caractéristiques architecturales du restaurant de l'Île-de-France liées au style Art déco incluent, notamment :
- ses éléments classiques, dont le plan symétrique de la salle à manger, du corridor et des espaces connexes, les seize piliers de marbre distribués régulièrement de part et d'autre de la nef ainsi que l'architrave;
- ses éléments reflétant la modernité, dont les garde-corps en acier satiné, le plancher en linoléum bicolore, les fenêtres en longueur dans le bandeau de l'architrave, les ornements géométrisés ainsi que le fini des plafonds et des murs des salons privés.
Les caractéristiques du restaurant de l'Île-de-France liées à la valeur d'authenticité incluent, notamment :
- ses divisions originales, dont le foyer-promenoir, la grande salle à manger et les alcôves;
- ses matériaux, comme le marbre importé de France, les marbres verts et noirs des Pyrénées et de Belgique ainsi que le chêne et le noyer du plancher du foyer;
- ses couleurs d'origine.