Description of Historic Place
Le site archéologique de la Rive-Ouest-de-la-Blanc-Sablon, classé en 1989, est un lieu occupé depuis 9000 ans par les Amérindiens, Paléoesquimaux et Euroquébécois, et utilisé pour la pêche. Ce lieu est formé d'une succession de terrasses de sable disposées en escalier de chaque côté d'une grande flèche littorale. Les terrasses s'élèvent sur une hauteur de 30 mètres et constituent d'anciens niveaux de plages marines et fluviales. La végétation est dominée par les mousses et les lichens. Ce site se trouve au coeur de la baie de Blanc-Sablon, du côté ouest de l'embouchure de la rivière du même nom, qui se jette dans le golfe du Saint-Laurent, près du détroit de Belle Isle, dans la municipalité de Blanc-Sablon. Ce lieu comprend 68 sites archéologiques inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site archéologique de la Rive-Ouest-de-la-Blanc-Sablon repose sur son intérêt historique. Ce lieu se caractérise par l'ancienneté, la diversité culturelle et la constance de son occupation humaine. Le site témoigne d'une séquence chronologique de 9000 ans, à partir de la venue des premiers groupes humains sur ce territoire. Les Amérindiens sont les premiers et principaux occupants du secteur (de 9000 ans avant aujourd'hui [AA] jusqu'au XIXe siècle). De nouveaux arrivants de l'Arctique viennent exploiter les ressources naturelles du milieu pendant plus d'un millénaire. Regroupés sous le vocable de Paléoesquimaux, ces visiteurs sont les Pré-Dorsétiens (2800 à 2200 ans AA) et les Dorsétiens (2200 à 1400 ans AA), deux groupes qui ont successivement occupé le territoire du Nunavik avant l'arrivée des Thuléens, ancêtres des Inuits actuels. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, les pêcheurs basques, normands et bretons pratiquent la pêche dans la région de Blanc-Sablon. Pendant le Régime français, le site fait partie de la concession en privilège accordée en 1702 à Augustin Le Gardeur de Courtemanche (1663-1717), négociant de Québec, capitaine dans la garde du gouverneur et nommé commandant de la côte du Labrador en 1714. Les Inuits du Labrador font aussi régulièrement des incursions dans le détroit de Belle Isle à la même époque. Pendant les XIXe et XXe siècles, c'est au tour des compagnies jersiaises et terre-neuviennes de pêcher dans la région de Blanc-Sablon. En 1834, la William Fruing and Company fonde un poste de pêche sur l'emplacement du site actuel. Ce poste demeure en fonction jusqu'au début du XXe siècle. Au Québec, rares sont les lieux ayant révélé une aussi longue séquence d'occupation et une telle concentration d'établissements humains témoignant des nombreux groupes culturels à y avoir vécu durant neuf millénaires.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur son intérêt archéologique et anthropologique. Il s'agit d'un lieu clé pour comprendre l'adaptation des modes de vie de multiples groupes humains de la préhistoire à un environnement maritime. Le littoral de Blanc-Sablon regorge d'une faune riche et convoitée (mammifères marins, poissons, mollusques et oiseaux) constituant la principale ressource alimentaire et ayant fait de cet endroit un emplacement privilégié pour l'occupation humaine. L'étude des vestiges, artefacts et restes fauniques a permis de documenter les modes d'appropriation du territoire, les techniques architecturales, les habitudes alimentaires et les activités quotidiennes. Étant donné les neuf millénaires d'occupation du lieu, ces différentes stratégies d'adaptation aux ressources de la mer peuvent ainsi être comprises dans une perspective évolutive selon les époques et les groupes culturels. De plus, par sa situation en bordure d'une rivière navigable et du détroit de Belle Isle, l'endroit est facilement accessible depuis la côte atlantique et l'intérieur des terres du Québec et du Labrador. Cette situation confère à cet emplacement un rôle stratégique, qui le place ainsi au carrefour de vastes réseaux de communication et d'échanges. Les données acquises par l'étude des sites du périmètre protégé sont des balises très importantes pour caractériser les occupations préhistoriques de ce territoire. Elles permettent de mettre en lumière l'évolution des activités quotidiennes durant neuf millénaires et d'en comprendre l'adaptation à un écosystème maritime. Il s'agit donc d'un ensemble de sites clés constituant une référence de premier plan pour les archéologues.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt scientifique. Des portions importantes demeurent intactes rendant ainsi son potentiel de recherche extrêmement élevé. Ce site est donc d'une grande importance pour la poursuite de la connaissance sur la préhistoire.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du site archéologique de la Rive-Ouest-de-la-Blanc-Sablon comprennent, entre autres :
- sa situation à l'embouchure ouest de la rivière de Blanc-Sablon, de part et d'autre d'une flèche littorale, dans le détroit de Belle Isle;
- son contexte naturel, dont les terrasses sablonneuses et la végétation;
- les 68 sites archéologiques connus;
- l'importante portion résiduelle, comprenant les niveaux de sol, les objets et les vestiges enfouis, propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.