Description of Historic Place
Le calvaire de Saint-Augustin, cité monument historique, est un monument religieux de tradition catholique. Érigé vers 1899, il se compose d'une croix en fer forgé, de statues en bois du Christ et de la Vierge ainsi que d'une représentation en ciment de saint Jean. L'ensemble est abrité sous un édicule en tôle coiffé d'un toit à deux versants à larmiers retroussés. Il est implanté sur un terrain au relief peu accusé, dans le cimetière paroissial de la municipalité de Saint-Augustin.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du calvaire de Saint-Augustin repose sur son intérêt ethnologique. Il témoigne du courant de dévotion envers les images du Christ souffrant ou mort. L'intérêt grandissant des fidèles pour les expressions dramatiques de la Passion, de la crucifixion, de l'« Ecce Homo » et de la « Pietà » suscite l'érection de nombreux calvaires extérieurs à partir de la fin du Régime français. Ceux-ci se substituent parfois aux croix de chemin simples ou aux croix avec instruments de la Passion à partir des années 1850. Ils sont souvent utilisés pour la prière et le recueillement, notamment lors de certaines fêtes. Le Christ en croix y est représenté dans certains cas avec d'autres personnages liés à la crucifixion. Le calvaire de Saint-Augustin est érigé vers 1899 sur la propriété de la veuve d'Eugène Roy. Celle-ci recueille des fonds dans le diocèse pour faire élever le monument. Il est considéré comme un gage de protection et comme un acte de réparation pour les blasphèmes proférés dans les chantiers de la rivière Péribonka. Le monument comporte à l'origine les sculptures en bois représentant le Christ en croix et la Vierge. En 1939, une statue de saint Jean en ciment y est ajoutée. Ce calvaire évoque d'anciennes dévotions populaires et constitue un élément significatif du patrimoine religieux québécois.
La valeur patrimoniale du calvaire de Saint-Augustin repose également sur son intérêt artistique. Il est constitué d'un Christ et d'une Vierge réalisés vers 1899 par Henri Angers (1870-1963). Celui-ci compte parmi les derniers statuaires traditionnels du Québec. Angers est formé par le sculpteur Louis Jobin (1845-1928). Il va parfaire sa formation durant deux ans à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, en Belgique. L'artiste revient au Québec en 1897. Il est l'auteur de nombreuses statues et pièces de mobilier destinées aux églises catholiques. Les oeuvres du calvaire de Saint-Augustin s'inscrivent dans sa production à son retour d'Europe. Elles sont taillées dans un seul morceau de bois, à l'exception des bras du Christ. L'intérieur de la Vierge a été évidé afin d'éviter les fissures. La croix en métal est vraisemblablement réalisée en 1899 par le forgeron Cyrice Dufour. En outre, la représentation en ciment de saint Jean est fabriquée par Petrucci et Carli. Elle rappelle la place croissante occupée par les grands ateliers dans la production statuaire au Québec au cours des premières décennies du XXe siècle.
La valeur patrimoniale du calvaire de Saint-Augustin repose aussi sur son intérêt historique. Il témoigne de l'histoire de la pointe Taillon. L'endroit, situé à l'embouchure de la rivière Péribonka, est occupé à partir de la dernière décennie du XIXe siècle par quelques agriculteurs. La propriété où s'élève le calvaire est acquise en 1905 par Paul-Auguste Normand. Ce Français met sur pied une ferme modèle, pour laquelle il obtient divers prix. L'ensemble passe ensuite entre les mains d'Auguste Gagné, maire et préfet de comté. En 1926, la fermeture des vannes de la nouvelle centrale électrique d'Isle-Maligne entraîne l'inondation des meilleures terres des environs. Les habitants du village de Jeanne-d'Arc, sur la pointe Taillon, sont alors forcés à quitter les lieux. Joseph Boulianne, alors propriétaire du calvaire, s'établit à Saint-Augustin et y installe les statues. En 1950, elles sont placées dans le cimetière paroissial. L'ensemble rappelle les origines de la pointe Taillon et la tragédie vécue par la population en 1926.
Source : Municipalité de Saint-Augustin, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du calvaire de Saint-Augustin liés à son intérêt ethnologique et artistique comprennent, notamment :
- la sculpture en bois du Christ en croix, dont le rendu réaliste de l'anatomie, la tête penchée sur l'épaule gauche, les yeux fermés, les pieds cloués côte à côte sur le « suppedanum » (support sous les pieds), le traitement du « perizonium » ajusté autour de la taille et noué du côté droit;
- la sculpture en bois évidée de la Vierge, dont sa disposition à la droite du Christ, le traitement réaliste de la physionomie et des drapés ainsi que les mains jointes au niveau de la taille;
- la statue en ciment de saint Jean, dont sa disposition à la gauche du Christ, la base, le traitement réaliste de la physionomie et des drapés ainsi que les mains jointes au niveau de la poitrine;
- la croix en fer forgé;
- l'édicule, dont le plan carré, le toit à deux versants à larmiers retroussés, l'ouverture sur un côté et la corniche curviligne.
Les éléments clés du calvaire de Saint-Augustin liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain au relief peu accusé, dans le cimetière paroissial.