Description of Historic Place
Le calvaire du Cordon, classé monument historique, est un ensemble religieux représentant la crucifixion du Christ datant de 1838. Ce calvaire est composé d'un Christ en croix et d'un édicule. Le Christ en bois sculpté polychrome est vêtu d'un « perizonium » bleu et est retenu à la croix par trois clous, les pieds étant superposés. La croix en bois, peinte de couleur jaune or, se termine à chaque extrémité par une fleur de lys rouge et bleu. L'inscription I.N.R.I. apparaît sur une pièce de bois sculptée en forme de parchemin (le « titulus ») posée au-dessus de la tête du Christ. L'édicule en bois de plan carré, peint en blanc, est fermé sur trois côtés et coiffé d'un toit à deux versants droits avec pignon en façade. Le fronton avant, qui porte la date de construction, est ornementé et flanqué d'acrotères. Le calvaire du Cordon est situé en bordure d'une route de campagne, dans la municipalité de Saint-Rémi.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du calvaire du Cordon relève de son intérêt ethnologique. Les calvaires sont érigés en bordure des routes pour des motifs variés, tels que protéger une localité ou commémorer un événement. Ils appellent à la dévotion et, devant lui, les passants se signent, saluent, soulèvent leur chapeau ou encore s'arrêtent pour une prière. Il sert également de lieu de rassemblement populaire et, en région éloignée, remplace parfois l'église. À Saint-Rémi, par exemple, en avril ou en mai de chaque année, peu après les semences, les paroissiens y faisaient une neuvaine; cette coutume s'est perpétuée jusque dans les années 1960. Les calvaires existent en Europe depuis le Moyen Âge et sont plus particulièrement répandus en Bretagne. L'importance du sujet de la crucifixion est telle pour les chrétiens que la scène a été détachée de la représentation du chemin de croix et traitée isolément.
La valeur patrimoniale du calvaire du Cordon relève également de son intérêt iconographique et esthétique. Le calvaire est une représentation de la douzième station du chemin de croix, soit celle de la crucifixion. Le modèle le plus répandu au Québec est celui représentant le Christ mort (les yeux fermés), vêtu d'un « perizonium » et suspendu à la croix par quatre clous. Le calvaire du Cordon diffère de cette description par les trois clous qui retiennent le Christ à la croix, les pieds étant superposés plutôt que côte à côte. L'attitude du Christ et ses proportions reflètent une influence de l'art espagnol. L'auteur de cette sculpture reste inconnu. Par ailleurs, l'édicule est l'oeuvre de Louis Narbonne (1809-1863), élève de l'école de Louis-Amable Quévillon (1749-1823). Il s'agit du seul édicule connu à être l'oeuvre d'un sculpteur de métier. Son ornementation, comprenant des rouelles, des fusées et huit glands suspendus à l'entablement, rappelle des motifs utilisés dans le mobilier de cette époque. Enfin, une girouette représentant un coq, symbolisant le coq de la trahison de saint Pierre, est fixée au faîte du toit.
La valeur patrimoniale du calvaire du Cordon relève aussi de son intérêt historique. Son érection est directement liée aux événements qui suivent les rébellions de 1837 et de 1838. Le sculpteur Louis Narbonne réalise bénévolement l'édicule, espérant ainsi intercéder auprès de Dieu pour la libération de son frère aîné, le patriote Pierre-Rémi Narbonne (1803-1839). Enfermé à la prison du Pied-du-Courant à Montréal, ce dernier sera malgré tout exécuté l'année suivante.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Character-Defining Elements
Les caractéristiques liées à la valeur ethnologique du calvaire du Cordon incluent, entre autres :
- sa situation en bordure d'une route de campagne.
Les caractéristiques liées à la valeur esthétique et iconographique du calvaire du Cordon incluent, entre autres :
- les éléments du Christ en bois sculpté, dont les yeux clos, le « perizonium » bleu noué à la taille, les pieds superposés et les trois clous le retenant à la croix;
- les éléments de la croix en bois, dont sa couleur jaune or, les fleurs de lys rouge et bleu à chaque extrémité et le « titulus » en bois (inscription I.N.R.I sur une plaquette en forme de parchemin);
- les éléments de l'édicule, dont le plan carré, les trois côtés fermés, le revêtement en planches à clins peint en blanc, le fronton en façade orné de denticules et soutenu par deux pilastres, la date de construction au centre du fronton, les huit glands suspendus à l'entablement décoré de rouelles et de fusées ainsi que les acrotères;
- la girouette en forme de coq sur le faîte du toit.