Description of Historic Place
Le site archéologique des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave, classé en 2008, est un lieu utilisé pour la transformation des produits de la chasse aux mammifères marins. D'une superficie d'un hectare, le site s'étend sur quelque 300 mètres en bordure de l'anse à la Cave. Délimité par la ligne naturelle des hautes eaux du fleuve, le site couvre une partie de la pointe rocheuse qui se referme sur l'anse du côté sud et est. Protégé des vents, l'emplacement est bordé par une fosse marine qui permet aux baleines de passer tout près du rivage. Il offre un environnement riche et propice à l'établissement humain ainsi qu'un excellent poste d'observation et de capture des cétacés. Les vestiges proviennent de deux occupations basques distinctes, la première remontant à la fin du XVIe siècle et la deuxième datant du XVIIIe siècle. Deux fours en pierre ont été dégagés. Le premier, sur la pointe, est un ouvrage ovale comportant deux foyers, tandis que l'autre, dans l'anse, prend la forme de trois foyers juxtaposés linéairement. Entre les deux, les vestiges d'un bâtiment sont présents sur un replat partiellement boisé. Le site DbEi-5 est inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec. Il se trouve dans la municipalité de Les Bergeronnes et borde le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.
Les biens archéologiques du site des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave ont également été classés en 2008.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site repose sur son intérêt pour l'histoire des pêcheries au Québec. Les Amérindiens fréquentent le lieu de façon intensive avant l'arrivée des Européens, notamment pour y chasser le phoque. Par la suite, des baleiniers basques y séjournent à deux moments distincts, soit à la fin du XVIe siècle (entre 1580 et 1630) et au XVIIIe siècle (vers 1733 jusque vers 1737). Au XVIe siècle, en raison de la raréfaction des ressources, les morutiers et les baleiniers européens qui exploitent le détroit de Belle-Isle sont contraints de pénétrer dans le golfe du Saint-Laurent. Entre 1584 et 1600, une quinzaine de navires basques sont armés pour se rendre au « Canada ». L'anse à la Cave témoigne de leur présence à proximité de l'embouchure de la rivière Saguenay, un lieu de prédilection pour les mammifères marins à cause de la richesse de la biomasse. Quoique la capture des baleines et la fonte de leur graisse constituent les principales activités des navigateurs basques, ils s'adonnent aussi à la chasse au phoque de même qu'à la pêche à la morue et au saumon. L'endroit, à la croisée de plusieurs réseaux commerciaux amérindiens, est étroitement associé au commerce des fourrures. La traite des fourrures s'ajoute donc aux revenus de leurs expéditions. Avec l'avènement du système des monopoles, la première occupation basque prend fin dans la première moitié du XVIIe siècle. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour voir le retour des baleiniers basques à l'intérieur des eaux du fleuve Saint-Laurent, à l'initiative des trois frères Darragory. De 1730 à 1737 environ, ils établissent et utilisent intensivement les installations de l'anse à la Cave. Après leur passage et jusqu'au XXe siècle, le lieu continue d'être fréquenté pour la chasse et la pêche; des chasseurs de phoque et de sauvagine tireront entre autres profit de la présence des fours basques. Ce site rappelle donc un épisode méconnu de l'histoire des pêcheries dans le fleuve Saint-Laurent.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur son intérêt archéologique. Il s'agit de l'un des plus importants sites basques découverts à ce jour au Québec. L'emplacement, en bordure d'une fosse marine et protégé des vents dominants, comprend plusieurs vestiges associés aux deux moments de la présence basque. Sur la pointe autrefois fréquentée par les Amérindiens, se trouvent les restes d'un four et d'un bâtiment rattachés à la première occupation. Le four ovale en pierre comporte deux foyers et est jouxté d'une structure en bois vraisemblablement utilisée comme plate-forme de travail et de manutention. Le bâtiment rectangulaire en bois et doté d'une annexe a principalement servi d'aire domestique et de travail, notamment pour l'assemblage des tonneaux et pour la forge. C'est le seul bâtiment basque découvert à ce jour dans l'estuaire du Saint-Laurent. La structure était couverte d'un toit de tuiles en terre cuite. À l'intérieur de l'anse, un four en pierre formé de trois foyers juxtaposés linéairement évoque la seconde occupation. Très peu de sites témoignent de la présence basque au Québec, et celui de l'anse à la Cave compte plusieurs composantes remarquables dont certaines sont uniques.
La valeur patrimoniale du site repose sur son intérêt scientifique. L'intégrité du site, la quantité et le bon état de conservation des vestiges ainsi que la qualité des fouilles ont permis d'expliquer la présence basque dans l'estuaire du Saint-Laurent. En effet, les données renseignent sur le mode d'adaptation des Basques à l'estuaire du Saint-Laurent, l'organisation spatiale de leur établissement, la chronologie, les activités reliées à la chasse à la baleine (dont les techniques d'acquisition et de transformation) et les activités connexes (alimentation, repos, pêche, traite). Il s'agit du plus important site de référence pour la connaissance de l'occupation basque au Québec.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009
Character-Defining Elements
Les éléments clés du site archéologique des Basques-de-l'Anse-à-la-Cave liés à son intérêt historique et scientifique comprennent, notamment :
- sa situation stratégique dans l'estuaire du Saint-Laurent, à proximité d'une importante fosse marine;
- les vestiges de foyers et d'aires de combustion;
- le potentiel archéologique du lieu.
Les éléments clés du site liés à l'occupation basque comprennent, notamment :
- les éléments de la première occupation sur la pointe rocheuse, dont une structure en maçonnerie de pierre de forme ovale avec deux foyers interprétée comme un four pour fondre la graisse de mammifères marins, les restes d'une plate-forme en bois à l'arrière du four avec plusieurs fragments de tuiles et les témoins de combustion ainsi que les vestiges (charpente en bois, trous de pieux et pierres servant à les caler, fragments de tuiles) d'un bâtiment rectangulaire orienté nord-est sud-ouest (comprenant les restes d'une annexe et d'un foyer au coin sud-ouest, une base d'une aire de travail, un aménagement en pierre et en gravier de même que les restes probables d'une cheminée);
- les éléments de la seconde occupation à l'intérieur de l'anse, dont la structure en maçonnerie de pierre de forme allongée à triple foyers interprétée comme un four servant à la fonte de la graisse de mammifères marins ainsi que l'aménagement en pierre avec des témoins de combustion associé à une aire de travail ou à un usage domestique.