Description of Historic Place
La maison des Jésuites-de-Sillery, classée en 1929, est une ancienne maison de ferme érigée à une date indéterminée entre 1702 et 1733. Cette demeure en pierre de plan rectangulaire est recouverte d'un crépi. D'un étage et demi à l'origine, elle a été exhaussée d'un étage en façade et présente un toit asymétrique à deux versants droits. Une annexe en bois, coiffée d'un toit à croupe, est greffée au mur pignon ouest. La désignation comprend aussi le vaste terrain. La propriété, qui borde de part et d'autre le chemin du Foulon, inclut un monument commémoratif. Elle est située entre le fleuve Saint-Laurent et l'escarpement de Sillery, dans l'arrondissement municipal de Sainte-Foy-Sillery de la ville de Québec. Un site archéologique amérindien et euroquébécois est associé au lieu et des vestiges de la mission Saint-Joseph et de constructions de diverses périodes sont intégrés à l'aménagement.
La maison des Jésuites-de-Sillery fait partie de l'arrondissement historique de Sillery.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison des Jésuites-de-Sillery repose sur son intérêt historique. Elle occupe l'emplacement de la première maison de la mission Saint-Joseph, fondée en 1637 par les missionnaires jésuites pour évangéliser et sédentariser les Amérindiens et considérée comme la première réduction amérindienne en Amérique du Nord. La maison des Jésuites-de-Sillery, construite à une date indéterminée entre 1702 et 1733, était destinée à servir de maison de ferme et de repos pour les Jésuites, qui à cette époque réorientent leurs activités et transforment la mission en domaine agricole. Après la Conquête (1760), elle est louée par les Jésuites à certains membres de l'élite britannique de Québec, dont John Brooke (vers 1709-1789), aumônier anglican de la garnison. Son épouse, Frances Moore Brooke (1724-1789), écrit durant son séjour le premier roman canadien, intitulé « The History of Emily Montague » et publié à Londres en 1769. Au XIXe siècle, la maison est successivement acquise par deux marchands de bois qui ont leur commerce dans les anses de Sillery, Henry LeMesurier (1791-1861) et Richard Reid Dobell (1837-1902). En 1948, elle devient musée. Par son ancienneté et l'importance de ses occupants, la maison des Jésuites-de-Sillery est considérée comme un lieu symbolique de l'histoire du Québec.
La valeur patrimoniale de la maison des Jésuites-de-Sillery repose aussi sur son intérêt architectural. Cette maison d'inspiration française en pierre de grès a été modifiée en 1765 par le négociant John Taylor Bondfield dans l'esprit palladien. La façade a alors été exhaussée d'un étage en attique, ce qui explique l'asymétrie du toit. Le mur arrière a aussi été rehaussé, probablement lors de la restauration. L'apparence extérieure du bâtiment n'a guère changé depuis les modifications apportées par Bondfield, les travaux de restauration lui ayant redonné l'aspect qu'il avait au milieu du XVIIIe siècle. L'annexe du côté ouest, construite en 1801, servait de cuisine d'été. Elle a toutefois connu divers usages et subi de nombreuses transformations. L'espace intérieur de la demeure conserve plusieurs éléments anciens, dont des boiseries du XVIIIe siècle. La maison des Jésuites-de-Sillery, témoin de trois siècles d'architecture, constitue l'une des plus anciennes maisons d'inspiration française au Québec, malgré ses éléments caractéristiques de l'architecture palladienne.
La valeur patrimoniale de la maison des Jésuites-de-Sillery repose également sur son intérêt archéologique. L'occupation de Sillery remonte à plus de 3 000 ans. Ce lieu est alors fréquenté par les Amérindiens pour la pêche, la chasse, le troc et la fabrication d'outils de pierre. Le terrain de la maison des Jésuites-de-Sillery contient des vestiges de la mission Saint-Joseph, dont ceux des maisons antérieures construites en 1637 et 1660, de la chapelle Saint-Michel (1647), des fortifications (1649) et du premier cimetière amérindien catholique en Amérique du Nord (XVIIe siècle). Dès 1869, le terrain est l'objet de fouilles, devenant ainsi l'un des premiers sites archéologiques de la région de Québec. Depuis, plus de 10 000 artefacts et écofacts ont été recueillis. La maison et son terrain témoignent donc de l'histoire de ce lieu depuis le XVIIe siècle.
La valeur patrimoniale de la maison des Jésuites-de-Sillery repose par ailleurs sur son intérêt pour l'histoire de la conservation du patrimoine québécois. Cette maison, classée en 1929, est l'un des deux premiers immeubles protégés par le gouvernement de la province de Québec en vertu de la Loi relative à la conservation des monuments et des objets d'art ayant un intérêt historique ou artistique, ancêtre de l'actuelle Loi sur les biens culturels. Elle rappelle ainsi un geste pionnier pour la conservation du patrimoine québécois.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de la maison des Jésuites-de-Sillery liés à son intérêt historique et archéologique comprennent, notamment :
- l'importance stratégique du lieu, dont la situation au fond de l'anse Saint-Joseph, entre le fleuve Saint-Laurent et l'escarpement de Sillery, dans l'arrondissement historique de Sillery;
- la proximité du chemin du Foulon;
- les vestiges des maisons antérieures (1637 et 1660), de la chapelle Saint-Michel (1647), des fortifications (1649) et du cimetière amérindien (XVIIe siècle);
- le potentiel archéologique du site;
- le monument commémoratif;
- la présence d'un puits et d'un four à pain;
- le vaste terrain aménagé en jardin historique.
Les éléments clés de la maison des Jésuites-de-Sillery liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages et demi en façade et d'un étage et demi à l'arrière ainsi que le toit à deux versants asymétriques;
- ses matériaux, dont la pierre de grès pour les murs, la pierre calcaire taillée pour les ouvertures et les angles, la brique pour les foyers ainsi que le bardeau de cèdre pour le toit;
- ses caractéristiques rattachées à la maison d'inspiration française, dont le crépi, la forte pente du versant arrière du toit et la disposition asymétrique mais régulière des ouvertures du mur arrière;
- ses caractéristiques inspirées de l'architecture palladienne, dont la composition presque symétrique de la façade, la disposition régulière des ouvertures, celles de l'étage étant traitées en attique, ainsi que la porte centrale surmontée d'une imposte et entourée d'un portail en bois composé d'un entablement supporté par des pilastres;
- ses ouvertures, dont les fenêtres à grands carreaux à battants et à persiennes, les chambranles en bois, les lucarnes engagées (mur arrière), la lucarne à pignon du versant arrière du toit et la porte arrière à carreaux et imposte vitrée;
- les cheminées dans les murs pignons;
- ses caractéristiques intérieures, dont les boiseries, les trois foyers en brique aux manteaux en bois ouvragés, les murs crépis, le plafond du rez-de-chaussée enduit de plâtre et celui de l'étage assemblé à couvre-joints;
- la charpente de la toiture de type à fermes portant pannes, la panne faîtière supportée par des poinçons reliés aux faux entraits et le contreventement assuré par des pièces de bois posées en diagonale;
- l'annexe en planches à clins coiffée d'un toit à croupe couvert de bardeaux de cèdre.